Le travail de l’artiste comme toute autre activité humaine a pour objectif de se mettre à l’abri du besoin, préparer sa retraite, et même l’avenir de ses enfants. C’est pourquoi, toute prestation artistique doit être rémunérée. Les footballeurs perçoivent des salaires, vivent dans des conditions meilleures pendant leur carrière de footballeur.
Pourquoi, pendant cette période de gloire, ils ne pensent pas à la retraite, à la maladie, aux aléas même de la nature qui pourraient subitement mettre fin à une carrière.
Moi, la question fatidique que je me pose est la suivante : que font nos gloires de leurs revenus, de leurs carnets d’adresse, de leur notoriété ? A mon avis, la réponse à cette question devrait nous interpeller tous, et nous éviter de tomber à bras raccourcis sur l’Etat.
Au lieu de dire que l’Etat ne fait rien pour nos anciennes gloires, posons autrement la question : que font nos anciennes gloires pour elles-mêmes ? Pour la jeunesse ? On me dira que ces gloires vendent et défendent l’image du pays, qu’elles contribuent à l’expression créatrice et au patrimoine artistique de leur pays. Elles jouent aussi un rôle économique, en tant qu’agent actif contribuant à la création de richesses. Oui, mais est-ce suffisant ? Est-ce une raison pour ne rien faire pour soi-même ?
Nos gloires doivent savoir qu’elles seront anciennes un jour. Et que ce moment ne se prépare pas en comptant sur l’Etat, mais sur leurs propres efforts. Ce qui arrive aujourd’hui aux anciennes gloires devrait interpeller les actuelles, en les incitant à avoir des initiatives, à utiliser leurs carnets d’adresse pour drainer de grands projets vers leur pays.
Nous devons apprendre à avoir des initiatives, à regarder chez les autres. Ailleurs, nous avons combien d’artistes, de footballeurs, bref d’anciennes gloires riches et qui contribuent au développement socioéconomique de leur pays. Ces personnes ont su gérer leurs revenus pour investir.
En disant toujours l’Etat, nous ne sommes pas en train d’aider nos gloires parce que les mêmes erreurs persisteront.
La gestion est une vertu pour celui qui veut réussir, la rigueur dans le travail s’apprend. S’acheter des voitures de luxe, s’offrir des voyages de découvertes, avoir des maisons de rêve, tout cela se prépare pendant les heures de gloire, et se réalise dans l’après gloire. Mais, si vous vous offrez une vie de roi pendant la gloire, oubliant que la pauvreté se prépare pendant la richesse, obligatoirement l’Etat sera votre seul recours. Que Dieu nous en garde !
A mon avis, ce que l’Etat devrait faire, c’est de les accompagner en leur créant des opportunités d’investissement, en leur faisant prendre des coachs qui les guident dans la vie pratique, et qui les aident à structurer des projets en fonction de leurs revenus.
En effet, faire de la formation professionnelle est déterminant pour constituer le vivier professionnel, qui va faire vivre l’artiste. Elle est essentielle pour la vitalité et la performance technique, artistique et économique. Elle doit couvrir la plus large gamme possible de la chaîne de métiers, de manière à fournir toutes les compétences nécessaires depuis la création jusqu’au financement et à la gestion des revenus, en incluant les métiers techniques connexes, ainsi que la distribution et la mise au marché des produits. Il s’agira de mettre en place un système de distribution et de promotion des produits, lutter contre le piratage. Par piratage, nous parlons ici, non pas de la copie privée mais du système organisé de ventes de copies multiples effectué à grande échelle et de manière illégale.
Il est question aussi d’instaurer la culture du droit d’auteur. Le décalage entre les lois existantes et leur non-application est dû tant à l’ignorance de la législation en vigueur par les artistes qu’au manque d’outils et de soutien public auxquels les bureaux de droits d’auteur sont confrontés.
Les promoteurs diffuseurs de spectacle doivent aussi privilégier les artistes locaux. C’est incompréhensible qu’on prenne des artistes étrangers avec des cachets exorbitants, et au détriment des artistes locaux. Nos artistes doivent par ailleurs accepter de faire gérer leur carrière par une structure compétente.
Je suis pour l’immortalisation des anciennes gloires à travers des symboles, des représentations.