Le Colonel Amara CAMARA, ministre Secrétaire général et porte-parole de la Présidence de la République, membre influent du Cnrd a fait une déclaration publiée par la Présidence hier jeudi 22 septembre 2022 dans la matinée. Dans l’après-midi, le Premier ministre de la transition, Bernard Gomou publie sur sa page Facebook une réaction avec la même teneur que les propos du Secrétaire général.
Cette déclaration annoncée comme un communiqué fait suite à une interview accordée depuis New York au couple RFI et France 24 par Umaro Sissoco Embalo, Chef de l’État bissau-guinéen et Président de la conférence des Chefs d’État de la Cedeao. Au micro des journalistes de ces deux médias français, le Président Embalo s’est exprimé sur la situation en Guinée et au Mali, deux pays qui traversent actuellement une période de transition suite à des coups d’État militaires.
Analyse d’une déclaration qui revêt de graves erreurs de communication, tout aussi révélatrices d’une certaine incantation et des analogies populistes.
« On ne peut pas dépasser les 24 mois, ça, c’est non négociable pour la Cedeao »
- À partir de 7.50 minutes [interview vidéo], le Président Embalo affirme avec une certaine fermeté que le chronogramme de 3 ans de transition proposé par les militaires guinéens est inacceptable. Il poursuit en précisant que si cette échéance est maintenue, alors il y aura de lourdes sanctions de la Cedeao contre la Guinée. Il a également indiqué que lors de sa dernière visite en Guinée le 20 juillet 2022, il avait trouvé un accord de 24 mois de transition, notamment avec Mamadi Doumbouya, chef de la transition en Guinée.
En effet, dans une vidéo de 6.25 minutes de temps de parole, Amara CAMARA s’est livré à un exercice de communication très surprenant, tant sur le fond que sur la forme. Il en ressort des manquements graves sur lesquels se fonde cette analyse.
D’abord sur le fond :
« Nous regrettons cette sortie solitaire, irresponsable et inappropriée »
- Nous avons suivi la sortie médiatique du président de la conférence des Chefs d’État aujourd’hui sur les ondes de RFI. Avant tout, nous regrettons cette sortie solitaire, irresponsable et inappropriée à l’égard du peuple souverain de Guinée. Comme vous le savez tous, la fonction de président de la conférence des Chefs d’État est d’une grande exigence et ne voudrait pas que l’on estime que ce statut donne le droit de parler et de décider en lieu et place de ses paires avant même de les avoir consultés.
Les articles 7 et 8 du traité de la Cedeao sont très clairs sur les prérogatives de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement, considérée comme « l’institution suprême de la communauté » et la présidence de celle-là. Les propos du Président Embalo sont mesurés et fermes. Ils sont en parfaite harmonie avec la fonction qu’il occupe et incarne. Il n’a fait aucune annonce, mais a donné d’abord la couleur puis a évoqué des possibilités de sanctions qui pourraient être prises par la Conférence des Chefs d’État au nom de qui il s’exprime. Il est donc faux de qualifier « la sortie » du Président Embalo de « solitaire et inappropriée ». Au contraire, ce sont les propos d’Amara CAMARA qui méritent d’être qualifiés ainsi en raison de leur caractère excessif, inélégant et disproportionné.
Pour preuve, à l’initiative du Président Embalo, les Chefs d’État de la Cedeao se sont réunis lors d’un sommet extraordinaire à New York pour évoquer le cas de la Guinée notamment. Le terme « solitaire » perd radicalement tout son sens.
Le discours diplomatique ou l’art de la courtoisie surtout envers un Chef de l’État doit absolument être observé, et encore plus lorsque c’est une autorité qui s’exprime et à travers elle, tout un pays, ou du moins, une partie d’un pays. Amara CAMARA entame sa déclaration préenregistrée (qui a subi plusieurs coupures et cela se ressent dans la vidéo) par un « Nous » imprécis et inconnu. Parle-t-il au nom du Cnrd ou du peuple de Guinée ? Une telle précision participe à la clarification du discours. Or, dans le cas présent, le flou demeure et avec lui des interrogations.
« La jeunesse consciente africaine pleure dans son âme que son sort et sa situation soient décidés d’avance par quelqu’un et à des milliers de kilomètres »
- Depuis son arrivée à la tête de cette institution respectable, le Président Embalo s’illustre dans ses prises de position personnelles au mépris de ses homologues présidents. D’abord, le bon sens et le respect de notre sous-région voudraient que l’on s’abstienne d’organiser des sommets de la Cedeao en dehors des terres d’Afrique de l’Ouest. La jeunesse consciente africaine pleure dans son âme que son sort et sa situation soient décidés d’avance par quelqu’un et à des milliers de kilomètres. Cela démontre clairement aussi le manque de rigueur en soi à certains moments. À lui entendre et à lui prendre aux mots, en imposant à ses paires la tenue de ce sommet en dehors de son espace géographique, son leadership aura permis de donner l’occasion aux autres de ne pas nous prendre au sérieux, à moins que ça ne soit son objectif.
