Avec quelques 35 journalistes atteints de la maladie du nouveau coronavirus répertoriés notamment par le Syndicat de la presse privée de Guinée (SPPG), la corporation des médias aura certainement été l’une des corporations les plus touchées par le Covid-19 en Guinée. Ce qui, à en croire notre confrère Mamadou Oury Diallo, peux s’expliquer d’une part par la nature même du travail du journaliste qui le met en contact régulier avec les personnalités, et d’autre part, par une prise de conscience tardive par les journalistes eux-mêmes de leur niveau d’exposition à la maladie. Mais ces facteurs étant désormais identifiés et mis en évidence, notre confrère nous invite à la prudence et au respect des gestes barrières. Au-delà, Mamadou Oury nous exhorte à continuer à assumer la place et le rôle qui sont les nôtres dans la lutte contre la maladie. Car, croit-il, il y a un certain relâchement de notre part à nous aussi.
En Guinée, le monde des médias est l’un des plus affectés par la maladie du nouveau coronavirus. A votre avis, comment cela peut-il s’expliquer ?
Avant tout, je dois rendre grâce à Dieu qui m’a gardé en vie alors que j’ai personnellement été affecté par le virus, à un moment où le monde en était littéralement traumatisé. Traumatisme qui était notamment consécutif aux bilans effroyables que les médias relayaient au jour le jour. Un grand merci aux médecins pour leur sacrifice.
Pour répondre donc à la question, je dois dire que le nombre élevé de contaminations au sein de la presse s’explique par le fait que les journalistes sont au contact de tous à travers notre perpétuelle quête de l’information. Nous n’avons pas vite pris conscience de notre niveau élevé d’exposition au virus, et avons continué à aller comme d’habitude dans les conférences de presse, ateliers ou séminaires. A faire des interviews directes, des émissions, etc.… toutes choses qui nous mettent en permanence au contact des potentiels porteurs du virus, dont les personnalités publiques, les voyageurs qui ont été les premiers contaminés.
Ça s’explique aussi par le fait que la corporation à manquer des moyens devant lui permettre de doter les rédactions de kits de protection contre la Covid-19.
En conséquence, de quelles précautions les journalistes devraient-ils s’entourer ?
D’abord de la prudence qui est une attitude précieuse en pareille circonstance pour éviter une banale contamination. Au-delà, les journalistes devraient également s’imposer l’observation des mesures barrières conventionnellement édictées par les autorités.
Au-delà de leur propre personne et de leur corporation, les journalistes ont la responsabilité d’aider à éradiquer cette pandémie en Guinée. Concrètement, quel rôle leur revient-il dans le cadre de la lutte ?
Le rôle de sensibilisateur et d’éducateur des citoyens sur le danger lié à ce virus. Et c’est pour cela qu’il faut que nous redynamisions nos créneaux dédiés à la sensibilisation autour de la Covid-19, car ces derniers temps, il y a un relâchement dans la diffusion des éléments Covid dans nos médias. Or, comme cela commence à se manifester aujourd’hui dans certains pays qui semblaient s’en être sortis, il y a des risques de cette fameuse deuxième vague. Notre rôle est de prévenir la société de ce risque en invitant les uns et les autres au strict respect des mesures barrières. Ce rôle est d’autant plus crucial désormais qu’une éventuelle seconde vague ne nous surprendrait plus comme cela été le cas lors de la première manifestation du virus. Outre la sensibilisation au respect des gestes barrières, nous devons également inviter les citoyens à la sérénité, comme pour dire qu’il ne faut pas non plus verser dans la panique ou la paranoïa qui peuvent déboucher sur des attitudes de stigmatisation à l’endroit des victimes de la maladie et de leurs familles ou à des refus de recourir aux structures sanitaires formelles. Ces attitudes-là sont aussi nocives que la banalisation des gestes barrières.