Objet : Appel à la repensée de la stratégie de lutte contre Ebola pour le bien de la Guinée et le bien-être des Guinéens.
Monsieur le Président, c’est avec une grande affliction que je vous écris cette lettre couverte au sujet de la redéfinition d’une stratégie de lutte contre Ebola qui décime notre population, et porte atteinte à notre économie cacochyme.
Monsieur le Président, je ne suis pas un politicien, même si mon message pour revêtir une connotation politique. Je ne suis non plus pas un membre ou partisan d’un parti politique guinéen, leur dictature interne met insupportable, de même que leur anarchie organisée. Je ne parlerais donc pas au nom d’un parti politique guinéen, encore loin au nom d’un homme politique, je parle en mon propre nom, celui d’un citoyen Guinéen, mécontent de la gestion de son depuis l’indépendance de la Guinée et déçu de l’inconséquence des politiques de son pays.
Monsieur le Président, le peuple de Guinée, n’a jamais eu droit au bien –être et à l’opulence qu’il mérite, de l’indépendance à nos jours, les frustrations de notre peuple sont croissantes , les douleurs bien qu’avec des répits ont affecté notre mémoire , elle s’est détériorée et désintégrée . Nous n’arrivons plus à lire notre propre histoire, encore loin à lire celles des autres peuples. Nous ne pouvons plus être à l’écoute de notre environnement, nous sommes incapables de détecter les risques et les menaces que nous quêtent, et les yeux bandés nous avançons vers l’avenir imprédictible.
Monsieur le Président , voilà une année qu’une maladie inconnue des Guinéens faisait surface , la fièvre hémorragique causée par le virus du nom d’Ebola . Il fut difficile pour nous de savoir de quoi il s’agissait . Il fut même sous –estimé quand les spécialistes l’ont décrit comme un mal cruel et à la multiplication rapide . A l’époque vous disiez : « Ebola ne nous fait pas peur ». Cette expression devait s’accompagner d’actes concrets dans le dessein de circonscrire le mal, mais votre gouvernement manqua de communication de crise et encore pis, de stratégies efficaces. Pourtant, nous aurions pu préparer les esprits et réduit la prolifération à contraction rapide. Par manque de communication claire et efficace, le mal est perçu par certains esprits comme une affabulation et pis, comme une tentative d’extermination des peuples noirs.
Monsieur le Président, dans les situations de crises similaires à la psychose due à Ebola, la communication joue un rôle prépondérant dans la circonscription du mal. Les stratégies de lutte contre Ebola passent pour la plupart par une communication claire et ciblée, celles évasives renforcent les esprits dans leurs résistances au changement. Je ne suis pas en train de nier vos efforts consentis, je suggère moi aussi des idées pour que nous vainquions le mal et protégions les vies de nos concitoyens .
Monsieur le Président , assez de choses se sont passées dans la gestion de cette crise humanitaire et économique , mais nous semblons tous oublier de faire le diagnostic de notre système sanitaire . Les pertes en vies humaines dues à Ebola sont les conséquences d’erreurs de communication et de la défaillance de nos systèmes de santé. Le Guinéen ne jouit pas d’une longue espérance de vie, car il est mal nourrit du fait de sa pauvreté, il manque de soins de santé efficace, aussi d’éducation de qualité pour se mettre à l’abri des maux comme Ebola et élargir ses palettes de choix.
Monsieur le Président, les problèmes auxquels est confronté le système sanitaire guinéen sont nombreux. Tâcher d’en faire un inventaire exhaustif est une œuvre pénible. Ici nous recenserons les problèmes les plus brûlants qui affectent l’efficacité de notre système de santé , c’est – à- dire ceux qui induisent le plus d’effets néfastes.
1) Inégalités d’accès :
La troisième version du Document stratégique de réduction de la pauvreté , DSRP III pour 2013-2015 , disait ceci au sujet de l’inégalité du système sanitaire guinéen : « Le système de santé n’est pas performant , il n’est pas accessible , ni équitable et ni capable de satisfaire le droit à la santé pour tous , en particulier les plus vulnérables ».
