Depuis plusieurs jours déjà, la Guinée attend dans sa patience habituelle l’acte de tous les départs. L’attente se faisant longue, nos politiques se plaisent désormais à agiter du soufre dans l’air au grand inconfort du peuple. Agitation, brouhaha ou désordre, un lexique de ce genre sied parfaitement à décrire l’atmosphère qui a entouré l’organisation de l’anniversaire national, le 2 octobre passé. Ne voyant donc rien à l’horizon qui puisse soulager l’angoisse portée au pic, ma plume se convint d’avoir traversé une semaine toute houleuse.
Avec tout d’abord un pouvoir à la maline imagination fertile qui sait étaler son faux sérieux. C’est même un scénariste monteur de pièces taillées sur mesure de ses adversaires de l’opposition. J’en parle souvent en le rapprochant du marionnettiste qui tire des ficelles ou du machiniste qui ne s’étonne point du comportement des engrenages. Après trois ans de son règne, le pouvoir nous a finalement offert une élection. Le Président de la République a solennellement estimé que trois ans, c’était le temps qu’il fallait à la préparation du scrutin législatif.
Fait normal ou curieux, l’opposition guinéenne est la copie inversée du pouvoir. Elle se comporte à son égard comme à un jeu de poker. Elle étudie ses moindres actes et en prend toujours le contrepied ; elle n’est jamais d’accord. Ses positions qui frappent par leur extrémité, abasourdissent parfois tout le peuple qui n’y peut rien voir qu’un combat à buts voilés. Flouée, manipulée et déçue, elle a choisi de ne plus croire en rien… je pense qu’il lui arrive même d’avoir honte d’elle et de se sentir ridicule. Voilà pourquoi elle devient l’alarme qui se déclenche constamment, même à la moindre fausse alerte.
Pendant qu’à Conakry on se tiraille encore, à Nzérékoré se sont finalement tenues des célébrations qui s’annonçaient intenables. Nous pouvons nous réjouir de ce qu’elles ont été, sans heurts, mais aussi sans l’éclat des nouveaux édifices escomptés. Des tracas d’ampleurs échelonnées avaient englué l’opérationnalisation du projet, nous le savons et le disons sans fards. Une situation qui, auprès des fils de la région, commençait à déplaire et décrochait l’étiquette du sabotage qu’on soupçonnait dès les premières heures. Heureusement, la fête est finie, et nous devrions la retrouver l’an prochain à Labé… Je ne doute aucunement du rayonnement qu’elle aura là-bas, plus qu’ailleurs en Guinée. Le Président et son gouvernement savent pourquoi.
La semaine, c’était aussi la CENI, mais des confrères s’occupent déjà assez copieusement d’elle.
Ainsi par le service renouvelé de nos politiques, la semaine fut tumultueuse pour les Guinéens. Commerçants apeurés, population otage d’angoisse, politiques aux prises, en voici du triste sort guinéen. On espère pourtant, toujours, depuis 1958.
Au fil des années, nous avons appris de notre misère, et ça fonctionne bien. Je parle ici d’un mythe, du dogme qui sauve la Guinée : le contentement !