Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le chômage est la situation de la main-d’œuvre disponible à travailler qui est à la recherche d’un emploi mais ne réussit pas à en trouver. Toutefois, il convient de souligner que la main d’œuvre disponible à travailler varie en fonction des pays.
Le chômage, phénomène à caractère socio-économique touche à des degrés différents tous les pays du monde. Mais il prend des proportions dramatiques dans les pays pauvres. Chez nous en Guinée, la crise de l’emploi persiste et apparait presque comme un problème insoluble. Le marché du travail semble en effet être saturé et l’apport des structures créées pour juguler le fléau s’avère limité.
A l’image des autres pays africains, La Guinée possède une population jeune. Selon l’enquête démographique de 2016, plus de 50% de ses habitants sont âgées de moins de 30 ans. Toutefois, le chômage est un phénomène structurel qui frappe la plus part des jeunes. Dans la capitale Conakry et les grandes villes, plus de deux tiers des diplômés de l’enseignement supérieur sont au chômage (Thierno Cherif, 2015). Cette situation s’expliquerait d’une part par les limites d’emploi dans le secteur public et d’autre part par l’étroitesse du secteur privé formel qui n’offre que peu d’opportunité d’emploi par rapport au secteur informel dont l’offre semble abondante.
En dépit de la création par les autorités publiques, d’une Agence destinée à promouvoir l’emploi des jeunes, le phénomène du chômage reste et demeure de plus en plus préoccupant. Aux yeux de certains observateurs, plusieurs facteurs rentreraient dans l’explication de ce phénomène en République de Guinée. Au nombre de ces facteurs, figurent l’instabilité politique, la baisse de la de la croissance économique et l’absence ou la des initiatives adaptées aux préoccupations des jeunes.
Cependant, le chômage semble se présenter comme un phénomène essentiellement urbain en Guinée. Il touche particulièrement les personnes âgées de 20 à 29 ans et surtout les jeunes diplômés. C’est pourquoi la plupart de ces jeunes ont décidés de prendre leur destin en main en procédant à la création des entreprises et d’opportunité des travaux indépendants. Des telles initiatives pourraient constituer une porte de sortie au chômage et/ou une alternative à la réduction du chômage.
Ce choix semble ainsi faciliter l’insertion professionnelle et d’écourter le temps de recherche d’emploi pour la mise en valeur des compétences du promoteur. Cette façon de faire permet de réduire le taux du chômage, de stimuler l’esprit d’initiative et d’autonomie. Cependant, l’Etat guinéen devrait vivement encourager ce genre de pratique en favorisant la création d’entreprises par les jeunes.
L’auto emploi comme moyen d’insertion professionnelle est une occasion pour les jeunes diplômés de conserver pendant une durée assez longue leurs compétences, puisque le chômage occasionne une perte de connaissance acquise en milieu universitaire. Sans un emploi, les compétences acquises diminuent pour finalement disparaître.
Sur le plan géographique, une différence nette apparait entre les zones urbaines et rurales, surtout entre la capitale Conakry et les autres zones. En outre le chômage reste concentré en zone urbaine. Cette situation traduit un véritable déséquilibre géographique quant aux opportunités d’emploi, car la plupart des unités de productions marchandes étant concentré dans les zones urbaines dont la capitale.
Au regard de cette situation alarmante, des questions s’imposent à savoir quelles politiques nationales pour l’emploi ? Les programmes d’emploi actuels sont-ils efficaces pour juguler le chômage ? Le travail indépendant est-il un moyen de réduire le chômage durablement ?
Une fois encore, ces questions ne seront pas élucidées par nos soins car, comme signalé à chaque fois, le rôle de l’économiste est de poser des questions sans pour autant apporter des solutions miracles qui n’existeraient que dans l’absolu.
Par ailleurs, bien qu’un volume important de publications ait été consacré à l’analyse des facteurs explicatifs du chômage, peu de littératures ont été consacrées à l’économie guinéenne. Notre travail vise d’une part à attirer l’attention, des décideurs politiques, de l’opinion publique mais aussi des chercheurs aguerris sur divers problématique à prendre ce sujet au sérieux afin de lutter efficacement contre le chômage en Guinée. D’autre part, à combler ce vide dans ce pays où justement le chômage inquiète à plus d’un. Nous autorités doivent être en mesure à élaborer des stratégies pour résorber ce fléau principalement chez les jeunes.
Nonobstant, il convient de souligner que pendant ce travail de recherche, nous avons cherché et obtenu quelques chiffres nous permettant d’étayer notre analyse. Toutefois, nous nous réservons d’utiliser ces chiffres que nous avons reçu des sources officielles car, ils semblent minimiser la réalité du phénomène de chômage. Nous tenons simplement à ajouter qu’il nous paraît très difficile d’évaluer le taux de chômage en Guinée, il est impératif d’avoir à disposition, le nombre de chômeurs et la population active. A notre entendement, il est pratiquement impossible d’évaluer ces deux autres variables. La raison de cette affirmation est que nous n’avons pas d’Institution (maison de l’emploi) chargée de s’occuper des chômeurs jusqu’à ce qu’ils retrouvent un emploi. De plus, la plupart des personnes qui parviennent à obtenir un travail rémunéré passent par des relations (41,1% des diplômés ayant obtenu un emploi sont passés par les relations suivant les résultats d’une étude réalisée par Alpha Oumar Bah et Makan Doumbouya en 2011). Suivant la même étude, seulement 4,5% des diplômés interrogés affirment avoir cherché leurs premiers emplois à travers l’AGUIPE.
En somme, dans un pays en développement comme la Guinée, les perspectives et le modèle de développement économique, social et politique des décennies prochaines dépendront notamment de notre aptitude à créer un nombre suffisant d’emplois décents, susceptible de réduire le chômage et la pauvreté.
De nos jours, s’attaquer à la problématique du chômage semble indispensable en République de Guinée car, les jeunes sont plus concernés par ce phénomène. Ils sont soit sans emploi, soit cantonnés dans des emplois très peu rémunéré, voire pas du tout rémunéré, appartenant souvent au secteur de l’économie informelle où les heures et les conditions de travail sont inacceptables (sous-emploi) et les possibilités de progression sont très minces…
Mamadou Safayiou DIALLO,
Economiste, Enseignant-Chercheur.