Depuis ce lundi 6 Juin 2022, le Gouvernement du premier ministre Mohamed Béavogui est dans la région administrative de Labé. Chaque ministre profite pour rencontrer ses structures déconcentrées, c’est dans cette optique que le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, Mamoudou Nagnalen Barry a rencontré les cadres de l’Agriculture ainsi que les producteurs à la direction régionale de l’Agriculture.
Dans la salle de réunion, après le discours de bienvenue de la directrice régionale de l’Agriculture, Madame Mariama Dalanda Bah, les producteurs ont exposé au ministre leurs préoccupations majeures et c’est Elhadj Mamadou Diakité qui a porté leur voix. « Au niveau de l’Agriculture, aujourd’hui, nous constatons que les superficies sont en train de baisser. Les causes sont entre autres, l’absence de mécanisation. Si on se réfère aux années antérieures, les gens avaient l’enthousiasme de faire de nouveaux champs. Mais aujourd’hui, compte tenu de cette absence de mécanisation c’est-à-dire le manque de tracteurs, les superficies sont en train de baisser. Il y a la cherté aussi des intrants. Il y a deux à trois ans, l’engrais était plus ou moins disponible à un coût raisonnable. Il y a aussi le cout élevé de la main d’œuvre, compte tenu de l’absence de la mécanisation, on est obligé de faire recours à la haute intensité de main d’œuvre et ceci demande plus de moyens financiers. Finalement si tu devrais travailler sur 5 hectares, tu es obligé de réduire dégressivement. Ensuite il y a la fréquence des maladies, surtout pour les cultures de pointe, c’est notamment, la pomme de terre et le maïs. Au niveau de la pomme de terre, il y a le Mildiou qui surgit d’un coup sur le domaine où tu perds les 80% de ton champ et les produits pour traiter ça qui se trouvent sur le marché ne sont pas efficaces. Il y a le manque de magasins de stockage ce qui fait que nos récoltes pourrissent par manque de magasins appropriés de semences. Dans le secteur de l’élevage, notamment en aviculture, actuellement, les hangars sont vides parce qu’il y a la fréquence des maladies, les gens sont en train d’abandonner l’activité, les produits de consommation sont chers et introuvables notamment le maïs. Les concentrés avec lesquels nous associons pour produire un aliment complet sont très chers, les produits vétérinaires sont très chers aussi ; ce qui fait que l’élan qui était lancé pour le développement de cette activité est en baisse, sinon il y a 3 à 4 ans, beaucoup de jeunes s’étaient lancés dans l’aviculture, ils ont construit beaucoup de hangars, mais aujourd’hui ils se demandent quelle activité de rechange il faut embrasser parce que les problèmes sont énormes. En termes de besoins, nous souhaitons des remises à niveau. Ensuite nous sollicitons un appui financier car tout ce qui se fait actuellement se fait sur fonds propre même si c’est pour faciliter l’accès aux crédits », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le président de la chambre préfectorale d’Agriculture, Abdourahamane Tafsir Sow a renchéri en ces termes : « Nous sommes en pleine campagne agricole, il y a des producteurs avec nous ici qui n’ont pas pu faire semer du maïs, faute de tracteurs et de semoir, là c’est un sérieux problème. Je fais une doléance pour Labé, pour que les tracteurs qui sont commandés par le département soient accompagnés de tous les accessoires. »
En réponse aux préoccupations des producteurs, le ministre a pendant 30 minutes tenté de répondre au cas par cas. « Les chambres froides, l’Etat va construire de moins en moins, mais par contre, on veut appuyer les privés à avoir leurs propres chambres froides en leur apportant le financement surtout dans les zones de consommation. Les produits contre les maladies des végétaux, ça la question c’est comment le faire. La question sur la subvention, nous voulons carrément sortir dans le cadre d’une agriculture de subvention, nous pensons que ce n’est pas une agriculture parce que quand on annonce des subventions, des dons, tout le monde vient pour prendre, même ceux qui ne sont jamais allés dans un champ vont venir dire qu’ils sont des agriculteurs, après on n’a pas le temps de distinguer, et ce sont ces gens là qui ont des langues très mielleuses qui savent monter des dossiers, ils vont prendre l’argent et ne feront pas l’agriculture. Alpha Condé l’a fait pendant ses 10 années ça n’a rien donné, nous on veut carrément sortir de l’agriculture de subvention, on n’a pas de dons à faire c’est ça le message. Pour les magasins de stockage des semences de la pomme de terre, ça il faut qu’on trouve une solution. Concernant la mécanisation, à mon arrivée à la tête du département, le ministère avait 180 tracteurs dont la moitié ne fonctionnait pas. Cette année, nous avons déjà mis sur pied 100 nouveaux tracteurs dont 50 ont été vendus à des privés. Les tracteurs qu’on a vendus coutent environs 400 millions, mais au conseil des ministres, on a demandé de les vendre à 330 millions. Tout ce qu’on a demandé aux producteurs, c’est de payer le tiers de la valeur des tracteurs, donc tu paies 115 millions, on te donne un tracteur sorti d’usine avec tous les accessoires, tu as deux à trois ans pour rembourser. Donc c’est à vous de vous organiser pour en acheter. Des producteurs ou des communes rurales peuvent se mettre ensemble pour acheter. Vous le faites aujourd’hui, dans 72h plus tard vous recevrez votre tracteur ici à Labé », a expliqué le ministre.
Après ce tête-à-tête avec les producteurs, le ministre s’est rendu à Popodara où il a visité le champ de 7 hectares appartenant à Boubacar Barry l’un des gros producteurs de la préfecture. De Popodara, la délégation s’est rendue à Tambo, où le ministre a aussi visité les installations du groupement des étuveuses de riz et une plaine de près de 300 hectares qui n’est pas encore mise en valeur.
Sam Samoura pour Guinee7.com