Les Forestiers constituent un électorat bien convoité par tous les partis politiques de la Guinée. Des leaders, fils du terroir, rivalisent pour la conquête de cet électorat qu’ils considèrent leur fief, mais la réalité des faits est tout autre. Il est utile et pressant de regarder de près les problèmes qui se posent aux électeurs de la Guinée forestière en vue de cerner au mieux leurs intérêts et voir quel parti est le plus apte à satisfaire ces intérêts-là.
D’abord qui sont les Forestiers ? Dans un sens général ce sont tous les citoyens Guinéens, natifs ou pas du terroir forestier, qui résident de façon permanente dans les préfectures allant de Kissidougou à Beyla en passant par Gueckédou, Macenta, N’Zérékoré, Yomou et Lola. Mais au-delà du sens général il est d’ordinaire reconnu comme Forestiers seulement les Kissiens, les Tomas, les Guerzés, les Manons et les Konons. Ces cinq ethnies parlent certes des langues différentes, elles ont néanmoins en commun des traditions sociales et culturelles semblables au point qu’un individu de n’importe laquelle de ces ethnies n’éprouve pas de dépaysement en allant d’un village à l’autre, d’une cérémonie à l’autre. Ces Forestiers-là constituent donc un bloc humain homogène vis-à-vis des autres ethnies du pays.
Les Forestiers partagent avec les autres Guinéens le même pays partant la même administration, la même histoire. Ils connaissent par contre des handicaps qui freinent quelque peu leur évolution. Primo. Ils ont été les derniers Guinéens à être conquis par l’armée coloniale, ils ont donc mis beaucoup de temps avant d’adopter l’école et le service militaire du colon, la porte d’entrée dans les systèmes d’administration modernes.
Secundo. La pluralité des langues parlées et la faiblesse numérique des populations dont une bonne part réside dans les pays voisins ne militent pas pour leur union et leur force de frappe.
Nombre de leaders politiques, natifs du terroir, utilisent ces handicaps dont souffrent leurs parents comme fonds de commerce en jouant à fond sur le clanisme, l’ethnocentrisme ou le régionalisme.
Cela leur a bien réussi depuis l’adoption du pluralisme politique sous le règne du feu général Lansana Conté. La manipulation éhontée des parents qui ne sont pour eux rien moins qu’un bétail électoral leur a permis soit d’entrer au gouvernement ou à l’assemblée nationale, soit d’obtenir un poste lucratif dans l’administration. Mais comme il y a une fin à toute chose, les populations forestières ont fini par
comprendre que leurs fils leaders ne travaillent pas pour elles, ils travaillent strictement pour de sordides intérêts.
Parmi ces leaders qui font la honte de la Forêt et du pays tout entier se présente en chef de file un certain Doré dont la conduite morale douteuse et les prouesses en roublardise ne font plus mystère. Il
devient sans s’en apercevoir impopulaire et indésirable aux yeux de tous, les gens réfléchissent sur la manière de l’amener à prendre sa retraite de la scène politique. Parce que plus longtemps il est là, plus longtemps il nuit à sa région et au pays.
Il faut se réjouir du fait que l’avenir de la forêt est désormais dans les mains de sa jeunesse, une jeunesse qui réussit de mieux en mieux à briser les barrières linguistiques, tribales ou régionales pour se fondre en une force unique éclairée qui jette tout son dévolu sur l’unique parti véritablement national et fédérateur. Suivez mon regard… Les prochaines échéances électorales nous édifieront
davantage.
In Le Démocrate