Monsieur le premier grand problème du système sanitaire guinéen est l’inégalité d’accès. Cette inégalité d’accès ne s’explique pas par les seuls motifs monétaires ou les pauvretés de la majorité, mais aussi par d’autres réalités qui seront étayées ci –dessous.
a) Selon les situations socioéconomiques :
Du fait de la pauvreté de l’écrasante majorité des Guinéens, l’accès à la santé, n’est pas équitable pour tous. Les riches ont accès aux soins de santé les meilleurs en Guinée ou à l’extérieur, ils peuvent même aller mourir ailleurs ou faire voyager leurs femmes afin d’accoucher en Occident et faire acquérir à leurs enfants des doubles nationalités. Quant aux pauvres, ils n’ont que les larmes pour pleurer la mort de l’un des leurs, faute de moyens financiers pour payer les frais d’hospitalisation, de traitements ou les médicaments nécessaires.
Les coûts de soins médicaux sont très élevés en Guinée et la majorité étant pauvre et ne bénéficiant d’aucune couverture médicale, elle se voit empêcher d’accès à l’hôpital. Ces coûts exorbitants constituent des barrières à l’accès à la santé pour les ménages pauvres et cela constitue une injustice sociale. Car si le pauvre ne peut se faire soigner, il ne pourrait avoir des possibilités d’élargir ses palettes de choix. La lutte contre la pauvreté devient donc vaine.
b) Selon l’emplacement géographique :
La seconde raison qui explique cette inégalité d’accès est la localisation géographique de la pauvreté elle –même. Les différents rapports sur l’évaluation de la pauvreté en Guinée, concluent que la pauvreté en Guinée tout comme dans les autres pays subsahariens est plus d’incidence rurale qu’urbaine. Cela veut dire que les zones rurales devraient être désenclavées et avoir autant d’hôpitaux que les villes, au du moins en nombre raisonnable.
Les villes et les campagnes n’ont pas les mêmes dotations en centres hospitaliers, bien que nos hôpitaux soient des mouroirs. Certaines villes sont plus dotées que d’autres. Les personnes vivant dans les régions lointaines et enclavées n’ont pas les mêmes chances d’accès aux soins sanitaires que celles vivant dans les villes. Ce faisant, elles sont plus exposées aux maladies et payent très fort une fois malade.
c) L’absence de déontologie de certains médecins:
L’absence de déontologie de certains médecins dissuade certains malades à recourir à l’hôpital surtout lorsqu’ils n’ont pas les moyens conséquents. La corruption dans nos hôpitaux est en ce sens une illustration. Le plus souvent certains médecins, adoptent des attitudes déplacées et des comportements détestables à l’égard des patients qu’ils traitent avec mépris et condescendance.
Pendant le premier trimestre de l’année 2014, nous avions tous appris cette mauvaise nouvelle selon laquelle, les jeunes se seraient révoltés et auraient saccagé des matériels au Centre Hospitalier Universitaire de Donka. Personne n’aimerait entendre que les Guinéens s’attaquent à l’hôpital, mais nous abhorrons savoir que nos médecins abandonnent certains malades du fait de leur impécuniosité. Où est la déontologie médicale ?
L’absence de communication aussi entrave les relations entre médecins et patients et finalement décourage les patients à se rendre à l’hôpital, quand ils en éprouvent le besoin. Le malheur est que de tels comportements et agissements ne sont adoptés qu’à l’égard des pauvres .Voilà, c’est une discrimination pure et simple. En ce sens que les traitements réservés aux patients sont tributaires de leurs statuts socioéconomiques et rangs sociaux.
Nous disons qu’il faut arrêter ces discriminations, et c’est l’Etat guinéen qui doit assumer ses responsabilités et qui doit veiller à garantir le droit à la santé des Guinéens.
2) L’insuffisance des ressources financières :
Monsieur le Président, nos hôpitaux ne disposent pas de dotations financières conséquentes leur permettant de produire des résultats réconfortants. Et encore pis, les dotations financières qui sont allouées à nos hôpitaux sont faites avec de grandes discriminations.
