Après une communication sur les dossiers brulants de son département lors du dernier Conseil des ministres, le ministre d’Etat des Postes, télécommunications et TIC s’est vu imposé par le Conseil une ‘‘Commission interministérielle pour réexaminer la présentation du dossier Sotelgui’’.
C’est certainement une façon très diplomatique de dire au ministre Oyé qu’il a mal géré ce dossier qui se perd dans les fibres de son ministère. D’ailleurs selon une source c’est aussi la position défendue chez le chef de l’Etat par les syndicalistes qui menacent ces jours-ci d’aller en grève.
L’Etat qui ouvrait ses caisses aux travailleurs de la Sotelgui pendant des mois, les a fermées il y a onze mois. C’est dire que depuis près d’un an ils ne sont pas payés. Cependant, auraient fait remarquer les syndicalistes, les installations de l’opérateur historique de la téléphonie dispose des installations qui utilisées à bon escient peuvent lui apporter des ressources pour qu’il puisse ne serait-ce que faire face au salaire des travailleurs.
De quoi s’agit-il ? Le câble sous-marin a atterri en Guinée depuis bientôt un an. Théoriquement cet ouvrage technique est censé connecté la Guinée à l’Internet haut débit. Mais jusque-là le dispositif peine à fonctionner parce que, selon nos enquêtes, les autorités des Télécommunications guinéennes (Ministère et ARPT) n’ont pas fini de mettre au point des structures parallèles indépendamment des intérêts de l’Etat pour gérer ce câble sous-marin.
En effet, la Sotelgui est la seule entreprise en Guinée pourvue d’installations souterraines à Conakry et dans les capitales régionales capables de conduire ces câbles à fibres optiques à travers. La location de ces installations souterraines -qui ceinturent la ville de Conakry sur 70 km-, par des autres sociétés de téléphonies et d’autres grosses entreprises aurait permis à l’Etat guinéen via la Sotelgui d’avoir accès à une importante manne financière.
‘‘Malgré tout cela le ministère des Postes et Télécommunications et l’ARPT ont préféré demander à une société dénommée SODIACOM de passer des contrats avec l’ensemble des opérateurs de téléphonie mobile et des fournisseurs d’accès à internet afin de creuser de nouvelles tranchées à travers la ville de Conakry et ainsi assurer le transport de capacité de Kipé (point d’atterrissement du câble sous-marin) vers leurs différents points de connexion. Au détriment de l’Etat guinéen’’, accuse un technicien de la Sotelgui.
Pire, le ministre Oyé avait tambour battant annoncé l’acquisition d’un prêt de 50 millions de dollars près de Eximbank (banque chinoise) pour relancer la Sotelgui avant la fin de l’année 2014. Nous entamons la deuxième moitié de l’année, jusque-là mystère et boule de gomme.
D’ailleurs de nombreux observateurs voient l’implication trop poussée du ministre des Télécoms dans un dossier déjà sur la table d’une juge. Car depuis aout 2013, la Sotelgui est en redressement judiciaire. Le principe de séparation des pouvoirs voudrait que l’exécutif attende la fin de cette étape cruciale pour agir. Ce sera peut-être une des recommandations de la commission interministérielle mise en place lors du dernier Conseil des ministres. En tous les cas, le dossier Sotelgui file peu à peu entre les doigts de Oyé.
Un autre fait remarquable : Le directeur de la Sotelgui n’a pas été désigné lors des nominations des cadres du Ministère d’Etat des Postes, Télécommunications et des Technologies de l’Information. C’est tout dire.
Ibrahima S. Traoré