Monsieur le Président de la Transition, mon Colonel, sauf votre respect.
Cela fera presque 10 mois, que le coup d’Etat du CNRD a été opéré et vous avez été porté à sa tête. Que la saignée de l’ancien régime anti libertés individuelles et collectives, empire de scandales de tout genre s’arrête, c’était un ouf pour une bonne partie de la population. Pour ça, vous avez fait œuvre utile mais est-ce que cela donnait droit à l’Espoir ou non, nombre de Guinéens sont restés impassibles, et attendaient de voir les actes pour croire. En tout cas en presque 10 mois ils ont vu, nous avons vu.
Le cheval gagnant annoncé est arrivé avec un pied cassé. Et au lieu de prendre la direction tant souhaitée par le peuple dans l’urgence de la situation, le cheval annoncé a pris le contre-pied parfait. Disons le tout net, les Guinéens n’attendaient pas malgré leur impatience le salut dans les 10 mois, mais au moins un changement de direction et de véritable paradigme. Hélas.
Le casting qui devait servir la Nation l’a plutôt plongé dans les clivages. On nous a présenté un gouvernement d’inaction, des pressés à se remplir les poches et les coffres-forts, des ‘‘brigands’’ comme responsables à quelques niveaux que ce soit et j’en passe.
Ça ressemblait bien au régime déchu mais anyway.
La gouvernance qui devait être exemplaire ressemble bien à celle de l’ancien régime. Les premiers actes ont été bien ceux de la refondation. Refondation de l’incohérence, de ceux qui ont été ennemis des valeurs de la nation hier, refondation pour parquer, des aventuriers sans aucune expérience, dans des bureaux climatisés et à des postes « juteux ».
Le modèle qui devait venir d’en haut est devenu une chanson dont seuls les dirigeants ont le bon tempo. Salaires faramineux, des ministres missionnaires excessifs pour les dirigeants et une misère toujours grandissante pour le peuple et les masses qui triment. En pareilles circonstances, le peuple ne peut que désespérer petit à petit du CNRD. Les actions de soutien ou autres meetings populistes n’ont rien pu faire. Il y a plus de désespoir que d’espoir en vous et au CNRD.
La situation du dialogue et de la réconciliation, est de plus en plus incertaine. Et pourtant, c’est le motif qui a justifié le coup d’Etat. On tâtonne, on rame, pis on reste dans la défensive et on ment au peuple si on ne l’abandonne pas à son sort finalement. Et la misère de trop a fini par convaincre certains que c’est foutu.
Bref le tableau est on ne peut plus clair. L’échec se lit petit à petit au point où certains citoyens ne veulent même pas attendre vos 12 mois au risque de de crever bêtement de faim avec l’augmentation du prix de toutes les denrées, y compris celles de premières nécessités. Conséquences justement de l’augmentation du prix des produits pétroliers.
Monsieur le Président, le régime que vous avez déchu a brillé par son inconstance et sa gouvernance en lambeaux. Le CNRD est sur ses traces avec quel avenir ? Ce régime a brillé par la violation des libertés individuelles et collectives, le CNRD est passé maître en interdiction de marches.
Monsieur le Président, si le régime déchu a marqué négativement les esprits par sa voracité pour le bien public, son amour des deals, le CNRD en est la copie pâle. Et c’est bien dommage. Quand on disait que les civils et les politiques sont le problème, les militaires devaient faire mieux. Au finish, même pipe même tabac.
Monsieur le Président, si vos propres concitoyens envient des pays voisins, c’est en partie pour la qualité de leurs castings de gouvernance, mais surtout la constance dans leurs positions et le courage de leurs décisions. Le louvoiement n’a pas sa place dans la gouvernance à notre époque. Et si vous n’arrivez pas à vous décider, vous serez le sacrifice de leurs politiques d’intérêts aux antipodes des intérêts de votre peuple.
Monsieur le Président, les mensonges au sommet de l’Etat sont devenus le propre de la communication gouvernementale. Chaque sortie son lot, ce qui rend inaudible toutes les autres vérités. Que reste-t-il de la probité morale que vous avez voulu défendre dès votre première prise de parole ? Elle est tombée à l’eau et cela crée plus de méfiance quand on demande de croire que demain sera meilleur avec vous. Sans compter que dans cet exercice trop de failles éloignent les dirigeants du peuple. Voici la triste lecture résumée qu’on peut en faire. Ces vérités là, les courtisans autour de vous ne vous le diront jamais et vous continuerez de nager dans des nuages hallucinatoires sans comprendre la pensée réelle des populations. C’est ce qui est arrivé au Président déchu. Et un coup bim, vous êtes arrivé. Faites en sorte qu’il n’y ait pas un autre bim.
Seule solution alors aujourd’hui, monsieur le Président, démissionnez, vous et votre CNRD. Le sort du pays est à ce prix.
Dr. Mustapha Diallo
Bruxelles