« Part au budget à la santé 2, 3% en moyenne au regard des engagements d’Abuja, qui stipulent qu’un pourcentage de 15 % du budget de l’Etat doit consacrer à la santé » , voilà ce que nous dit le document stratégique de la réduction de la pauvreté . Le rapport continue : « A cet égard, les centres de santés urbains y compris ceux de Conakry, reçoivent environ 60 % de toutes les dépenses de santé alors que les 5 /6 des centres de santé primaires décentralisés ne reçoivent qu’une fraction de leurs allocations budgétaires et généralement vers la fin de l’exercice budgétaire. L’absence d’assurance maladie et la mauvaise gestion des ressources du secteur (évacuations sanitaires abusives, par exemple), réduisent l’accès des populations nécessiteuses aux soins de santé. »
Les conclusions à en tirer sont claires, il y a non seulement une faible allocation des ressources financières à nos hôpitaux, mais aussi ces allocations sont faites sur fond d’injustice et d’inefficience. Comment peut-on affecter les allocations budgétaires en fin d’exercice et s’attendre que les hôpitaux auxquels ces allocations sont destinées soient proactives et efficaces ? Il faut arrêter le gaspillage des ressources financières en créant des conditions d’utilisation des ressources à leur utilité maximale. Ces injustices font que les villes périphériques une fois frappées par de graves maladies, elles ne peuvent pas réagir en temps raisonnable. C’est aussi un problème de gouvernance sanitaire.
3) L’insuffisance de ressources humaines et techniques :
Monsieur le Président, ce serait un euphémisme que de dire que nos hôpitaux manquent de moyens matériels et humains. Dans certains hôpitaux, les médecins de certaines spécialités se font rares. Des moyens matériels, comme des scanners, des instruments d’opérations … sont insignifiants. Le ratio médecin par patients est faible. Le système sanitaire guinéen est tellement malade qu’il ressemble à celui d’un pays récemment sorti d’une grave guerre civile ayant causé la destruction de son capital physique et immatériel.
Monsieur le Président, le niveau de santé des résidents d’une économie a un impact sur les niveaux de performances économiques de cette économie, avec Ebola nous avons la preuve éloquente. Certaines villes manquent de médecins, et les demandes de soins non couvertes sont excessives. Ce qui est aussi écœurant, c’est que les erreurs médicales sont lésions. Ce qui veut dire les médecins Guinéens peu qu’ils soient ne sont pas aussi compétents, car si les décès pour erreurs médicales sont énormes dans nos hôpitaux et si les Guinéens n’étaient pas quelque peu fatalistes nombre de nos médecins croupiraient dans nos geôles. Peut –être qu’ils sont très peu pour couvrir toutes ces demandes de soins , qu’ils finissent par faire des faux diagnostics. Oui, l’inadéquation entre l’offre et les demandes de soins peuvent conduire à ces genres d’erreurs.
4) La mauvaise gouvernance :
Monsieur le Président, la gestion de nos hôpitaux est peu transparente pour ne pas dire opaque. Les redditions de comptes aussi. Et il faut exiger que les hôpitaux établissent chaque année, des états de synthèse au sujet de leur gestion. Aujourd’hui nous n’avons pas d’instance capable d’exiger des comptes clairs et transparents de nos hôpitaux. Qu’est –ce qui nous dit que les allocations budgétaires quelques fois tardives faites à nos hôpitaux sont utilisées à bon escient ? Le système sanitaire guinéen n’est pas exempt de la corruption, car les pouvoirs discrétionnaires et l’absence de transparence sont des terreaux pour la corruption. La gouvernance du système sanitaire guinéen doit demeurer une des priorités des autorités.
Monsieur le Président, tous ces problèmes ont facilité la propagation de la fièvre hémorragique causée par le virus Ebola. Outre ces problèmes on peut aussi ajouter les problèmes auxquels sont confrontés les services de santé animale. La santé animale souffre des problèmes de moyens financiers, techniques et de problèmes de gouvernance. Je ne suis pas en train de dire qu’Ebola résulte du mauvais contrôle des viandes, je souligne un point important dans la santé de tout pays. On ne peut pas protéger la vie de nos concitoyens si nos abattoirs ressemblent à des poubelles, si nos services vétérinaires manquent de moyens.