Ces propos ne sont pas honorables et montrent surtout des mensonges peu voilés. Il s’agit d’attaque personnelle, on eût dit des propos de militants politiques chauffés à blanc. Affirmer que « le Président Embalo s’illustre dans ses prises de position personnelles au mépris de ses homologues présidents » est une accusation qui ne repose sur aucun élément factuel dans la mesure où Amara ne dit quelles sont ces prises de position personnelles. L’usage du péjoratif « mépris de » est très fort de café de la part du Secrétaire général de la Présidence. Cela ne lui ressemble pas et il a clairement failli à sa fonction et au symbole qu’il est censé incarner, à savoir la maîtrise de soi, la diplomatie et l’équilibre.
« D’abord, le bon sens et le respect de notre sous-région voudraient que l’on s’abstienne d’organiser des sommets de la Cedeao en dehors des terres d’Afrique de l’Ouest ». Il est important de savoir qu’une sous-région n’a pas « de bon sens » et cela ne veut rien dire. Ce type d’expression est la projection de sa propre subjectivité et un non-sens à tire-larigot. En effet, au sujet de la deuxième partie du propos, c’est une bonne fausse vérité et cela est discutable. Pour une question de fierté, colonel Amara a raison de dire qu’il faut s’abstenir d’organiser des sommets de la Cedeao hors de l’espace communautaire. Le contexte de la tenue de ce sommet ne plaide pas en faveur du colonel cependant.
À New York, presque tous les Chefs d’État et de gouvernement de la sous-région sont présents ou représentés. Ils prennent part à la 77e Assemblée générale des Nations unies. Organiser un sommet extraordinaire à cette occasion fait économiser de l’argent aux pays membres de la Cedeao. Cela, en s’abstenant d’avoir recours aux avions présidentiels (pour rallier Bissau) très couteux qui participent à la pollution de la planète. C’est donc un argument discutable qui peut avoir néanmoins des échos chez les activistes dits panafricains défendant une certaine idéologie antioccidentale et anticoloniale.
Le fait d’invoquer la « jeunesse consciente africaine » dans ce contexte précis procède de la manipulation qui trouvera très vite des relais favorables sur les réseaux sociaux. Il s’agit de faire appel à un soutien de jeunes africains pour mettre la précision sur les dirigeants, ou sinon, dissuader les dirigeants à prendre des mesures coercitives envers la Guinée. Le message est toutefois bien pensé.
« Cela démontre clairement aussi le manque de rigueur en soi à certains moments ». Ce propos est de l’ordre de l’improvisation et vient comme un cheveu sur la soupe. En clair, il est mal venu. Le colonel a un problème de conjugaison, mais ce n’est pas de sa faute si cela a été diffusé comme tel alors que c’est un discours préenregistré et qui a fait l’objet de plusieurs coupures. En guise d’illustration, il dit : « À lui entendre et à lui prendre aux mots ».
Colonel Amara semble être dans une Tour d’ivoire quand il déclare que le Président Embalo « en imposant à ses paires la tenue de ce sommet en dehors de son espace géographique, son leadership aura permis de donner l’occasion aux autres de ne pas nous prendre au sérieux, à moins que ça ne soit son objectif ». L’article 8 du traité de la Cedeao est précis : « La Conférence se réunit en session ordinaire au moins une (1) fois par an. Elle peut être convoquée en session extraordinaire à l’initiative de son Président ou à la demande d’un État membre, sous réserve de l’approbation de cette demande par la majorité simple des États membres ». Peut-être faudrait-il avoir recours aux professionnels de la communication avant toute prise de parole de cette nature ? De toute évidence, Embalo est très bien dans son rôle et ce passage du colonel Amara est une fausse information doublée d’une approximation.
« Comme il le prétend »
- Dès lors, il est donc permis d’inviter le patron des Chefs de l’État de la Cedeao, comme il le prétend, à œuvrer davantage pour l’honneur et la grandeur de nos peuples. Le mensonge grossier et les propos qui s’apparentent à de l’intimidation sont de nos jours des pratiques rétrogrades qui n’honorent pas son auteur et ternissent par la même occasion l’image de marque de la Cedeao. Nous ne voulons pas porter cette honte. C’est pourquoi, le temps est venu de dire, ce qui a été dit en Guinée et qui est archi faux et décousu de tout sens.
