Un ancien diplomate guinéen a bien voulu nous éclairer sur la vie dans nos chancelleries. Sous le couvert de l’anonymat, ce diplomate lève un coin du voile sur le traitement accordé aux ambassadeurs et à leurs familles. Et il s’avère à travers cet entretien qu’ils ne sont pas tous logés à la même enseigne.
A la question de savoir quelle était la structure des ambassades de Guinée à Bamako, à Pékin et à Abidjan pendant que notre interlocuteur y était, il répond « il faut d’abord dire que la structure d’une mission diplomatique est intimement liée à l’importance des relations politiques et économiques qui lient le pays accréditant au pays accréditaire. Disons tout de suite que les informations à donner dans cet entretien relèvent des pratiques en cours dans la diplomatie guinéenne, elles ne reflètent pas forcément celles qui sont en usage dans d’autres pays. »
Dans les ambassades de Guinée la hiérarchie se présente comme suit : Un chef de mission qui peut être un Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, un Chargé d’affaires avec lettre (ou sur pied), un ou des Conseillers d’Ambassade, un ou des Secrétaires d’Ambassade et un ou des Attachés d’Ambassade.
D’après cet ancien diplomate, l’Ambassadeur présente ses lettres de créances aux Chef de l’Etat du pays accréditaire. En cas d’empêchement son collaborateur le plus gradé assure l’intérim en qualité de Chargé d’affaires a.i. Celui-ci présente sa lettre de mission au Ministre des affaires étrangères du pays accréditaire. Selon lui, les fonctions de Financier et de Consul peuvent être assurées par un Secrétaire ou par un Attaché. Un Consul général peut être installé dans une ville où réside une importante communauté de compatriotes. La fonction de Consul honoraire est volontaire, elle ne donne pas droit à une rémunération. Tout Consul a pour tâches de délivrer les titres de voyage (visa, laisser passer), les actes de naissance et de célébrer les mariages.
Concernant la composition du personnel local de l’Ambassade il répond : « il se compose de chauffeurs, de secrétaires informaticiens, d’huissiers d’Ambassade, de boys-cuisiniers, de gardiens, etc. Ce personnel est recruté soit dans le pays accréditant, soit dans la communauté des compatriotes résidents, soit parmi les nationaux du pays accréditaire. »
Quels salaires et primes sont accordés au personnel diplomatique et au personnel local ? A cette question, notre interlocuteur explique « les salaires du personnel diplomatique varient en fonction de trois zones : zone spéciale (New-York et Tokyo), zone A (Europe et Asie), zone B (Afrique). Les plus gros salaires sont accordés à la zone spéciale, les plus bas à la zone B. Les salaires du personnel local sont fixés en fonction du SMIG en vigueur dans le pays accréditaire. Dans chaque mission diplomatique il existe deux budgets (salaires et fonctionnement) alimentés en monnaie locale à partir des transferts de devises effectués par la banque centrale dans les banques primaires du pays d’accréditation. Un diplomate en service ne peut traiter des affaires lucratives sous peine de perdre son poste. »
Quant à la dimension réservée à la famille de chaque diplomate ?, il révèle que « la famille de chaque diplomate comprend l’époux, l’épouse et les enfants légitimes de moins de 18 ans. Le polygame ne peut avoir à ses côtés qu’une seule épouse qui a droit au passeport diplomatique. Les frais de scolarité des enfants sont à la charge de leur père. »
Sur l’horaire de travail de la mission diplomatique, sa réponse est claire : « c’est l’horaire de travail du pays accréditaire, mais la mission ajoute aux jours fériés du pays hôte ceux de son propre pays. L’anniversaire de l’indépendance se fête à l’aide d’un budget spécial alloué par le Ministère des affaires étrangères. A défaut l’Ambassadeur se contente de fêter avec les moyens du bord en compagnie de sa communauté de ressortissants. »
Il faut savoir que l’Ambassadeur a pour tâches principales de raffermir les liens politiques, économiques et culturels qui unissent son pays au pays accréditaire, et pour y arriver il s’attèle à la connaissance des réalités politiques, économiques et culturelles qui prévalent dans les deux pays. Il résout par ailleurs au quotidien les problèmes posés par la communauté de ses compatriotes résidents. Ses collaborateurs l’assistent chacun en ce qui le concerne dans l’accomplissement de ses tâches.
Quant aux qualités d’un bon diplomate et la conduite à suivre, on nous apprend qu’un « bon diplomate doit être respectueux, courtois, affable. Il doit avoir du bagout pour la défense et l’illustration de la bonne image de son pays. Il doit éviter à tout prix la fréquentation des milieux mal famés (alcool, trafic de drogue, prostitution).
Sur les relations à entretenir avec les autres diplomates, l’Ambassadeur doit entretenir des rapports de réciprocité avec ses homologues des pays amis. Il existe d’ordinaire des associations de diplomates par continent ou par institution internationale (CEDEAO, UA, UE, etc..). Le doyen du corps diplomatique est celui qui détient la plus ancienne lettre d’accréditation, des fois c’est le Nonce apostolique qui en tient lieu.
L’attitude à adopter en cas d’incompréhension ou de conflit entre le pays accréditaire et le pays accréditant est importante à savoir, selon notre interlocuteur.
Pour lui «l’Ambassadeur doit user de tout son talent de diplomate pour apaiser et contribuer aux règlements de l’incompréhension ou du conflit. Il peut être rappelé au pays pour consultation mais le personnel de l’Ambassade reste en place. »
Quels contacts à avoir avec les médias ? « L’Ambassadeur peut intervenir dans la presse écrite ou parlée s’il dispose des informations nécessaires pour son intervention. Dans le cas contraire il se réfère au Ministère des affaires étrangères de son pays. »
Pour finir, le diplomate nous a édifié sur ce qu’est une Note verbale, à travers un exemple : « L’Ambassade de la République de Guinée en République de Côte d’Ivoire présente ses compliments au Ministère de Affaires Etrangères et a l’honneur de l’informer que son Excellence Monsieur l’Ambassadeur X est de retour à Abidjan et a repris la direction de l’Ambassade.
L’Ambassade de la République de Guinée saisit cette occasion pour renouveler au Ministère des Affaires Etrangères de la Côte d’Ivoire les assurances de sa haute considération. Cette Note n’appelle pas de réponse. »
In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com