Au fur et à mesure que s’approchent les consultations électorales de 2015, les passions s’avivent. Les Guinéens ne devront pourtant pas oublier qu’après 2015, c’est-à-dire la présidentielle avec Alpha Condé comme président ou non, la vie de la nation et de tous les jours va continuer. Comme dirait quelqu’un, après cette échéance, chacun redeviendra exactement ce qu’il a été avant. Autrement dit, l’élection présidentielle de 2015 ne vient pas résoudre tous les problèmes que les Guinéens vivent et pour lesquels ils voudraient que des solutions soient trouvées. Quand on considère la situation actuelle de cette façon, il y a bien des comportements, verbaux ou physiques, qu’il convient de s’interdire d’avoir. Car, si les choses (la passion en occurrence) devraient être, après 2015, comme elles le sont actuellement, aucun chef d’Etat, ni Alpha Condé, s’il venait à rempiler, ni Cellou Dalein Diallo (s’il devenait chef de l’Etat comme le veut son parti), ni un autre président élu n’aurait la facilité de gérer ce pays-là.
Aussi, faut-il savoir jouer balle à terre. Comme le souhaite le PTS de Mamady Diawara, un dialogue inclusif et global en ce moment est meilleur qu’après 2015. En d’autres termes, qu’on le veuille ou non, le dialogue, le compromis politique historique aura bel et bien lieu. En tout cas si tel est que tous les acteurs ont la responsabilité de défendre et de sauvegarder les intérêts du plus nombre de Guinéens. En effet, à voir et à bien comprendre, tout ce branle-bas, c’est en grande partie, à cause de Alpha Condé (il faut noter que derrière ce combat pour ou contre Alpha Condé, chacun défend ses propres intérêts). Pour les uns, il faut qu’il continue de diriger la Guinée après 2015. Parce qu’il a fait ses preuves, il a enregistré des performances macro-économiques plus que ne l’ont fait les anciens Premiers ministres qui le combattent aujourd’hui, il a les capacités managériales et un carnet d’adresses national et international suffisamment fourni pour accélérer le cap du développement du pays. Alpha Condé donc ou rien.
Pour les autres, Alpha Condé a déjà montré ses limites; il n’y a plus rien qu’il puisse faire aujourd’hui qu’il n’a pas encore fait, il n’a donné ni l’électricité, ni l’eau. Si bien qu’il est temps de passer calmement la main afin de donner l’occasion à d’autres Guinéens d’apposer leurs signatures au bas des décrets, projets ou propositions de loi. Pour eux donc, une seule personne ne peut écrire l’histoire d’une nation pendant dix ans. Malheureusement, d’un côté comme de l’autre, on ne semble pas connaitre véritablement les armes ou arguments dont il faut se prémunir pour gagner la partie.
Il est indéniable que si tout le débat doit consister à maintenir seulement Alpha Condé au pouvoir sans un autre contenu, tel que le voudraient les Guinéens en rapport avec leurs préoccupations quotidiennes, la bataille sera difficile à gagner pour les partisans du président. Les Guinéens ont tendance à vouloir regarder d’autres têtes pour espérer des lendemains meilleurs. C’est ces lendemains meilleurs qu’il faut leur assurer; non pas seulement à travers des promesses mais sur la base d’actions concrètes et fortes.
En revanche, si le même débat a pour seul fondement de «chasser» Alpha Condé du pouvoir et le remplacer par un autre Guinéen, sans un contenu fort et rassurant, il est incontestable que les Guinéens n’adhéreront pas entièrement. Car, la peur du lendemain hante les esprits. Et ce d’autant plus que ceux qui veulent de Alpha Condé et ceux qui veulent le remplacer sont tous les mêmes caïmans du même marigot. Des deux côtés, on trouve aux premières loges des personnes qui ont servi Lansana Conté et sont donc comptables de la situation actuelle du pays.
Qu’est-ce que les uns et les autres n’ont pas donné de voir ici dans cette Guinée où tout se sait, où tout le monde se voit ? Il est donc préférable de discuter aujourd’hui que d’attendre demain pour le faire dans des conditions plus difficiles, pour tout le monde.
Quoi qu’il en soit, la contradiction politique ne doit pas être une source d’atteinte à l’intégrité physique d’un Guinéen. Que cela soit écrit !
Abou Maco, journaliste