Ce mercredi 7 mai 2014, le Président de l’UFR, M. Sidya Touré a rencontré ses militants, sympathisants et la communauté guinéenne de Paris. Parlant de la candidature unique de l’opposition à la présidentielle de 2015, le leader de l’UFR, selon le site officiel de son parti aurait déclaré : ‘‘C’est un débat de la société civile guinéenne. Les partis politiques ne se sont pas encore emparés de cette question. Il s’agit de recueillir un consensus possible, de faire en sorte qu’il n’y ait pas de débat en 2015.’’
Trou de mémoire ? Peut-être. En tout cas beaucoup se souviennent que cette idée a été émise pour la première fois par M. Sidya Touré, c’était en Janvier dernier dans les studios de Lynx FM. En ce moment le sujet à la Une était la ‘‘candidature consensuelle’’ de l’opposition pour briguer la présidence de l’Assemblée.
‘‘ L’alternance au pouvoir en 2015 passe nécessairement par la candidature unique. Chacun de nous doit réfléchir à la manière dont on peut gagner les élections en 2015 que ça soit avec moi ou Cellou Dalein Diallo ou quelqu’un d’autre de l’opposition. L’essentiel pour nous, c’est d’avoir une candidature consensuelle pour qu’Alpha Condé comprenne qu’il ne peut pas gagner les élections présidentielles. Car si pendant 10 ans la gestion de notre pays est telle que nous l’avons vécue en trois ans du régime Alpha Condé, il ne restera plus grand-chose de notre pays en 2020’’, avait indiqué Sidya Touré.
Comme pour appuyer les propos de M. Touré, Ibrahima Bangoura, député, fidèle parmi les fidèles du patron de l’UFR, un mois plus tard s’était lancé aussi dans le débat à travers le site officiel du parti : » Si à la présidentielle de 2010 il n’y avait pas deux blocs politiques opposés tel n’est plus le cas. Cette fois-ci, il y a une mouvance et une opposition. Il va de soi que si nous voulons nous positionner pour affronter sérieusement le pouvoir en 2015 et gagner, il faudrait que l’opposition présente un seul candidat. »
Pourquoi alors Sidya Touré veut que cette idée de candidature unique de l’Opposition vienne d’une certaine société civile (sa société civile ?).
En tout cas comme pour répondre à son collègue de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, le chef de file de cette opposition parlant de la proposition de Sidya Touré avait déclaré dans la presse : ‘‘beaucoup d’avis ont été émis par rapport à cette question. Certains sont favorables à une candidature unique, je crois, c’est le cas de Sidya Touré parce que je l’ai écouté défendre cette thèse à la radio. Mais au sein de l’opposition, nous n’en avons jamais parlé. Il n’y a eu jamais de débat au cours des multiples réunions de l’opposition sur cette question. Pour moi, à l’UFDG, on ne s’est pas encore prononcé. Peut-être on va examiner le problème.’’
Et d’ajouter ce qui sans nul doute a fait déchanter le leader de l’UFR: ‘‘en général, il est très difficile d’obtenir la candidature unique dans les oppositions africaines parce qu’il s’agira de trouver le parti le mieux placé pour présenter le candidat unique. Or, quand on rentre dans cet exercice, on se heurte à d’énormes difficultés.’’ Les arguments de Cellou Dalein ? ‘‘Parce que chaque parti pense qu’il est mieux placé. Alors, quel va être le critère de choix du candidat unique ? D’aucuns vous diraient l’UFDG compte tenu de son poids devrait fournir le candidat unique. Peut-être que d’autres utiliseraient d’autres critères, qui pourraient favoriser leur parti. Moi, pour l’instant, au niveau de l’UFDG, nous n’avons pas eu de prises de positions par rapport à cette question’’.
Cellou Dalein, à l’époque, rappelle que ‘‘si c’est possible de trouver un consensus pour présenter le candidat le mieux placé en raison du poids politique du parti, tant mieux mais si tel n’est pas le cas, en ce moment, tout le monde va au premier tour…’’ Voilà qui est clair.
En réalité, disons-le entre nous, une candidature unique de l’opposition minée par des guerres d’intérêts et d’égo est-elle possible ? Un Cellou Dalein peut-il céder pour Sidya Touré et vice-versa ?
Sidya Touré favori des pronostics (dans le cadre d’une candidature unique) aura absolument du mal à convaincre Cellou Dalein. Pour la simple raison qu’un Sidya Touré au pouvoir-c’est juste une supposition- ne le quittera qu’après deux mandats. Et Dalein sera où et comment au bout de dix ans ? Cependant Dalein est sûr qu’il ne reste que cinq ans –s’il gagnait 2015-pour Alpha Condé. En acceptant une candidature de Sidya Touré, Dalein aura donc à faire le choix entre attendre cinq ans et attendre dix ans…
Sidya boosté par l’idée populaire selon laquelle seul lui peut battre Alpha Condé à une élection ne lâchera pas prise. Il faut dès maintenant se positionner. Il connait bien cette pensée ivoirienne qui dit qu’ ‘‘en même temps est mieux’’. Il lui faut donc mettre toutes les chances de son côté y compris associer la société civile, ou du moins sa société civile.
Aziz Sylla