C’est en feuilletant la presse, un peu comme par hasard, que j’apprends la disparition du très respecté Général Facinet Touré.
Bien que très sonné, je me résous à accueillir certes avec dignité mais surtout avec une douleur pesante la triste nouvelle : le doyen Facinet est bien mort.
Plutôt recueilli, je m’en vais puiser des souvenirs inoubliables aux endroits où nos chemins se sont croisés au fil des ans.
Le premier est un souvenir de jeunesse. A peine arrivé à l’Institut polytechnique Julius Nyerere de Kankan, je découvre ce flamboyant soldat, officier major de son état. Dans une courte présentation le fulgurant chef du peloton affectueusement appelé par les étudiants « SOBO KOLO » annonce avec fanfare l’arrivée au mât du drapeau de Facinet Touré. Je me dis : et pourtant j’ai vu auparavant celui qui venait de nous être présenté. Et bien sûr à Mamou nos parents étaient très proches.
Des semaines après, il me fit appeler à son bureau et me révéla qu’il appréciait déjà les articles que je publiais dans le journal mural et qu’il appréciait beaucoup plus ma calligraphie.
Il me réquisitionna alors pour remplir à la main la carte d’identité universitaire. Je m’y applique et nous sommes devenus plus que des amis, des complices.
Le temps passe, beaucoup de temps avant que je ne le revois. Cette fois, c’était le 3 avril 1984 au rez- de -chaussée de la RTG Boulbinet.
Les rares journalistes présents étaient stationnés sous l’escalier. Un coup d’œil au passage, il me reconnaît et lance : « Eh Yacine, tu n’as pas été au camp Boiro où les détenus vont être libérés ». C’est au Doyen Emmanuel Katty, Directeur général de la RTG de répondre. Il ira tout à l‘heure. L’équipe avait été constituée par de grands journalistes. Une grande chance pour moi, à peine affecté à la station, de vivre cet événement historique.
Désigné ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement du Comité Militaire de Redressement National (CMRN), il demande à ce que je couvre sa tournée à l’intérieur du pays avec le Secrétaire d’Etat Bago Zoumanigui. Nous parcourons une bonne partie du territoire national. Je redécouvre l’homme avec toute sa générosité et son franc- parler et surtout son humour.
Un dernier souvenir qui me remonte : c’est à l’hôtel Noom à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, alors qu’il était médiateur de la République.
En l’aidant à monter sur la tribune, je vois la fragilité de l’être humain. Il ressent toute mon émotion. Toujours le même, il me dit, comme pour me consoler, en pular « Mignan, adouna koni » petit frère, la vie est ainsi faite !
Evidemment, le Général Facinet Touré s’en va avec le devoir bien accompli dans toutes les fonctions républicaines assumées avec rigueur, avec aussi l’élégance d’un homme qui aimait la belle vie et le sens du devoir bien accompli.
Dors en paix, grand frère !