Sur les ondes de la RTG (Radio Télévision Guinéenne), jeudi (05 avril 2018) soir, l’ambassadeur de la Russie en Guinée Alexandre BREGASZE a directement interpellé le Chef de file de l’opposition en lui demandant de faire « preuve de responsabilité dans l’organisation des manifestations…» Cette déclaration est révélatrice d’une prise de conscience sur les risques que font peser sur la Guinée des attitudes incitant à la violence et à la haine ethnique. Les réactions d’une partie de l’opposition regroupée autour du Chef de file hostiles à l’ambassadeur russe et l’accusant « d’ingérence dans les affaires intérieures de la Guinée » ne sont pas en réalité fondées. Quatre arguments principaux justifient cette position:
- Ces propos traduisent ainsi un consensus de la part des ambassadeurs accrédités en Guinée sur la question. Ils s’inscrivent dans le cadre de la diplomatie dite préventive afin de stopper une escalade vers la déstabilisation du pays. La qualité de doyen du corps diplomatique accrédité en Guinée de M.BREGASZE assure ainsi une portée large et importante à la déclaration. La communauté internationale y compris la CEDEAO marque ainsi sa totale désapprobation à la stratégie « d’incitation à la violence et à la stigmatisation ethnique » que met en avant le Chef de file de l’opposition en recourant systématiquement aux manifestations violentes de rue.
- En second lieu, la République de Russie est membre du Conseil Sécurité des Nations Unies doté d’un droit de véto. L’ONU a conféré aux pays membres permanents du Conseil de Sécurité la responsabilité de garantir la sécurité internationale et la paix dans le monde. A ce titre, par la diplomatie préventive, l’ambassadeur russe peut s’exprimer sur une crise dont le développement peut entrainer des risques et des menaces sur la Guinée. La fragilité de notre pays et l’instabilité chronique des pays du Sahel sont des paramètres qui entrent en ligne de compte, d’autant plus que les pays voisins (RCI, Libéria, Sierra-Léone, Guinée-Bissau, le Sud du Sénégal) sont peu ou prou en convalescence suite à des conflits fratricides.
- En troisième lieu, la Russie est un partenaire stratégique historique de la Guinée qui y détient des intérêts économiques importants. La relance de l’usine d’alumine de Fria et l’exploitation des mines de bauxite du projet Dian-Dian est à l’ordre du jour. Il est par conséquent tout à fait normal que l’ambassadeur de Russie demande aux acteurs politiques guinéens et notamment le chef de file de l’opposition de faire preuve de responsabilité pour ne pas aliéner des intérêts majeurs de la Guinée. En filigrane, ses propos font ressortir « la stabilité de la Guinée est un préalable pour pouvoir attirer en Guinée des investisseurs de grande envergure ». Dans un contexte marqué par la pauvreté, le chômage massif des jeunes et la forte demande sociale, c’est un devoir civique et patriotique de faire preuve de responsabilité et de souci pour l’intérêt national.
- Enfin, nous ne pouvons pas solliciter la communauté internationale pour arbitrer nos conflits internes, pour financer nos processus électoraux, pour combler les déficits budgétaires, pour secourir nos concitoyens atteints de la fièvre hémorragique Ebola et s’insurger en criant « à l’ingérence dans les affaires intérieures de la Guinée » lorsqu’on nous demande tout simplement « d’être responsable ».
Je suis médusé à l’idée de constater que c’est l’image , la respectabilité et la crédibilité de l’institution politique « UFDG » qui sont fortement atteintes à cause de l’infantilisme politique d’une poignée d’individus. Militants de l’UFDG, réveillez vous avant qu’il ne soit trop tard pour sauver du désastre le parti.
BAH Oury
Ancien Ministre
1er Vice-Président de l’UFDG
Animateur national du mouvement « Le Renouveau »