Et voilà qu’un autre est tombé dans le piège de la victimisation de Cellou Dalein Diallo. Rien d’autre que Jean-Luc Mélenchon en personne, Président de ‘’La France Insoumise’’ (LFI), héros de la lutte antisystème, gauchiste, progressiste et populiste de talent. Un Etat africain très peu connu, des raccourcis faciles sur la démocratie « à l’africaine », une cause avec un slogan qui sonne, des victimes innocentes, un Président en fin de mandat présenté comme allié des socialistes. Quoi de plus tentant actuellement pour ce politicien aguerri mais en mal d’audience ? Sa popularité a en effet chuté de 14 points en l’espace de deux ans. Alors que 42 % des Français avaient une bonne opinion de lui en septembre 2017, ils n’étaient plus que 28 % fin 2019. Pire, selon un sondage Odoxa du 19 septembre 2019, le leader de La France Insoumise est jugé agressif à 73 %, pas sympathique à 72 % et pas honnête (à 71 %).
Humilié par la Justice française qui vient de le condamner le 9 décembre dernier à trois mois de prison avec sursis et 8 000 euros d’amende pour « actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation », Mélenchon, ce repris de justice, fait feu de tout bois et estime probablement qu’entre autres, une cause à forte « valeur ajoutée émotionnelle » peut lui donner une nouvelle visibilité.
Il est évident que tous ceux qui font de la Facebook-gouvernance et qui n’aiment pas le discours direct et indépendant d’Alpha Condé sont de parfaits pigeons pour la campagne de communication savamment huilée de Cellou Dalein Diallo et ses alliés.
Ceci étant dit, faut-il vraiment s’offusquer de la prise de position de quelqu’un dont les militants se séparent les uns après les autres en déclarant : « Comment peuvent-ils plaider sans relâche pour une vraie démocratie en France, eux qui organisent LFI comme une dictature ? Jean-Luc Mélenchon, lui, gouverne LFI en autocrate » (Thomas Guénolé, ancien candidat sur la liste de La France Insoumise). Voilà la vraie question : Jean-Luc Mélenchon est-il légitime à qualifier un régime de dictature ?
Le 2 juillet 2018, il affirmait : « Il n’y a pas de dérive autoritaire au Venezuela, mais une lutte rendue explosive par les États-Unis et l’extrême droite locale. ». Cet engagement en faveur des dictateurs sud-américains ne date pas d’aujourd’hui. Concernant Cuba, en janvier 2011, Mélenchon déclarait déjà sur France Inter que : « Dans le contexte de l’Amérique du Sud, je ne suis pas d’accord pour qualifier Cuba de dictature et je salue la contribution de Cuba socialiste à la lutte des peuples ». Ce même Mélenchon qui trois ans auparavant prenait fait et cause pour la Chine contre le Tibet et son Dalaï-Lama en assumant que « les évènements du Tibet sont un prétexte. Un prétexte entièrement construit à l’usage d’un public conditionné par la répétition d’images qui visent à créer de l’évidence davantage que de la réflexion ». Etrange réflexion qui rappelle le matraquage médiatique contre Alpha Condé et qui aurait dû mettre la puce à l’oreille de Mélenchon.
Ainsi, pour le leader de La France Insoumise, Cuba n’est pas une dictature, il n’y a pas de dérive autoritaire au Venezuela, l’ex-président équatorien Rafael Correa est une victime innocente et les médias s’apitoient sur le Tibet pour rien. Moralité, en attendant qu’il retrouve sa capacité de discernement, mieux vaut ne pas bénéficier du soutien de Jean-Luc Mélenchon.
Ibrahim Konaté
Toulouse