Monsieur le Président, je ne vous apprend rien lorsque je dis que la Guinée achète ses vaccins au Mali, et est incapable de confectionner ses vaccins, non pas du par manque de compétences, mais par manque de moyens financiers et techniques . Les vaccins et les sérums pour les campagnes de vaccinations animales sont achetés au Mali. Pourtant la Guinée recèle d’excellents médecins vétérinaires, mais on nomme à chaque fois les moins dégourdis et compétents et on attend d’eux des miracles. La gouvernance de nos systèmes de santé doit être revue.
Monsieur le Président, je ne veux pas passer le clair de mon temps à pointer du doigt les défaillances passées, le mal étant là, il convient de proposer des idées pour renforcer l’efficacité de nos stratégies de lutte contre le mal commun. Je suggère donc :
1) La mise en place des politiques de réduction des zones d’incertitudes :
Dans les communications de crise de votre gouvernement, il y a eu assez d’inconséquences, peu d’informations opportunes ont été fournies aux populations en dépit de la multiplication des campagnes de sensibilisations. La plupart de nos jeunes ont trouvé en cette crise une aubaine, ils peuvent constituer des groupes de sensibilisations et bénéficier ainsi des ressources financières, mais qu’en est –il de la qualité des informations et des messages qu’ils véhiculent. Il ne s’agit pas de dire « Stop Ebola » , pour que le mal prenne fin , il faut de la pédagogie , des méthodes et des techniques intelligibles et efficaces .
Monsieur le Président, les gens ne savent pas pourquoi, les mises en quarantaine, ils apprennent qu’un tel mis en quarantaine est mort . Il faut donc expliquer pourquoi la mise en quarantaine. Je vous suggère d’adopter la démarche pédagogique suivante :
– Situez les choses dans leurs contextes :
Nous sommes face à un mal cruel, dont les moyens de contaminations : par les salives, le sang , les liquides biologiques … doivent être précisés . Il faut aussi préciser les autres moyens par lesquels la fièvre ne se transmet pas. Cette communication doit être itérative et non ponctuelle. Et mettez la main à la patte vous-même.
– Précisez ce que vous voulez des Guinéens et pour eux :
Vous voulez pour eux le bien – être, et c’est pour cela que vous devez préciser les moyens sanitaires préventifs à prendre par les citoyens, et ensuite les moyens curatifs pris par les autorités. Il faut toujours donner des informations de façon détaillée, sans pour autant perdre de vue l’essentiel. Il faut être direct et prosaïque pour que les messages soient accessibles à tous .Les messages doivent être diffusés aussi longtemps qu’il sera nécessaire.. On peut même le traduire dans les langues vernaculaires. Et les canaux de communication doivent être diversifiés.
Monsieur le Président, il faut une cellule de communication de crise, les spécialistes doivent traiter des informations à fournir et évaluer leurs incidences sur la compréhension de la population. Le chef de l’Etat que vous êtes doit s’adresser à la population guinéenne pour faire le point de la situation et fournir des informations claires et ciblées.
– Précisez les remèdes préventifs, les efforts des médecins et de la communauté internationale :
Monsieur le Président, il faut qu’Ebola soit démythifié. Et le vrai changement de mentalités sera induit par la communication performative et informative. Les gens ignorent ce que font les braves médecins Guinéens étrangers et voilà qu’ils pensent que ceux –là leur veulent la mort, l’asymétrie d’information doit être réduite et cela passe par des communications récurrentes. Il faut arrêter de focaliser la quasi-totalité des efforts aux conférences de presses , il faut que vous vous adressiez ici et maintenant aux Guinéens , ils ont besoin de votre voix rassurante , de savoir ce que vous faites pour les protéger .
Monsieur le Président, il faut aussi que vous précisiez les efforts de la communauté internationale, il faut briser les sentiments d’abandon des Guinéens. Face à un tel mal, il faut que vous communiquiez, sinon, la peur conduit à plus de conséquences que le mal lui –même. Il faut que vous expliquiez les bienfaits de vos précautions, des mises en quarantaine, des efforts du corps médical guinéen et étranger, de la communauté internationale.
Monsieur le Président, les actions préconisées doivent être claires et non évasives. Au lieu de dire « soyez prudents », dites plutôt « n’oubliez pas de vous lavez les mains », ou « encore n’oubliez pas de laver les mains des enfants » . La précision jouera un grand rôle. Monsieur le Président, il faut que vous vous impliquiez le plus dans la communication.
