Il y a eu, vendredi, la signature d’un nouvel accord entre l’Etat guinéen et ses deux partenaires qui évoluent sur le projet Simandou.
L’accord prévoit de laisser les conventions négociées telles qu’elles sont et de mettre en place une SPV, c’est-à-dire un véhicule qui intégrera les deux et dans laquelle SPV, l’Etat aura également 15%. Ainsi, les sociétés Winning Consortium Simandou et SIMFER Rio Tinto auront chacune 42,5% dans la SPV. Les modalités de financement de ces 15% d’actions dans cette SPV feront certainement l’objet de discussions. A rappeler que la mine faisait déjà l’objet d’une participation de l’Etat, non contributive et non diluable à hauteur de 15% conformément aux dispositions du Code minier.
Le seul élément nouveau, qui consiste en un choix différent de la situation antérieure est cette participation de l’Etat de 15%. Dans ce que dit le ministre, Moussa Magassouba, il y a une contradiction majeure car en même temps qu’il dit que l’Etat a 15%, il dit également que l’Etat est propriétaire des infrastructures dès leur construction. En réalité, la SPV sera propriétaire des infrastructures et l’Etat prendra dans cette SPV une participation de 15%. En fait l’Etat décide de prendre une participation dans une entité qui est propriétaire d’infrastructures qui lui reviendront de droit. Cela suppose que dans tous les cas de figure, dès lors que le financement de ces 15% est assuré par les partenaires, cela revient finalement d’un point de vue de l’analyse économique à une même réalité pour l’Etat. Ainsi, au début, en raison du remboursement des 15%, les revenus devant revenir à l’Etat seront déduits au prorata. Ils augmenteront plus tard. Mais le retour à l’Etat pourrait retarder en raison de l’existence de cette part de l’Etat. C’est un principe de BOT aménagé que choisissent les nouvelles autorités contre un BOT classique dans les conventions existantes.
Le plus important pour l’Etat est de s’assurer que le projet fera l’objet de contrôle pendant la construction des infrastructures et qu’elles feront également l’objet d’entretien après leur réalisation et qu’après la période d’amortissement, elles seront de bonne qualité.
Sur les autres points, à la lecture des accords initiaux, des conventions des deux sociétés, les infrastructures étaient ouvertes à l’utilisation multiple et diverse, à savoir le transport des biens et des passagers ainsi qu’à l’utilisation par d’autres miniers sur le corridor. Cela n’est pas du tout nouveau.
Le contenu local également, avec même des taux (pourcentage) de parts de marché est aussi prévu dans les conventions existantes. Les entreprises qui travaillaient et qui étaient étrangères intervenaient dans des domaines d’expertise pointue comme la construction de chemins de fer, de tunnels, de viaducs, etc. Elles interviennent aussi comme partenaires car leurs travaux ne leur sont pas payés en argent maintenant, mais plutôt après la mise en production.
L’accord prévoit que WCS continue à réaliser le tronçon du chemin de fer sur lequel elle évolue ainsi que sur son immense port à barges qu’elle est en train de réaliser.
SIMFER RIO doit réaliser le tronçon qui relie sa mine à la ligne que construit WCS. Aussi, il était prévu que SIMFER réalise un port en eau profonde selon ses propres engagements mais elle semble aussi vouloir commencer par un port à barges. Sur ce, WCS est prête à réserver à SIMFER une place suffisante (des quais) pour son projet au niveau du port en construction à Moribaya. Chacune des entités va apporter des actifs (Chemin de fer et port en construction pour WCS et à définir pour SIMFER).
En fait, Rio Tinto est prise à son propre jeu. Avec cet accord, la compagnie est démasquée. Soit, elle réalise, soit, sa mauvaise foi est mise sur la place publique.
Il faut dire que, entre plusieurs actifs qu’elles détiennent, les compagnies minières préfèrent développer les mines se trouvant dans les pays qui accordent plus d’avantages fiscaux avec plus de stabilité politique et/ou qui exercent des pressions véritables de telle sorte qu’elles se convainquent qu’elles risquent de perdre leurs actifs en cas de gel.
De même, les compagnies gèlent les actifs qui se trouvent dans les pays qui accordent moins d’avantages fiscaux avec moins de stabilité politique et/ou qui exercent peu de pressions sur elles.
Avec la présence d’une concurrente qui travaille effectivement sur le terrain et la mise en place d’une association dans laquelle, les rôles de chaque acteur sont désormais connus, SIMFER se verra obligée d’agir au risque de perdre son actif au SIMANDOU. C’est le principal avantage de cet accord initié pour mettre la pression sur WCS qui, avec l’avantage qu’elle a d’être sur le terrain s’en sort plutôt bien. Mais la présence de Rio Tinto en Guinée sans jamais développer ce riche gisement, à travers un gel, ayant fait beaucoup de mal aux Guinéens va certainement prendre fin avec cet accord complémentaire.
Par Amine Camara pour guinee7.com