- Ce dont il a été question dans les échanges est le contenu du chronogramme de la transition. Nous ne ferons l’objet d’aucune publicité pour personne ou pour quelques raisons que ce soit. Le respect de notre pays et de nos dirigeants est la base de toute relation au sein même de la Cedeao. L’instabilité ne peut être une marque de gouvernance ou un droit acquis.
Le Colonel Amara s’est exprimé devant un prompteur ou quelque chose de ce genre. C’est donc une déclaration écrite. Il aurait gagné à élever le niveau de sa déclaration qui a tout d’une discussion tendue dans une gargote. L’État s’incarne jusque dans les plus fins détails. Il aura par cette déclaration, fait montre d’un manque total de hauteur et d’une crise de compétence. C’est d’un niveau déshonorable à la fois pour le pays, sa double fonction, la Présidence et le Cnrd. Il est impensable qu’on titille un Président de cette manière et d’aller jusqu’à dire « comme il le prétend ». C’est très bas.
« Nous ne ferons l’objet d’aucune publicité pour personne ou pour quelques raisons que ce soit ». Le Colonel sait-il qu’il se contredit ? Parler pendant 6 minutes et 25 secondes d’une seule personne est suffisant pour faire abondamment de la publicité au sens littéral du terme. La contradiction est encore plus flagrante quand il déclare que « Le respect de notre pays et de nos dirigeants est la base de toute relation au sein même de la Cedeao ». L’exercice auquel il s’est prêté est la pure expression d’un manque de respect envers un Chef d’État et de surcroit un Président de la Conférence des Chefs d’État de la Cedeao. Le colonel s’est montré très fort dans la novlangue et pour une énième fois, il affirme quelque chose qui n’a aucun sens et en voici l’illustration : « L’instabilité ne peut être une marque de gouvernance ou un droit acquis ». Ce passage n’est pas en cohérence avec son discours et semble sorti de nulle part, un peu comme le premier numéro du magazine de la Présidence, rempli de bullshits et ne traduisant aucune pensée.
« Toutes les démarches menées par lui en lieu et place de la Cedeao étaient de nature à entériner son choix de candidat pour les futures élections »
- La démarche du Président Embalo procède d’une diabolisation du régime de la transition en Guinée. Ça ne marchera pas. Parce que ses intentions et son orientation sont connues. Toutes les démarches menées par lui en lieu et place de la Cedeao étaient de nature à entériner son choix de candidat pour les futures élections. Nous ne laisserons personne prendre en otage la voix du peuple. Si cela nous vaut de l’acharnement, nous voulons rassurer la communauté nationale et internationale que le peuple souverain de Guinée sera au rendez-vous de l’histoire, parce que nous ne reculerons pas.
- Nous invitons les uns et les autres à la vigilance. Une autre évidence est le fait qu’il y ait une nouvelle dynamique dans nos pays qui est impulsée par une nouvelle génération de dirigeants à laquelle appartient le président Doumbouya. Il ne fera pas de suivisme et il n’est pas aliéné.
La déclaration du Colonel Amara même écrite montre qu’il n’est pas consistant. Il s’éparpille beaucoup. Il parle de choses parfois qui n’ont pas un grand rapport. En somme, cette déclaration est incohérente et souffre d’un manque de profondeur. Il veut dire beaucoup de choses et faire passer beaucoup de messages alors que le message qu’il est en train de s’efforcer à faire passer n’est qu’un, finalement dilué dans un tout ambiant.
« Parce que ses intentions et son orientation sont connues. Toutes les démarches menées par lui en lieu et place de la Cedeao étaient de nature à entériner son choix de candidat pour les futures élections ». Sans le nommer, le colonel Amara fait ici allusion à Cellou Dalein Diallo, opposant en exil, très proche du Président Embalo qui l’avait en effet soutenu à la dernière élection présidentielle en Guinée, tenue en octobre 2020 et remportée par Alpha Condé, qui brigua ainsi un 3e mandat, lequel entrainera sa chute du pouvoir opérée par le groupe d’Amara CAMARA, le 5 septembre 2021. Cette allusion est juste. Ce qui noie le propos est le mot orientation. Si le colonel s’était limité à intention, ç’aurait été parfait, étant donné qu’Embalo n’a fait planer aucun doute sur ses intentions concernant Cellou Dalein Diallo. Il a par ailleurs exprimé publiquement son soutien envers ce dernier.
