Guinee7.com en exclusivité annonçait hier l’arrestation de Louceny Nabé, ancien gouverneur de la BCRG. On ne savait pas avec exactitude les raisons de son arrestation. Mais on savait que ce n’était pas lié à l’affaire des 4 milliards qui oppose les riverains à la société GAC.
Après les débats autour de cette affaire, le juge a renvoyé l’audience au 6 avril prochain pour la comparution de Mory Doumbouya et Abdoulaye Magassouba, respectivement ancien ministre de la Justice et ancien ministre des Mines au titre de témoins. C’est après cette audience que Louceny Nabé a rallié la CRIEF d’où il a été déposé à la Maison centrale.
Contrairement à la rumeur, le chèque de 4 milliards de GAC qui a été envoyé par l’ancien gouverneur de la BCRG au ministre de la Justice de l’époque, Mory Doumbouya, est actuellement sous scellé au ministère de la Justice. « Aucun sou n’a été tiré », nous dit-on.
Comment les ministres des Mines et de la Justice se sont retrouvés dans cette procédure ? Selon nos informations, la société minière GAC a à l’époque demandé au ministère des Mines de s’intéresser au litige qui l’oppose à ses riverains. C’est ainsi que le ministère des Mines a saisi celui de la justice -le conseiller juridique du gouvernement-, pour lui exposer le problème. C’est ainsi que le ministère de la Justice a demandé le chèque au gouverneur « en vue de négocier », dit-on. Après le coup d’état, le chèque a été remis à Fatoumata Yarie, ministre de la Justice qui à son tour l’a remis à son successeur.
Louceny Nabé a été poursuivi par l’huissier Lansana Soumah pour « abus de fonction et vol » pour avoir pris le chèque et le remettre au ministre de la Justice qui n’est pas le bénéficiaire. Mais « les sous n’ont pas été détournés », nous précise-t-on.
Pourquoi Louceny a été arrêté ?
L’arrestation de l’ancien gouverneur de la Banque centrale qui faisait office de ministre des Finances de la junte aux premières du coup d’état se trouve ailleurs. Elle est plutôt liée à cette affaire d’or que nous décrivait il y a quelques mois nos confrères de Westafmining.
Selon donc le site spécialisé dans les informations économiques, l’ex-gouverneur de la Banque centrale de République de Guinée (BCRG), dès son limogeage a été interrogé par la gendarmerie sur le dossier relatif au stock d’or de la BCRG. « La quantité totale était de 12 tonnes. La BCRG avait convenu dans son contrat avec le raffineur belge Afinor, de procéder d’abord au raffinage et de vendre le produit fini au fur et à mesure que le cours du marché était favorable. Ainsi 9 tonnes ont été vendues et les recettes retournées à la BCRG. Les 3 tonnes sont encore à Afinor et n’ont pas encore été vendues », a dit une source interrogée par Westafmining.
Le nouveau gouverneur serait convaincu qu’Afinor est une « petite raffinerie », il aurait jeté son dévolu sur Brinks sans tenir compte qu’« il y aura forcément un problème de coût pour ce changement. Si les tarifs de Brinks sont plus élevés, on devra reconsidérer ce choix », a fait remarquer au site, un de ses interlocuteurs.
En réalité les nouvelles autorités reprochent à Louceny d’avoir conclu un « marché de gré à gré » avec Afinor et donc d’une gestion opaque de l’affaire.
Cependant selon un expert interrogé par Westafmining, « il est difficile dans un marché aussi volatile que l’or de dévoiler toutes ses cartes par un appel d’offres par exemple. Les gens peuvent utiliser ces informations pour influer sur le cours ».
Louceny Nabé n’a pas réussi à convaincre les enquêteurs de la CRIEF de son innocence. Il a été déposé hier soir à la Maison centrale de Conakry.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
