L’association des magistrats en collaboration avec le ministère d’État en charge de la justice, a animé une conférence de presse à Conakry, ce vendredi 5 avril, pour répondre aux propos tenus dans les médias, ces derniers jours, par le président de la majorité présidentielle à l’assemblée nationale, l’honorable Amadou Damaro Camara, contre la justice guinéenne en général.
Face à un parterre de journalistes dans les locaux du ministère de la Justice, le président de l’association des magistrats de Guinée, Mohamed Ali Thiam a d’abord rappelé à travers l’article 23 du statut des magistrats ; que les magistrats ne sont pas astreints au silence et qu’aucun texte ne les oblige à se taire.
Selon lui, « si nous nous taisons, c’est parce que dans notre serment prévu à l’article 3 de notre statut, nous jurons d’observer la réserve, l’honneur et la dignité. Et de nous comporter comme de dignes et loyaux magistrats’’.
Pour revenir sur le cas de l’honorable Damaro Camara, Mohamed Ali Thiam a fait savoir que le président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel est bien placé pour savoir que contre un magistrat indélicat, il y a un organe de sanction et des procédures de sanction. « Il (Damaro) n’a donc pas besoin d’aller à la radio, pour jeter l’anathème sur l’ensemble de la justice », a-t-il déclaré.
Avant de poursuivre : « il (Damaro, Ndlr) a participé à l’adoption du statut de la magistrature en tant que membre du CNT. Ce n’est pas seulement parce qu’on peut lui appliquer l’adage général ‘nul ne peut ignorer la loi’, mais lui, il a participé à l’adoption du statut des magistrats. Il en connaît le contenu et toutes les articulations. Mais il laisse la loi, pour se livrer à une propagande que je ne peux même pas appeler politique. Puisque ce n’est pas fait, à mon avis, dans l’intérêt de son parti. Il aurait pu très bien faire actionner contre les magistrats ou le magistrat indélicat, les processus prévus par la loi, pour mettre fin à de tels manquements. »
Pour le premier responsable de l’association des magistrats de Guinée, en choisissant d’aller dans les médias et récolter qu’un certain magistrat aurait touché une certaine somme… l’honorable Damaro ouvre une boîte de Pandore. « La question, dit-il, c’est est ce que nous allons le suivre » ?
Mohamed Ali Thiam précise également que « ce magistrat particulier et l’association des magistrats ont parfaitement le droit d’attaquer M. Damaro pour outrage, diffamation, injure… Et qu’il n’oublie pas qu’il l’a fait hors session. Sa protection c’est en session. Je crois qu’il y a lieu là d’apprendre aussi à connaître la loi ».
Par ailleurs, il a ajouté que le député Damaro Camara devrait faire très attention, « parce que le 12 avril prochain, je vais convoquer une assemblée générale des magistrats pour que nous statuons sur les différentes déclarations qu’il (Damaro) a faites et dont nous avons les copies afin de voir dans quelle mesure allons-nous engager une poursuite contre lui en commençant par demander la levée de son immunité parlementaire ».
Mohamed Soumah pour Guinee7.com