La question de l’orientation voudrait dire que le Président Embalo se servirait de son mandat à la tête de la Conférence des Chefs d’État de la Cedeao pour faire du lobbying en faveur d’un candidat (non déclaré) aux prochaines élections, en la personne de Monsieur Diallo. C’est donc une affirmation suffisamment grave dans la mesure où elle discrédite l’organisation sous-régionale et cela sans preuve. N’en demeure, c’était un bon élément de langage.
En juin 2022, lors d’une interview qu’il a accordée à France 24, à la question du journaliste (« un jeune manifestant est mort la semaine dernière […], vous promettez faire toute la lumière sur ce manifestant… ? »), le colonel Amara a eu l’air paniqué et a répondu par la crise du carburant en Ukraine et en Russie. Soit il n’avait pas compris la question ou qu’il s’est simplement gouré. Peu importe, sa réponse n’avait évidemment pas de rapport avec la question posée. C’était une erreur et à écouter sa présente déclaration, il semble se résoudre à la multiplication des erreurs et des non-sens. Ce passage est à retrouver sur YouTube à partir de 6.22 minutes. Le colonel Amara doit urgemment s’améliorer.
En effet, la suite de phrase « peuple souverain de Guinée » est souvent perçue comme un discours de repli, de faiblesse. Le peuple tout court est l’expression même de la souveraineté. L’adjectif souverain est donc bien curieux dans la bouche du porte-parole de la Présidence alors même que le Fndc dissout usait du même vocabulaire que le colonel Amara a toujours dénoncé en le qualifiant de « narratif ».
« Nous avons consulté l’ensemble des forces vives de la nation »
- Pour ceux qui interrogent l’histoire, on sait qu’en Guinée et partout dans le monde, le Guinéen n’aime pas le manque de respect ou un quelconque diktat. Nous avons volontairement ouvert toutes nos portes à la Cedeao. Mais, nous nous résignons d’accepter que l’image souverainiste de notre si chère institution sous-régionale ne soit pris en otage par des sorties non maîtrisées et imprévisibles du Président Embalo.
- Qu’est-ce qui nous a été proposé pour une sortie de transition à part le calcul arithmétique de jours et de mois ? La situation guinéenne n’est-t-elle pas la résultante de l’inaction et du mutisme de la Cedeao dans l’accompagnement de fait dans la violation de la constitution ? Nous assimilons cet acharnement au fait que les actions de rectification institutionnelle en cours dans notre pays soient de mauvais goût pour certains qui voudraient nous replonger dans les erreurs du passé. Chaque pays a ses réalités et nous assumons les nôtres. C’est la raison pour laquelle nous avons consulté l’ensemble des forces vives de la nation pour proposer un contenu à notre transition. Il est important qu’il y ait un peu de retenu dans certaines prises de parole pour ne pas se donner en spectacle aux yeux du monde.
Le Colonel fait appel à une certaine fierté connue à juste titre des Guinéens. Il parle à l’orgueil de certains jeunes, comme s’il s’attendait à des sanctions qui n’échapperont certainement pas aux membres influents du Cnrd dont lui, en particulier. Dans la nuit du vendredi 23 septembre vers 2 heures du matin (heure de Conakry), les dirigeants de la Cedeao se sont réunis à huis clos à New York et ont décidé de « sanctions progressives » contre les militaires. Une liste de sanctions visant directement l’entourage de Mamadi Doumbouya sera connue dans les prochains jours. Il est à noter que dans le contexte actuel, la Guinée est difficilement sanctionnable, tant les intérêts économiques et notamment miniers sont en jeu.
« Mais, nous nous résignons d’accepter que l’image souverainiste de notre si chère institution sous-régionale ne soit pris en otage par des sorties non maîtrisées et imprévisibles du Président Embalo ». Si cette phrase avait été prononcée sans prompteur, il n’aurait pas fallu en tenir rigueur au colonel. Seulement, c’est une déclaration écrite et projetée certainement sur un écran. La faute d’accord n’est pas excusable. Cette phrase du colonel Amara rejoint la longue liste des non-sens et elle est très mal formulée.
« Il est important qu’il y ait un peu de retenue dans certaines prises de parole pour ne pas se donner en spectacle aux yeux du monde ». Ce reproche du colonel Amara comme tous ceux qui ont été soulignés précédemment, n’est pas mesuré. Il lui est plus opposable qu’il ne pourrait être vis-à-vis du Président Embalo, lequel ne s’est nullement pas donné en spectacle. En tout cas, à en juger la seule interview qu’il a accordée à RFI et France 24 et certainement pas aux propos (affirmant que les militaires guinéens ont accepté un chronogramme de transition de 24 mois) qu’il a tenus face au Président Emmanuel Macron en juillet dernier lors d’une tournée africaine.
