« On peut avoir trois principaux objets dans l’étude de la vérité : l’un de la découvrir quand on la recherche ; l’autre de la démontrer
quand on la possède ; le dernier de la discerner d’avec le faux quand on l’examine » (Pascal). Dans la perception d’une chose, il y a les opinions c’est-à-dire « l’intermédiaire entre la connaissance et l’ignorance » (Platon) et la réalité marquée par des faits concrets. La procédure Campus France vacille entre ces deux hypothèses.
La définition la plus largement admise de Campus par les étrangers est celle retenue par les films Campus. Des établissements d’enseignements et de résidences regroupant tous les étudiants, où ils logent, font des fêtes et des retrouvailles romantiques. Si celle-là n’est pas totalement fausse, la réalité en est autre.
Campus France est plutôt, selon moi, un contrat d’études. Le candidat s’engage à remplir des obligations universitaires (étudier et réussir) à ses propres frais en contrepartie desquelles l’accès aux études lui est accordé par l’Etat français. L’étudiant étranger, notamment hors de l’Union européenne, ne bénéficie pas de tous les avantages financiers accordés aux étudiants français. Il est son seul acteur financier et la loi encadre strictement le travail des étudiants.
La rupture des études est une cause de résiliation du contrat. Chaque année, l’Etat s’assure que l’étudiant remplit ses obligations et en même temps, qu’il est en mesure de poursuivre l’exécution du contrat (ressources, logement, validation de l’année universitaire…) La multiplication des obligations, des ambitions, des restrictions et des discriminations (légitimes et/ou non) aboutissent à des complications et des pressions de sorte qu’avant de penser fêtes et divertissement, il est obligé de concilier au jour le jour, plusieurs activités. Dès lors la procédure Campus France est-elle un abus de langage ou une incompréhension conceptuelle ?
I-Campus France n’est pas ce qu’on voit dans les films Campus
- Campus France ou la rêverie trompeuse voire fatale
Miss Campus, Admis à tout prix ou American Pie c’est en Amérique. Ce sont des films imaginaires sur la vie étudiante, le plus souvent dans des universités privées. Il y a une convivialité qui suscite l’envi. Des nouveaux copains, une série de divertissement compétitif entre étudiants (foot, basket pomponné par les girls…) Parfois même on a des rois et des reines bien ornés et honorés lors des bals de promotion. En France aussi, il y a également cette facette. Mais, l’étudiant étranger doit bien la comprendre.
Dans les universités françaises, il y a des conseils qui organisent et gèrent les études et le personnel. Il y a bien sûr, une vie sportive et des fêtes gérées, le plus souvent, par des services universitaires. Les logements étudiants (studios, généralement de 9m2) sont, à l’extérieur, gérés par un établissement public qu’on appelle le Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires). Les logements privés réservent le confort alternatif. Les cours sont en général intenses de sorte qu’on accorde peu d’importance aux divertissements universitaires. Chacun se concentre sur ses cours, la plupart de façon individuel.
- Campus France est comme un contrat
Le visa étudiant signifie, principalement, deux choses. L’étudiant a droit à un titre de séjour pour étudier et travailler partiellement en toute légalité (1) si toutefois, il continue d’assurer ses engagements (2). Il doit valider ses matières pour passer en classe supérieure, justifier chaque année de ressources suffisantes, respecter la réglementation en vigueur. Si ces obligations ne sont pas remplies, il y a rupture d’obligations contractuelles et l’Etat délivre un OQTF (obligation de quitter le territoire français). La réussite des études sont la bases du renouvellement du titre.
Il y a un système éducatif essentiellement double. Les matières sont réparties en des unités principales obligatoires assorties de cours magistraux et de séances de travaux dirigés obligatoires sanctionnés généralement par trois notes et des unités optionnelles (choix) constituées de cours magistraux suivis d’une note orale ou écrite avec un coefficient moins important. L’étudiant doit obtenir au moins 10/20 avec, généralement, une compensation pour valider son année. L’étudiant étranger n’a pas droit à l’erreur, l’échec lui sera fatal. Il est livré à lui-même, car considérer que les universités françaises peuvent transformer miraculeusement les étudiants est une autre idée reçue. Dans un monde où l’échec déçoit à plus d’un titre, seul le travail récompense.
II-Les universités françaises n’ont pas de baguettes magiques d’intelligence
- Le choix personnel obligatoire : réussir ou rentrer
Chaque année l’étudiant doit fournir à la sous-préfecture (selon les lieux), un ensemble de documents pour justifier sa situation étudiante et socio-professionnelle. Le renouvellement de son titre dépend de ses réussites. Plusieurs aspects peuvent justifier un OQTF. L’abandon des études, l’abus de dépassement des heures de travail (60% de la durée légale du travail, soit 964 heures par an), l’échec répétés dans une même classe, manque de ressources…
L’OQTF est un arrêté du préfet qui signifie qu’à partir de la date qu’il fixe, ou sans délais, vous devez quitter la France par vos propres moyens. Une crainte logiquement épargnée des étudiants natifs. En revanche, il y a des assistances communes. La CAF (caisse d’allocations familiales) fournit sur demande, à tous les étudiants ayant des ressources insuffisantes, des aides financières limitées au logement, au transport. L’assurance maladie prend en charge les soins de santé. Si les étudiants étrangers ne bénéficient pas des bourses financières, les services de formation et d’accompagnements sont de qualité et la documentation bibliothécaire est largement accessible. Des grands atouts pour réussir. Mais, à l’université, on nous guide et on se forme en liberté. Bien s’informer pour se former est un bon départ.
- Quelques recommandations non exhaustives nées de l’expérience
Les étudiants étrangers que j’ai rencontrés sont intelligents. Le problème est qu’ils manquent d’informations et de préparation en amont. La France est un pays vaste différent selon les villes. N’appréciez pas tout un pays par une seule photo prise à côté de la Tour Eiffel par un ou une soi-disant ami (e). Un grand nombre d’étudiants guinéens s’en sortent difficilement malgré l’effort des associations étudiantes. Quelques causes à identifier.
D’abord, la mauvaise définition du mot Campus dès le départ. Ensuite un manque d’estime de soi donnant suite à une envie d’assimilation à tout prix. Faites-vous confiance et soyez vous-même en respectant la réglementation. Ne nourrissez pas vos échecs de victimisation. La discrimination existe bien sûr et voici son ennemi : la compétence et/ou l’utilité. Et si vous l’êtes, servez-en pour la bonne cause et méfiez-vous de l’arrogance.
Maîtrisez l’usage de l’ordinateur et d’internet est indispensable. La majorité des procédures sont sur PC (inscriptions, documents de recherches : sur un bureau virtuel) et la saisie des cours.
Si l’apparence peut tromper, l’imaginaire peut détruire toute une vie. Restez vous-même et osez dompter le destin que vous vous êtes frayé.
Abdoul Karim Diallo