Censure

Juges et/ou partie ? (Par Ibrahima S. Traoré)

Damaro dans une édition des GG, disait en résumé que certains magistrats se comportent en roitelets à l’intérieur du pays et ne sont pas dignes de la confiance du peuple. Avant, le président de la République, Alpha Condé, a tenu des propos plus durs à l’égard de la justice et des magistrats ; des politiciens –suivez mon regard ! – en ont fait pire. Les magistrats sont restés zen dans les deux derniers cas.

Mais veulent faire boire à Damaro le calice jusqu’à la lie, en projetant de demander la levée de son immunité parlementaire et surtout en menaçant d’arrêter toute activité si cette immunité n’est pas levée. ‘‘c’est tout le paradoxe, les magistrats se plaignent des pressions dans l’exercice de leur fonction. Cependant, eux veulent mettre la pression sur les députés. La levée de l’immunité parlementaire est une affaire de députés’’, souligne le juriste Mamadi 3 Kaba.

En un mot ou en mille, les magistrats ont le droit de demander la levée de l’immunité parlementaire. Mais n’ont pas le droit d’exiger des député l’attitude à prendre face à leur demande. Ce ne serait ni légal ni élégant. Que ce petit manquement de droit ou de la démocratie vienne des magistrats, a de quoi inquiéter. Et pourrait par ailleurs être la preuve par quatre de l’accusation de Damaro : ‘‘certains se comportent comme des roitelets !’’

D’ailleurs comme dit haut, les magistrats guinéens et la justice en général ont souvent été cloués au pilori par des personnalités tout comme par le citoyen lambda. La particularité du cas Damaro est que ses propos ont été tenus dans un débat contradictoire avec un magistrat à la radio. Et comme le veut la règle, et lui et le magistrat, chacun s’est défendu et a tenu des propos pas très hygiéniques à l’égard de l’autre. C’était donc à la guerre comme à la guerre. Doit-il être poursuivi pour des propos tenus dans un débat contradictoire ?

L’autre délicate question de cette affaire est : les magistrats, s’ils obtenaient la levée de l’immunité parlementaire du député, pourraient-ils le juger avec équité ? Etre juge et partie n’est pas une chose aisée… Pour le moment force est de reconnaître qu’ils ne rassurent pas. Dès lors qu’ils menacent de ranger leurs robes dans l’armoire si le député n’est pas lâché par ses pairs.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

 

 

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