« On n’est pas dans une émission de guignol ou de télé-réalité »
- On ne peut malheureusement pas se permettre de parler comme des acteurs des réseaux sociaux pour comptabiliser le nombre de vues. Nous ne permettrons à personne que la presse soit la voix par laquelle un responsable choisira pour parler de notre pays et en profiter pour s’accorder du crédit en disant des choses qui n’ont jamais fait l’objet d’échange.
- La première sortie n’a pas fait l’objet de réaction parce qu’il avait été estimé qu’il fallait de la hauteur. La vérité est que quelqu’un se permet de dire ce qui n’a pas été dit et veut faire croire cela aux gens. On n’est pas dans une émission de guignol ou de télé-réalité. Il s’agit de relations diplomatiques entre des États responsables qui requièrent le respect.
- Au sujet des sanctions préproclamées, nous répondons que ce n’est pas une surprise venant du Président Embalo. Nous regrettons ses propos qui s’apparentent à de l’arrogance contre notre pays et un diktat aux autres Chefs d’État de la Cedeao. Ce qui reste sûr, les prises de position du Président bissau-guinéen ne seront pas de nature à détériorer les relations historiques, séculaires et fraternelles entre nos deux peuples. Nous trouverons en cette période de transition, la force, le caractère et l’union sacrée qui nous permettront d’aboutir à la mise en place d’institutions fortes qui résisteront au temps et à la tentation des hommes. Nous voulons à cette période cruciale pour notre pays pouvoir compter sur l’accompagnement de tous les partenaires sous l’égide de nos frères de la Cedeao. Je vous remercie.
Les propos du colonel exposent son manque criant de charisme. Son langage n’est pas approprié et résulte d’un déficit de compétence qui le rattrape, en l’occurrence, pour les seules fonctions du Secrétaire général et de porte-parole de la Présidence de la République.
Le colonel n’a pas été juste en affirmant que « La première sortie n’a pas fait l’objet de réaction parce qu’il avait été estimé qu’il fallait de la hauteur ». La première sortie est une allusion faite aux propos du Président Embalo en conférence de presse face à Emmanuel Macron. Il indiquait que lors de sa visite à Conakry, il a trouvé un accord de 24 mois de transition avec les militaires. Contrairement à ce qu’affirme le colonel Amara CAMARA, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, avait fait un post Facebook et un Tweet pour se désolidariser des propos du Président Embalo au nom du gouvernement guinéen. Bien évidemment, les deux publications seront supprimées par le ministre. En voici une capture d’écran largement relayée sur les réseaux sociaux :
En conclusion, le colonel Amara CAMARA aurait gagné à ne pas faire cette déclaration qui le dessert et met la présidence en difficulté face aux partenaires de la Guinée. C’était une erreur de communication qui a montré une très mauvaise image de la Guinée et l’état d’esprit au sein du Cnrd. Les propos du porte-parole de la présidence sont empreints de populisme et d’une grande pauvreté intellectuelle.
Ensuite sur le sur la forme :
Le décor était parfait, mais la gestuelle était très mal maîtrisée par endroit et cela se ressent dans le martèlement du colonel et les mouvements de bras qui n’illustrent pas.
♦[1.23 – 1.29] : Le colonel cherche à bien lire et il fait un geste de la tête accompagné d’un mouvement d’épaule quasi spontané comme s’il avait perdu le fil de sa lecture.
Alors qu’il aurait pu reprendre l’enregistrement, un geste flagrant de 3 secondes démontre le manque de professionnalisme dans cet enregistrement totalement imputable à la direction de la Communication et de l’information de la Présidence dont c’est le travail.
♦[1.48 – 1.51] : Le porte-parole fait un geste de sa main droite pour demander qu’on défile son texte. Cela est très gênant à regarder.
Le colonel indique qu’ils ne reculeront pas. Comme pour dire, aucune pression ne détournera les militaires de leur projet et certainement des 36 mois de transition.
♦[3.13 – 3.15] : Son geste de martèlement, l’expression de son visage trahissent ses propos. Il n’est pas ferme et le « nous ne reculerons pas » ne semble pas vrai.
Plus globalement, il aurait fallu une analyse plus détaillée de tout ce qui participe au discours, la tonalité, la tenue militaire et ses ornements, car tout est discours. Mais le fond était beaucoup plus intéressant du point de vue de l’analyse que la forme qui a été travaillée et c’est tant mieux pour la DCI.