Censure

Conakry capitale mondiale du livre / Pr Djibril Tamsir Niane honoré par les écrivains guinéens

Élu personnalité du mois par la délégation de la Renaissance française, c’est dans un restaurant de la place que le Pr Djibril Tamsir Niane a été célébré, ce vendredi 2 février,  par ses pairs, amis et anciens étudiants.

À son actif plusieurs œuvres comme Soundjata ou l’épopée mandingue, Sikasso ou la dernière citadelle et des pièces de théâtre dont Kouroukan Fouga entre autres.

L’homme est détenteur de nombreuses distinctions, dont entre autres Chevalier puis Officier de l’Ordre national du Lion du Sénégal, Professeur honoraire des universités Howard (Washington DC), Sao Paolo (Brésil), Meiji (Tokyo), Docteur Honoris Causa en lettres et sciences humaines de Tuffts University (USA), médaille d’argent Avicenne de l’UNESCO, inscrit sur la liste des 2.000 intellectuels les plus marquants du siècle… De nombreux hommages venant principalement de ses anciens étudiants, parlant de lui avec amour et fierté, lui ont été rendus.

Pr Kadiatou Lamarana Barry témoigne : « Nous, ses premiers étudiants d’alors, nous étions jeunes, nous étions enthousiastes, c’était vraiment une icône, une idole, nous restons fiers de lui et nous suivons ses traces, puisque moi, je me retrouve encore à d’étudier et à donner des cours à l’université Général Lansana Conté ».

Bien qu’étant considéré et adulé par ses pairs comme « un véritable homme de culture », les uns et les autres n’ont pas tari d’éloges à son endroit, certains indiquant son « amour pour la transmission du savoir » et d’autres « sa sagesse ».

Cependant, il a été déploré qu’il n’ait jusqu’aujourd’hui reçu aucune distinction dans son propre pays.

Le président de l’Association des écrivains de Guinée, lui-même ancien étudiant du Pr Niane, Lamine Capi Kamara, compte bien impliquer sa structure pour rectifier le tir à ce niveau : « Vous avez du remarquer toutes les distinctions que le Pr Niane a obtenues à travers le monde entier, des Etats-Unis, au Japon, à Dakar et dans d’autres pays africains, mais vous avez dû remarquer qu’en Guinée, dans son pays natal, il n’a jusqu’à ce jour obtenu aucune distinction. Nous ferons en sorte que cela soit réparé de la meilleure manière, puisque nous introduisons une requête de ce côté, au niveau des pouvoirs publics, pour que cela soit corrigé. IL est vrai que nul n’est prophète en son pays, mais nous le ferons prophète ».

Face à cet état de fait, la présidente de la délégation de la Renaissance française, Mariama Satina Diallo Sy, n’a pas manqué d’exprimer sa déception : « Franchement, j’ai de la peine, quand je constate tout ce qui a été dit. Moi, je l’ai connu au Sénégal, il était très bien là-bas, bien installé, dans de beaux quartiers, bon boulot respecté et considéré. Il a préféré laisser tout cela pour revenir en Guinée, faire ce qu’il fait et écrire ce qu’il a écrit à partir d’ici, et que notre pays n’ait pas pu lui décerner une seule médaille, c’est vraiment dommage. Comme vous l’avez vu, l’objectif de la délégation française, c’est de promouvoir la culture et distinguer le mérite de leur vivant. Parce que nous trouvons dommage que c’est chaque fois au Palais du peuple, autour d’un symposium, qu’on donne des décorations à titre posthume aux Guinéens ; cela ne se passe que chez nous. Il faut qu’on ait des endroits où les Guinéens peuvent se réunir pour essayer de fêter les bonnes personnes. Nous sommes là aujourd’hui pour fêter le Pr Tamsir Niane, pour reconnaitre ses mérites, et comme l’a dit le président des écrivains, se battre par la suite pour que cela soit reconnu au plus haut niveau ; il n’y a pas quelqu’un qui mérite mieux que lui ».

Quant à l’écrivain célébré ce jour, il s’est réjoui de cette initiative qu’il a saluée en disant : « Je suis très heureux d’avoir été choisi comme auteur du mois ; je salue cette initiative de Conakry capitale mondiale du livre ».

Tout en rappelant que sa mission a été « de montrer avec preuves à l’appui, que l’Afrique avait une histoire, que la Guinée a une histoire, contrairement à ce qu’avançait le colon ; le livre transmet le savoir, donc il est important que le livre revienne ».

A noter qu’il lui a été remis une attestation, en attendant que le combat pour une reconnaissance nationale soit engagée.

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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