Censure

La lutte contre la corruption et les détournements au centre des discours de l’investiture d’Alpha Condé

A l’investiture du président Alpha Condé, ce mardi 15 décembre, à Conakry, Mohamed Lamine Bangoura, président de la Cour constitutionnelle a, dans un discours captivant, rappelé au président Alpha Condé que son « gouverner autrement » pour ce nouveau mandat ne devrait être un slogan. Mais un état d’esprit. « ‘‘Gouverner autrement’’, veut notamment dire : aucune tolérance à la corruption, au copinage, à l’ethnocentrisme, au clientélisme. Oui monsieur le président, pour gouverner autrement, il est important de s’astreindre à faire peau neuve. Une épée de Damoclès doit être suspendue et prête à trancher le nœud gordien de la mal gouvernance, incarnée par certains hauts commis de l’Etat », martèle le magistrat.

‘‘Gouverner autrement’’, c’est plus de transparence, de responsabilité, de reddition des comptes…

« ‘‘Gouverner autrement’’, c’est mettre fin à la corruption, à l’incivisme et à l’incivilité. Gouverner autrement, c’est davantage de rigueur, d’efficacité, d’efficience dans l’action gouvernementale, c’est choisir les compétences d’où qu’elles viennent. ‘‘Gouverner autrement’’, enfin, c’est plus de transparence, de responsabilité, de reddition des comptes, d’imputabilité. Explicite-t-il avant d’ajouter. C’est pourquoi, dans la perspective de mise en place de nos nouvelles institutions, on ne pourrait faire l’impasse sur celle relative à la Haute Cour de Justice. Oui monsieur le président, la Guinée ne peut gravir l’échelle du développement qu’à l’aide d’un capital humain et d’un environnement institutionnel, favorable à l’investissement, à la création et à l’innovation ».

peut-on parler de prospérité partagée si certains s’adjugent au mépris de toute décence les maigres ressources de l’Etat ?

Le juge Bangoura reste tout de même rassuré. « Nous sommes persuadés que vous allez gouverner autrement, c’est-à-dire que vous allez décupler  tout ce que vous avez fait de bon et de bien pour la République de Guinée ; en même temps sur le plan national de développement économique et social et dans votre programme de gouvernance endossé au slogan, ‘’la prospérité partagée’’. D’ailleurs, peut-on parler de prospérité partagée si certains s’adjugent au mépris de toute décence les maigres ressources et les autres biens de l’Etat qui demeurent notre patrimoine commun ? Nous répondons bien évidemment non », renchérit-il.

c’est vous le peuple de Guinée a choisi pour présider à sa destinée

A la veille de l’ouverture d’un procès intenté contre trois journalistes qui ont dénoncé un détournement de fonds publics présumé d’un membre du gouvernement, le juge de la Cour constitutionnelle rappelle au président que « le peuple de Guinée aspire à un grand changement et rêve d’une autre gouvernance basée sur le respect de la loi par tous, de la gestion transparente des deniers publics, de la lutte contre la corruption, de la collusion et de l’enrichissement illicite insolent, des conflits d’intérêts et infractions assimilées. Aujourd’hui, c’est vous le peuple de Guinée a choisi pour présider à sa destinée; ce peuple, dans sa diversité culturelle et linguistique, doit constituer désormais, le lien géométrique de toutes vos occupations et préoccupations de tous les instants. Dans sa soif de développement socio-économique, il attend de vous, davantage de prospérité, de bonheur, du progrès durable et inclusif ».

Alpha Condé enfonce le clou

Le président Alpha Condé, dans son discours d’investiture, enfonce le clou. « Le mandat qui commence aujourd’hui est celui de tous les Guinéens, précise-t-il. Nous nous engageons à lutter avec fermeté contre la corruption qui gangrène le développement de notre pays. Le copinage, le clientélisme, nous voulons désormais ‘‘gouverner autrement’’. Comme nous avons pris l’engagement devant le peuple ».

les ministres et les hauts fonctionnaires doivent être au service du peuple

Selon lui, « ‘‘Gouverner autrement’’, cela veut dire travailler pour les couches les plus vulnérables. Gouverner autrement, ça veut dire que les ministres et les hauts fonctionnaires doivent être au service du peuple, et non pas à leur service ou au service de leurs familles ».

j’ai eu le temps de connaitre les cadres guinéens

« Pourquoi gouverner autrement ? S’interroge le président Condé. Parce que pendant mes deux derniers mandats, j’ai constaté que ces personnes anonymes qui, dans les villages et districts, ont sacrifié tout pour la victoire, ont été abandonnées par les ministres et les cadres à leur profit. Désormais, gouverner autrement, c’est servir le peuple. C’est pourquoi dans la déclaration des biens, nous exigerons que non seulement, les ministres déclarent leurs biens, ceux de leurs femmes et de leurs enfants. Car en observant, je ne connaissais pas bien les cadres guinéens. Mais j’ai eu le temps de les connaitre. Aussi, nous allons installer à la présidence une structure. Toutes les sociétés seront passées au crible. Toute société qui appartient à la femme ou au fils d’un ministre, toute société qui appartient à un directeur général d’une régie sera exclue définitivement des contrats publics », scande le président.

Quel crédit les Guinéens apportent à ces déclarations du président de la République ? Dans un micro-trottoir organisé par notre rédaction, ils se montrent sceptiques quant à la concrétisation de ce qu’ils considèrent comme un beau slogan d’un marketing politique.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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