2) La coordination des actions et des acteurs :
Monsieur le Président , il faut plus d’acteurs , à l’heure actuelle , nos médecins semblent être débordés par le nombre de malades , de cas suspects et un cela peut mettre en danger leurs vies . Il faut plus d’acteurs et je suggère de faire appel à l’armée, la nôtre.
Monsieur le Président , la décision des Etats –Unis de nous envoyer des militaires pour nous aider , est une bonne idée , mais ayant commis assez d’erreurs de communication , je crains que la venue des ces militaires dans un dessein humanitaire ne soit inopportune , nos populations qui ont du mal à croire à l’existence d’Ebola , seront réconfortées dans leurs positions de dénie . Elles se diront : « Voilà, ils veulent nous tuer et c’est bien pour cela , ils nous envoient des militaires Américains et non des médecins ». Que ces militaires soient médecins, cela ne sera pas tenu en compte par les négationnistes du mal.
Il faut donc plus d’aides techniques, les aides financières ne serviront pas à grand –chose si la stratégie de lutte actuelle demeure. Nos militaires pourront participer à la construction des lieux de mises en quarantaine des suspects, pourront bénéficier des formations des médecins et combler le manque de personnel. Un débordement de nos médecins est un mauvais signe.
Outre , les acteurs actuels peuvent bénéficier des idées par le biais d’échanges avec des experts d’autres pays. Ceux qui se battent sur le terrain ont besoin de nouvelles idées , de suppléants dans la définition de nouvelles stratégies . Je salue la décision de Dr. Kéita Sakoba de multiplier les centres de traitements communautaires, et il faut donc mobiliser l’armée par construire le plus rapidement que possible ces centres et les rendre opérationnels dans les meilleurs délais .Le Nigéria a fait preuve d’une grande efficacité en contrôlant l’expansion du virus Ebola, sinon ce serait la plus grande catastrophe de l’année et pour ce grand pays. Il faut donc tâcher d’apprendre de cette expérience nigériane.
3) La transparence dans la gestion des ressources financières mobilisées en faveur de la lutte contre Ebola :
Monsieur le Président, il faut que ce soit éviter à tout prix la course à la rente financière et le détournement des fonds alloués pour la communauté internationale contre Ebola. Il faut que ces fonds sont alloués de façon efficiente, que les pouvoirs discrétionnaires soient combattus. Il faut que ces fonds servent à l’achat des équipements, des moyens logistiques nécessaires et aux soutiens des acteurs mobilisés. Il ne faut pas que des opportunistes profitent de ce mal pour se faire plein les poches, cela est à maintes fois arrivé dans notre histoire. Et les situations de souffrances ont été utilisées pour des fins personnelles. Les moyens alloués ne sont pas faits dans le dessein de couvrir les déficits budgétaires causés par Ebola, mais pour lutter contre Ebola afin que l’activité économique reprenne et que les conséquences collatérales du mal décrispent.
En faisant la course à la rente de ces aides financières, nous risquerons de décourager la générosité de ceux qui, par humanisme nous assistent. Les opportunistes qui , sans stratégies de communication veulent se faire plein les poches en montant des groupes de sensibilisations, et de désinformations , du fait de leur non maîtrise du sujet et de ses enjeux , ne doivent pas bénéficier des ces fonds . Il ne faut pas que la tragédie que nous vivons soit un moyen de corruption.
4) La maîtrise des enjeux :
Monsieur le Président, toute crise engendre des enjeux considérables, il faut les maîtriser sinon la crise devient systémique et engendre d’autres crises. La Guinée vient de loin, vous aimez le rappeler le plus souvent, il faut donc que la Guinée ne se perde pas de chemin. Cette crise humanitaire, ne doit pas être un moyen de diversions de nos problèmes. « A force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel » , disait Edgar Morin . Lutter contre Ebola est une urgence, mais cette lutte ne doit pas rester la seule de nos préoccupations, bien que l’on doit consacrer assez d’efforts à la lutte contre Ebola.
