Qu’on se le dise une fois pour toutes : La loi sur la presse est un don de la République. Aucun juge ne devrait l’outrepasser pour sanctionner nos gaffes commises par voie de presse.
Parce que, comme l’a si judicieusement souligné Me Mohamed Traoré, avocat, ancien bâtonnier, ‘‘En matière d’infractions commises par voie de presse, ce n’est pas la qualité de l’auteur de l’infraction que le législateur prend en compte mais le ou les moyens par lesquels l’infraction a été commise (…). Ainsi, même si l’auteur de l’infraction n’est pas un journaliste, il est poursuivi sur la base de la loi sur la liberté de la presse dès lors que le moyen par lequel l’infraction a été réalisée figure parmi les moyens indiqués par cette loi’’.
Chers juges, appliqueriez-vous la loi sur la presse pour sanctionner le crime commis par un malfrat, dans la pénombre de Madina ? Certainement, non. Il faut alors savoir raison garder et ne pas provoquer de dangereux précédents dans ce pays qui a grandement besoin de sérénité.
En revanche, il est de notre devoir de souligner certaines vérités crues. Contrairement à ce qui se dit dans les réseaux sociaux, depuis que Souleymane Diallo, patron du Lynx a maille à partir avec la justice, son âge et son ancienneté dans la presse, ne sauraient constituer pour lui ni un gage d’immunité, ni une armure d’impunité. Dans la presse, tout comme dans la plupart des métiers, il y a ceux qui la pratiquent en tenant compte des règles en la matière (ce qui est souhaitable) et ceux qui l’exercent selon leur bon vouloir (ce qui ne saurait être encouragé). Ce qui rend le métier de journaliste encore plus noble, ce qui sublime la corporation, ce n’est pas d’avoir juste de vieilles badernes, si celles-ci n’enseignent pas à la nouvelle génération qu’elle ne jouera pleinement son rôle que si elle concentre son travail dans la recherche d’informations vérifiées, recoupées et impartiales ; pas ‘‘sur le commentaire et les bla-bla des opinions’’ (Edwy Plenel).
La recherche de l’information signifie évidemment qu’il faut trouver la vérité des faits, recouper, retourner, peser, sous-peser, vérifier encore et encore, documenter…
Certaines béquilles du patron du Lynx ont publié une photo de lui et l’opposant Alpha Condé pour mettre en exergue ‘‘l’ingratitude’’ de celui-ci, face à celui-là. S’ils voulaient coincer le vieux journaliste, qui a dû lire quelque part qu’‘‘on ne doit avoir ni amour ni haine pour les hommes qui gouvernent. On ne leur doit que les sentiments qu’on a pour son cocher ; il conduit bien ou il conduit mal, voilà tout’’, ils ne s’y prendraient pas autrement !
En d’autres termes, le journaliste devrait s’en tenir aux faits. Et défendre les principes fondamentaux et républicains, pas les individus fussent-ils de l’opposition, du pouvoir ou de la société civile. S’il se met dans cette optique, il va sans dire que le journaliste ne devrait s’attendre pas à être décoré par un individu pour « services rendus ». Parce qu’il aura tout simplement fait son boulot. Point barre !
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com