Censure

La naissance d’une autre classe politique sans ethnocentrisme politique est il possible en Guinée ? (Par Aissatou Cherif Baldé)

Il y’a de nos jours en Guinée une attitude schizophrène de faire la politique, qui est plus qu’écœurante. Une attitude basée sur le favoritisme, le népotisme, le clientélisme et surtout « l’ethnocentrisme politique », soutenue et entretenue aussi bien par les acteurs politiques du moment que par la jeunesse guinéenne dite engagée ; encore que cette dernière se dit pourtant, vouloir jouer elle aussi, un rôle politique dans un futur proche en Guinée ! Et ce n’est sûrement pas le mode de nomination au ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation ou la composition des grands partis politiques du pays qui me dira le contraire.

Ces exemple prouvent en effet, que la Guinée souffre plutôt de recours injustifié à l’etnostratégie (1) comme arme politique qu’à l’ethnocentrisme (2), car la haine comme rapport social n’existe pas en Guinée et que les ethnies guinéennes ne se sont jamais rejetées entre elles. Et c’est pourquoi il demeure l’œuvre des extrémistes politiques et l’une des conséquences sociales de l’échec politique de l’état guinéen depuis l’indépendance.

Et ce qui est écœurant et cynique c’est surtout l’attitude des guinéens  de la diaspora qui supportent ou ont recourent à ce genre de politique et pourtant vivant ou ayant vécu dans des pays qui respectent, ne serait-ce que pour 50%, les principes doctrinaux d’un système démocratique basés sur la transparence, la méthodologie du travail, l’équité, la moralité, la justice, la méritocratie entre autres.

La plus part de la jeunesse guinéenne, issue de la diaspora ou pas, choisit les acteurs politiques guinéens  par favoritisme, affection, intérêt et bienveillance. Elle les traite ainsi dans l’espoir de les mettre dans une situation qui les avantage ou leur donnent un privilège.  Quel gâchis ! Car malgré la réputation de la Guinée,  de par la complicité de son élite face à la corruption, l’ethnocentrisme politique, le clientélisme, le favoritisme, la division, la haine, L’injustice, l’impunité, l’inégalité et surtout l’opportunisme politique; la jeunesse guinéenne fait preuve d’ambivalence. Elle utilise de nombreuses justifications pour excuser les déviances de leurs élus. C’est notamment le cas du projet de la révision constitutionnelle en cours, du détournement des fonds publics dévoilé par le FMI, de l’insalubrité de la ville de Conakry avec ses morts, pour ne citer que ceux là. Dès lors tout se passe, comme si ces déviations étaient perçues à la fois comme une normalité voire une fatalité. Et pourtant tant que cette attitude schizophrène persiste, la Guinée aura du mal à se relever.

L’espoir est-il permis ?

Sans doute, car parmi cette jeunesse guinéenne, on y trouve beaucoup de personnes intègres qui comprennent que toutes ces défaillances ne sont que les conséquences de l’échec politique de l’état et de la classe politique. Ils savent que ces tares ne seront combattues qu’à travers des actions politiques conséquentes, telles que la participation de tous les citoyens guinéens au processus de changement politique et aux réformes institutionnelles radicales.

Aissatou Cherif BALDÉ, politologue

Hambourg

( 1) Ethno-stratégie : L’ethno-stratégie désigne le fait d’instrumentaliser ou de manipuler les différences ethniques à des fins strictement électoralistes et ultimement pour accéder ou se maintenir au pouvoir. (Ousmane Diallo, Guinéenews, Otawa)

(2) Ethnocentrisme: subst. masc.« Comportement social et attitude inconsciemment motivée qui conduisent à privilégier et à surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples ».(https://www.cnrtl.fr/definition/ethnocentrisme)

 

 

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