Les bureaux de la Lonagui sont bouclés depuis des heures par des travailleurs du PMU en furie. ‘‘Lonagui zéro’’, c’est le cri de détresse qu’ils lancent pour réclamer leur salaire du mois. ‘‘Avant on nous payait, plus tard le 5 du mois, maintenant, il faut attendre cinq jours, dix jours de plus’’, lâche un grognard qui, comme ses camarades, essentiellement des femmes, s’excite dès l’arrivée d’un pick-up de la gendarmerie. ‘‘Vous nous envoyez des gendarmes ? Nous sommes alors plus déterminés que vous’’, avance un autre. Du coup, l’affaire se corse et une rallonge est faite aux revendications. Sur un papier volant, un homme les décline (voir fac-similé ci-contre).
On se rappelle qu’en août dernier, dans des conditions un peu rocambolesques, Loterie nationale de Guinée (Lonagui), sous la houlette de Aminata (Amy) Sylla, la directrice, a récupéré l’exploitation du Pari mutuel urbain (Pmu), des mains d’un opérateur privé.
‘‘Quand j’ai pris fonction le 24 février 2019, j’ai fait un diagnostic interne. Je suis allé à l’étranger avec une équipe de la Lonagui. Nous avons fait toute la sous-région pour nous inspirer des modèles qui y sont faits afin de pouvoir dupliquer la même chose en Guinée. Partout où on a été, on s’est rendu compte que c’est la loterie nationale qui exploite toutes sortes de jeux de casinos et assimilés’’, avait justifié Aminata Sylla.
En décembre dernier, la Lonagui a aménagé dans un bâtiment relooké de la cité chemin de fer. C’est devant ce bâtiment ce matin, que les vendeurs de PMU ont exprimé leur ras-le-bol et demandé la tête de la patronne.
Dans un environnement social agité dans le pays, il va sans dire que cette situation met dans la nasse Aminata Sylla jugée par ailleurs, incompétente par des grondeurs. Au moment où nous quittions les lieux, à pile midi, la grogne continuait et un travailleur droit dans ses bottes, nous a dit : ‘‘Nous ne travaillerons que quand nos revendications seront satisfaites.’’
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com