Monsieur le Président, ces enjeux sont divers, ils peuvent être politiques et économiques et sécuritaires. En effet, l’année de la tenue des présidentielles à approche à galop de cheval et le consensus politique adéquat n’est pas encore trouvé au sujet de le CENI et de l’opérateur technique devant apporter correction au fichier électoral, voilà qu’Ebola semble faire oublier cet enjeu. Pourtant, il faut que les élections se tiennent en 2015, ce qui suppose qu’Ebola doit être maîtrisé d’ici à cette échéance et que le consensus soit trouvé. Les législatives se sont tenues trente mois plus que prévu, ce qui a empiété sur nombre de projets de développement.
Monsieur le Président, il nous faut de la stabilité pour ce pays. Aujourd’hui Ebola est en train de détruire ce que vous avez fait en termes de stabilisation macroéconomique, l’activité économique est perturbée, l’avenir devient imprévisible et incertain pour les investisseurs. Il faut éviter que les questions politiques se mêlent à cette crise, sinon elle empirerait. Cela n’est pas de l’avantage des Guinéens.
Monsieur le Président avec l’avènement Ebola, les dépenses ont augmenté et les recettes piquent le nez, l’activité économique a ralenti, il faut éviter que la situation actuelle perdure, sinon vos réalisations partent en l’air et l’heure du bilan approche. Il n’est pas de votre avantage que vos réalisations s’ébranlent comme un château de cartes, il faut donc muscler votre stratégie de lutte contre Ebola. Il vous sera pénible de venir dire aux Guinéens, « j’ai réalisé ceci et cela pour vous, mais à la dernière minute Ebola a sapé mes efforts » .
Monsieur le Président, il ne faut qu’à cause d’Ebola, les élèves et étudiants Guinéens fassent une année blanche. Les cours doivent reprendre, pour le bien de la Guinée, il serait un autre coup dur pour notre pays que de ne pas ouvrir les classes. Il faut des mesures adéquates.
Monsieur le Président, ceux qui , par humanisme nous aident à vaincre l’ennemi commun Ebola , ne doivent pas la cible des négationnistes. Les médecins et même les autorités ont fait l’objet d’attaques et d’assassinats, il faut de la justice pour ces gens. Il faut de la sécurité pour l’ensemble des acteurs impliqués dans cette lutte.
4) Les réformes du système sanitaire guinéen :
Monsieur le Président, le système sanitaire guinéen souffre des problèmes structurels qui entravent son efficacité. Il faut donc le réformer. Cette réforme s’inscrit aussi dans la dynamique de lutte contre Ebola. L’avènement de la fièvre hémorragique causée par le virus Ebola doit permettre de faire le diagnostic approprié de notre système de santé et au –delà de mettre en place un calendrier réaliste de réformes. Le sous – financement, les problèmes de gouvernance, les inégalités d’accès, le déficit de personnel et la sous – qualité des services de santé doivent être résolus pour le bien –être des Guinéens.
Monsieur le Président, la crise actuelle est grave, mais nous pouvons circonscrire le mal, limiter ses dégâts en entendant qu’un vaccin soit trouvé. Monsieur le Président, il nous faut le développement, cela n’est pas une nécessité, mais une obligation. Si nous étions une économie émergente, nous ne serions pas en train d’attendre que les autres mettent au point des vaccins pour nous.
Monsieur le Président, j’ai jugé bon de limiter mon intervention à ce problème de santé public, mais il faut que le débat du développement ait lieu en Guinée, nous avions perdu assez de temps et nous nous sommes égarés à maintes reprises.
Monsieur le Président, convaincu que ceux qui nous dirigent et ceux qui aspirent le faire non pas le monopole des idées, sont des humains à la rationalité limitée et sujets à erreurs, j’ai jugé bon de vous interpeller au sujet de ce mal commun et de vous suggérer quelques idées. En vous souhaitant un bon courage dans cette lutte et bonne chance pour les présidentielles de l’année prochaine, je vous prie de bien vouloir recevoir l’expression de ma haute considération.
Ibrahima SANOH ,
Etudiant en Master II à l’ENCG – Settat,
Auteur de « Mettre la Guinée sur la voie de l’émergence économique : Stratégies et Méthodes », à paraitre le 3 Novembre 2014 chez Edilivre .
Tel : 212 06 30 71 47 29
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