Face à la presse, vendredi dernier, pour répondre aux propos de l’Honorable Amadou Damaro Camara, le président de l’Association des magistrats de Guinée, Mohamed Aly Thiam, a mis cette occasion à profit pour dénoncer les conditions pénibles dans lesquelles sa corporation exerce son métier en Guinée.
Prenant la parole, M. Aly Thiam n’a pas manqué d’affirmer sa préoccupation quant à la sécurité des magistrats, surtout à l’intérieur du pays. « Premièrement, aucun palais de justice, en dehors de la Cour d’appel de Conakry, n’est protégé par un service de sécurité, aucun magistrat n’est protégé par les services de sécurité. Ils sont facilement accessibles et ils sont soumis à tous les risques », a-t-il déclaré.
Parlant de l’état des palais de justice, le numéro un de l’Association des magistrats de Guinée a fait savoir que ces édifices sont « en nombre vétustes, ne sont pas opérationnels et ne peuvent pas abriter les audiences. Lorsque vous prenez la Cour d’appel de Conakry, aujourd’hui elle a besoin de trois salles d’audience, parce que le volume des affaires est tel que le président de la République lui-même a été obligé de restructurer cette cour et de créer de nombreuses chambres. Donc, ces nombreuses chambres sont obligées de se répartir la même salle et de siéger, soit en une heure, soit en deux heures ; ce qui ne leur permet pas d’aller au fond des débats ».
Avant de poursuivre : « On nous accuse de lenteurs, mais nos lenteurs sont basées sur des conditions objectives qui sont : l’insuffisance des infrastructures qui doivent abriter les palais de justice… On nous dit que nous sommes des roitelets, mais nous sommes les seuls roitelets pour lesquels les chefs de juridiction n’ont pas les moyens de déplacement. Or, il y a des chefs de service qui, d’un point de vue constitutionnel et légal, ne sont pas investis des fonctions aussi importantes que celle de juger. Mais qui ont à leur disposition un ensemble d’éléments logistiques qui leur permettent d’assumer correctement leur fonction ».
« Et quand donc on peut tenir des propos qui peuvent inciter des personnes à porter main, à avoir une attitude de violence, à avoir des propos injurieux, diffamatoires et outrageux contre les magistrats, nous sommes préoccupés. Nous sommes vraiment préoccupés par notre sécurité. Or, il est de l’obligation de tous les pouvoirs publics, des personnes investies de la puissance publique, d’assurer cette protection », a-t-il ajouté.
Pour terminer, Mohamed Aly Thiam a fait entendre ceci : « La justice n’est que peu de chose, mais il ne faut pas oublier que c’est le troisième pourvoir. Il y a des institutions qui ne sont pas des pouvoirs constitutionnels, mais qui sont mieux traités que la justice ».
Mohamed Soumah pour Guinee7.com