Depuis l’arrivée au pouvoir du Président guinéen Alpha Condé en 2010, ils se comptent du bout des doigts ceux qui, tant au niveau du Gouvernement, de l’Administration que du parti, le soutiennent ouvertement ou mouillent réellement le maillot pour lui.
Ils ne sortent leur nez que pendant les campagnes car là, il y a à boire et à manger
Politiquement, les campagnes électorales passées, alors qu’ils ont bénéficié de budgets colossaux pour cela, chacun se réfugie dans sa ruche dorée et laisse le Président encaisser les coups des violences post-électorales et de la grogne sociale. Ils sont nommés pourtant à des postes juteux, gèrent des régies financières, mais on ne les entend guère monter au créneau quand leur ‘’patron’’ est pris à partie par les syndicalistes et l’opposition. Ils ont pour la plupart leurs vrais patrons de qui ils reçoivent des directives et auxquelles ils obéissent aveuglement.
Ils sont membres du Gouvernement, de l’Administration et des partis alliés. Ils ne sortent leur nez que pendant les campagnes car là, il y a à boire et à manger. Ce qu’ils ont de commun chez le Président, c’est l’art de lui raconter des sornettes et des histoires à dormir debout du genre qu’ils maitrisent les jeunes et les populations de Kaloum, de Matam, de Matoto et, suprême mensonge, de Ratoma.
Et puisque, c’est connu, plus le mensonge est gros, plus il passe. Pour un moment en tout cas. Et même si le RPG est arrivé en tête lors de ces élections communales, ce scrutin a néanmoins rabattu le caquet à certains prétentieux en ce qui concerne la mobilisation. Et depuis, syndicalistes anarchistes et politiciens mènent la vie dure au pouvoir, non, à Alpha Condé. Et gare à ceux qui dans la mouvance présidentielle lèvent le doigt pour défendre le Président, à l’image d’un Malick Sankon, ils sont accusés de pyromanes, d’être le mauvais entourage du Chef.
Alors le Président replié sur lui-même, ses vrais défenseurs étant voués aux gémonies par la coalition tripartite (syndicat-opposition-membres de la mouvance), a été obligé de s’adresser à la nation pour appeler au calme et à l’apaisement. Et pourtant le moment n’était nullement arrivé au Président de se prononcer de manière aussi solennelle. En réalité la lutte inutile des clans à la Présidence depuis un certain temps explique la faiblesse de l’Etat.
Sinon à y examiner de près les revendications d’Aboubacar Soumah et son groupe ne pouvaient pas nous amener là. Ni d’ailleurs les bisbilles d’une opposition qui voudrait remettre en cause des décisions judiciaires. Cette coalition a été diaboliquement géniale, puisqu’elle a su mettre à l’écart les vrais partisans du Président pour rendre ce dernier vulnérable. Si l’on ajoute à cela le lynchage médiatique auquel quelques communicants du RPG tentent d’apporter la réplique, il est clair que 2020 est trop loin et qu’il faut déposer Alpha Condé ‘’ici et maintenant’’ (un terme cher à Soumah quand il réclame ces 40% ici et maintenant).
c’est l’autorité d’Alpha Condé qui est directement contestée consciemment ou inconsciemment dans son propre camp
Il est vrai que l’allure du cataclysme annoncé n’a pas encore lieu, mais elle n’est néanmoins pas l’épiphénomène que certains voudraient, et pose de manière brutale le mal-être de la mouvance et la nécessité d’en prendre toute la mesure si on veut éviter des surprises désagréables. Il ne s’agit nullement de pleurer sur le sort de la mouvance, encore moins de jouer aux «baby-sitters» ou aux conseillers occultes mais d’élever autant que faire se peut la voix dans le concert de celles qui sont soucieuses du devenir de notre démocratie et qui ont peur d’avoir décelé dans ces affaires de violences post-électorales et de crise sociale suffisamment de brindilles qui puissent provoquer de gigantesques incendies de la taille de celles qui ailleurs ont rempli des dizaines de tombes, voire de charniers.
Comment en effet comprendre que des partisans d’Alpha Condé se détestent au point de fouler au pied ses appels à l’union et à la solidarité pour l’aider à tenir ses promesses.
Il ne s’agit pas de balayer X ou Y ou d’incriminer les uns en dédouanant les autres, mais d’affirmer la primauté du Gouvernement sur les intérêts individuels
A la vérité, il faut se rendre à l’évidence que quelque part c’est l’autorité d’Alpha Condé qui est directement contestée consciemment ou inconsciemment dans son propre camp. On a beau user d’euphémismes c’est bien de cela qu’il s’agit et ceux qui y concourent devraient être traités comme tels. Il saute aux yeux que l’irrédentisme de certains, leurs manouvres pour exclure les proches du Président sont totalement à l’opposé de la méthode chère à Alpha Condé et qui est fondée sur la solidarité gouvernementale, la flexibilité dans la fermeté, dans la défense des intérêts de la Nation. Si ce n’était pas le cas, d’où vient-il que des clans se constituent, se formalisent et ne cherchent qu’à s’écraser mutuellement et par ricochet ceux qui ne sont pas avec eux ! On a beau fermer les yeux sur la réalité, elle éclatera un jour et se sera bonjour les dégâts parce qu’on aura trop attendu pour se dire la vérité.
Le mal semble fait mais il reste encore des passerelles exploitables pour, à défaut de réunifier la ‘’famille’’ tout de suite, taire les mauvaises querelles afin d’éviter de se mordre les doigts demain.
Il ne s’agit pas de balayer X ou Y ou d’incriminer les uns en dédouanant les autres, mais d’affirmer la primauté du Gouvernement sur les intérêts individuels. On n’en semble pas hélas prendre le chemin.
Attention à ne pas tuer la poule aux oeufs d’or car rien, absolument rien ne montre que pris individuellement chacun de ceux qui jouent aux gros pontes vaut réellement ce qu’il prétend être. C’est la vérité ; rien que la vérité !
Moussa Soumah