Je pousse ce coup de gueule en me penchant sur la corporation des journalistes. Parce que j’ai l’impression que certains journalistes se détournent de leur mission en affichant leur militantisme politique, ainsi que leur colère contre un camp ou un autre. Comment, alors, la Guinée peut-elle construire sa démocratie ? Comment peut-on prôner l’impartialité qu’impose la déontologie journalistique ? Comment peut-on lutter contre la corruption et la mal gouvernance dans un tel contexte de parti pris ? Puisque, le manque d’impartialité de certains journalistes laisse penser qu’ils abdiquent devant les sirènes de la corruption. La partialité des journalistes, vous conviendrez avec moi, compromet la quête par la Guinée d’une société civile apolitique. Car, il n’est plus un secret aujourd’hui, que certains journalistes cherchent, hélas, à décrédibiliser un groupe d’acteurs politiques et roulent manifestement pour d’autres groupes. Dans ces conditions, comment voulons-nous construire une société de valeur, lorsque les journalistes donnent la parole à des hommes sans conviction, et qui changent de bord politique au gré de leurs intérêts égoïstes ? Quelle société, enfin, voulons-nous ? A quelle démocratie aspirons-nous alors pour notre pays ? En tout cas, c’est comme si ces journalistes qui auraient dû être la solution se transforment en un problème majeur. Pourtant, je refuse de penser que les personnes qui doivent défendre le peuple, puissent irrémédiablement devenir les plus mauvais voire les plus dangereux de la République.
D’ailleurs, de manière générale, j’ai le sentiment qu’en Guinée, l’honnêteté patriotique est un délit, et que personne n’a le souci du service public. Ceux qui montent au créneau par moment ont juste envie de se faire une place au soleil en restant sous les projecteurs des médias afin de bénéficier d’un décret. Malheureusement, dans notre pays, c’est la promotion de la médiocrité qui est la règle. On fait la promotion de ceux qui parlent pour ne rien dire, et on piétine ceux qui sont productifs et efficaces, en toute discrétion. Conséquence, la place publique est occupée par les fainéants et les éternels chercheurs de postes, autrement dit les éternels insatisfaits. C’est le perpétuel recommencent.
Du coup, le peuple devient un simple jouet entre les mains d’hommes rusés. Face à cette situation, mes larmes de désolation coulent sans arrêt. Mon engagement pour la nation est atteint. Reste et demeure la question centrale : qui pour nous sauver ? Les jeunes, les femmes, les hommes politiques, les organisations de la société civile, les religieux ; les intellectuels ? La liste est longue, mais à mon avis, tout le monde ou presque est vendable et achetable comme des cacahouètes. Cela dépend du prix à mettre. Ce qui pourrait alors nous sauver, c’est un sursaut de conscience patriotique. Un regain de conscience et un langage commun et collectif : « Tout pour la Guinée ». Parfois, ceux qui dénoncent les actes de corruption sont les plus corrompus qui cherchent, certainement et obstinément, leur part. Nous avons tous démissionné.
Laye Mamad Condé Consultant en Communication