Censure

Alpha Condé est bien le conseiller politique de Alassane Ouattara (Par Ibrahima S. Traoré)

Parlant de ses rapports avec Alassane Dramane Ouattara alias Ado, président ivoirien, Alpha Condé disait : ‘‘Je suis son conseiller politique, il est mon conseiller économique.’’ Le deal semble bien marché. Le weekend dernier, en clôturant sa visite d’Etat dans le Hambol (centre-nord du pays), Ado a parlé de ses opposants et de son pays comme si c’est Alpha Condé qui parlait de Dalein et de Sidya. Ci-dessous des extraits de discours croisés.

Alassane Ouattara : ‘‘Faites très attention, la Côte d’Ivoire avance, mais pas avec n’importe qui. Nous avons vu dans le passé les uns et les autres. Donc, le choix sera simple, j’en suis convaincu. Parce que les Ivoiriens ne veulent pas retourner dans les détournements de fonds, dans les gaspillages, dans la division, … Nous ne voulons pas de cela. Nous ne voulons plus de retour en arrière. Nous voulons une Côte d’Ivoire qui avance, qui progresse. C’est trop facile pour certains d’avoir fait ce qu’ils ont fait et de penser qu’ils peuvent revenir faire la même chose.’’

Alpha Condé : ‘‘Regardons notre histoire, regardons d’où nous venons, malgré les tragédies et les drames. Dans les grands moments, tous les Guinéens ont toujours su se retrouver, se rassembler et s’unir pour aller de l’avant. C’était valable hier, c’est valable aujourd’hui, c’est encore plus valable demain croyez-moi’’ ; ‘‘Aujourd’hui, nous avons deux Guinée : la Guinée qui veut avancer, tournée vers l’avenir, et ceux qui regardent dans le rétroviseur, qui veulent revenir aux pratiques où ils dilapidaient les fonds de l’Etat pour eux et leurs familles. Voilà les deux Guinée qui contrastent… Ici, vous êtes l’incarnation de la Guinée qui veut aller de l’avant, la Guinée qui veut progresser, la Guinée de demain… Alors, laissons-les regarder dans le rétroviseur. Nous, on regarde devant.’’

Si à propos de la candidature à la présidentielle en 2020, Ado, le mentor de Sidya Touré, se montre plus explicite, ‘‘il n’y aura pas d’exclusion, car c’est ce qui provoque les crises. Oui, le temps de l’exclusion est terminé. Ceux qui excluent des candidats pour rester au pouvoir, ce n’est pas mon genre. Je suis pour la démocratie, et tout le monde pourra être candidat (y compris lui, si les anciens dirigeants, Gbagho et Bédié se présentait, NDLR). Les Ivoiriens choisiront le candidat qui sera à même de répondre au mieux à leurs préoccupations’’, a-t-il fait remarquer ; son conseiller politique, Alpha Condé, laisse planer le doute tout en rappelant le modus operandi de la démocratie.  ‘‘Le train de la Guinée a démarré, il y en a qui veulent arrêter ce train, mais ils perdent leur temps. La démocratie c’est quoi ? Les latins disaient Vox Populi-Vox Dei. C’est-à-dire la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. Mais, comment peut-on être démocrate et avoir peur du suffrage universel ? Comment peut-on être démocrate et avoir peur que le peuple s’exprime ? Mais, soyez certains, personne ne m’intimidera ! Personne ne m’intimidera ! Je l’ai dit et répété, aujourd’hui encore je le dis haut et fort ici à N’Zérékoré, je ferai ce que le peuple de Guinée veut’’, a-t-il lancé faisant allusion à l’adoption d’une nouvelle constitution déjà réussie par son homologue ivoirien.

En un mot ou en mille, Alpha Condé et Ado qui partagent tous le destin d’avoir en face, des anciens dirigeants comme principaux opposants, ne sont pas prêts à leur faciliter la succession. Alpha Condé lui d’ailleurs le dit sans fioriture : ‘Ce n’’est pas une question de 3e mandat, mais sachez qu’aucun de ces bandits ne viendra pour diriger notre pays après moi je laisserai ce pays dans une main propre…’’ En Côte d’Ivoire, on dit : Ce qui est dit, est dit.’’

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