Censure

Après la sortie ‘’musclée’’ de l’opposition : Vers un tour de vis sécuritaire ?

Le communiqué lu sur les ondes des médias d’Etat la semaine dernière à travers lequel le Haut commandement de la gendarmerie nationale, Direction de la justice militaire  a  informé l’opinion  que certains acteurs politiques prépareraient des troubles dans la cité, en se servant de jeunes oisifs fait craindre un tour de vis sécuritaire, qui pourrait restreindre les libertés d’expression  et de mouvement des populations. Certains observateurs  pensent qu’une telle démarche des autorités ne ferait qu’en rajouter à la tension déjà palpable entre le pouvoir et l’opposition en cette période de crise sanitaire, par le fait de la propagation du virus Ebola dans le pays.

Dans son communiqué rendu public le 5 novembre dernier, le Haut commandement de la gendarmerie nationale déclare disposer ‘’d’informations avec des preuves à l’appui, que des hommes politiques distribueraient de l’argent à des groupuscules juvéniles dans le but de déstabiliser la quiétude nationale’’. Des informations obtenues par le canal des services de renseignement généraux de la gendarmerie, précise le communiqué. Dans la foulée, le Haut commandement de la gendarmerie nationale, Direction de la justice militaire prévient que ‘’tout individu pris en train de semer des troubles à l’ordre public sera arrêté, traduit devant la justice pour répondre de ses actes.’’

La diffusion de ce communiqué est survenu juste après l’incident qui a éclaté devant la résidence de l’opposant Sidya Touré, la semaine dernière où des hommes en uniforme appartenant à des ‘’forces spéciales’’ rodaient autour de chez le président de l’UFR. A la recherche d’éventuels déserteurs de l’armée, ayant trouvé refuge chez l’opposant, selon le parti. Une affaire qui continue de défrayer la
chronique dans la cité, où le doute plane sur la version de l’UFR. Quand on sait que le ministre Kabèlè Camara, de la Défense a trouvé cette histoire tout à fait insolite.

Le Haut commandement de la gendarmerie nationale, direction de la justice militaire a tenu toutefois à préciser à travers son  directeur de la communication,  le commandant Mamadou  Alpha Barry que son communiqué  n’avait rien à voir avec ‘’la présence’’ des militaires au domicile du leader de l’Union des forces républicaines (UFR). Et du tollé qui en a suivi.

C’est comme si le pouvoir commençait à se faire de petits soucis, après ce qui vient de se passer au Burkina Faso, où la rue a chassé le président Compaoré qui a trouvé refuge en Côte d’Ivoire, relèvent certains observateurs. Même s’ils reconnaissent cependant que le contexte n’est pas le même avec la Guinée.  Il faut cependant indiquer que l’opposition républicaine a au lendemain des événements qui se sont déroulés chez Sidya,  remis un chapelet de revendications sur la table. Elle en a profité pour  dénoncer ‘’son exclusion totale de la gestion du processus électoral qui se déroule dans des conditions dont l’opacité se le dispute à l’irrégularité, la CENI ayant été jusqu’à tenir les partis d’opposition dans l’ignorance absolue du contenu des cahiers de charge servant à la sélection de l’opérateur technique’’, accuse l’opposition.

Dans un communiqué publié à cet effet, Cellou Dalein Diallo et ses pairs  condamnent ‘’fermement les violations graves des libertés et droits humains auxquelles se livrent de manière récurrente les autorités publiques qui se sont lancés ces derniers temps dans une véritable campagne de neutralisation et d’intimidation des opposants politiques.’’  Ils citent ‘’le harcèlement du président de l’UFR à son domicile, l’assassinat ciblé du président de la section motards de l’UFDG, les menaces de mort et les agressions subies par le député uninominal de Dixinn, membre de l’UFDG  comme étant  les derniers épisodes’’ de ces atteintes aux droits humains perpétrés en Guinée.

L’Opposition exige ainsi des autorités publiques la mise en œuvre de quelques actions dont  entre autres ‘’la définition consensuelle d’un calendrier électoral pour la tenue, dans les meilleurs délais, des élections communales, en vue de mettre un terme à l’existence illégale de délégations spéciales et d’autres « élus » locaux nommés, ne disposant d’aucune légitimité pour administrer les collectivité ; la reforme de la CENI qui a montré ses limites à l’occasion des dernières élections législatives et qui ne remplit plus, dans sa composition actuelle, le critère de parité prévu dans la loi 016 qui fixe son organisation et détermine son mode de fonctionnement’’.

Ainsi que ‘’la démilitarisation du village de Womey afin de mettre un terme à la punition collective qui frappe indistinctement les habitants de cette localité tout en exigeant que la meilleure diligence soit accordée à la traduction, devant les tribunaux, des personnes soupçonnées de commission de meurtres et d’actes de violence, le 16 septembre 2014, à l’encontre des membres de la mission officielle de sensibilisation’’. La non prise en compte de cette plateforme revendicative pourrait donner lieu dans  les prochains jours ‘’à une série de manifestations pacifiques sur les places publiques afin d’amener le pouvoir à se conformer aux dispositions de la Constitution et des lois de la République’’, menace l’opposition.

Avec cette soudaine montée de tension entre le pouvoir et l’opposition, va-t-on vivre des périodes de troubles dans la cité ? Le pouvoir va-t-il anticiper sur la situation pour procéder à un tour de vis sécuritaire, dont l’avant goût vient d’être donné par le Haut commandement, qui menace de déclencher des actions judiciaires contre les ‘’fauteurs de troubles’’ ? Voilà autant de questions qui taraudent l’esprit des citoyens, dans ce climat politique de plus en plus tendu.

In L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

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