Censure

Alpha Condé et les quarante voleurs (billet)

Ni les supporters, ni les détracteurs du président Alpha Condé ne peuvent impunément prendre des libertés avec la vérité plus longtemps. Il faut se rendre à l’évidence des faits. J’ai écouté in extenso l’allocution « lèse-majesté » du président; en toute objectivité, je me dois de reconnaître que le langage est certes ferme et même dur, mais pas offensif à l’encontre de l’ethnie malinké.

Il n’y est pas allé par quatre chemins pour remettre les pendules à l’heure tout en restaurant l’histoire du parti avec toutes ses pages : glorieuses et sombres. Ceux qui se sentaient morveux prirent offense et sautèrent sur l’occasion pour jeter le masque et accusèrent Alpha, le téméraire d’humilier la fière l’ethnie. A moins d’être dupe ou complice, et surtout après l’audition de la déclaration incriminée, force m’est de m’inscrire en faux contre cette interprétation tendancieuse de ceux qui crient au scandale. Il n’y a eu point d’insulte faite aux malinkés en tant que groupe ethnique. Il a plutôt dénoncé sans  les citer tous d’ailleurs ceux des cadres qui vendirent leurs âmes à la défunte dictature militaire ouvertement anti-malinké de l’époque. Ce n’est point question de minuties; c’est la honteuse page de notre lutte politique que les anciens conjurés et compromis ne tolèrent pas que l’on étale au grand jour. Mais ils oublient qu’ils avaient/ont affaire à un Sankaranka prêt à cracher du feu pour rétablir les faits.

Personnellement, je suis à gauche du président sur la question des collaborationnistes. Ma raison, d’ailleurs largement partagée dans les milieux indépendants et désintéressés, c’est qu’en les admettant dans son administration, il renforça certains de ces fourbes habitués à manger tour à tour ou simultanément à plusieurs râteliers. Ils eurent beau jeu d’augmenter les miettes reçues de la junte militaire, les sommes d’argent volées durant la transition/confusion, avec d’autres prébendes et dessous de table arrachés avec le régime actuel. D’où leur outrecuidance et feinte indignation prétendument au nom des malinkés. Faut-il, en l’occurrence, rappeler qu’ils sont en retard de 31 ans, à la tâche. Du 5 Juillet 1985 au 21 décembre 2010, les malinkés, excepté eux, en ont subi et vu de toutes les couleurs en Guinée. En un mot comme en mille, ils osent hausser le ton avec le président à cause de l’erreur de casting commise par celui-ci en les réhabilitant et leur assurant la cagnotte.

Comble d’ironie et de vilenie, l’essentiel de l’allocution qui se voulait tout aussi un discours-programme du parti, reste ignoré dans sa partie utile et édificatrice. Peut-être qu’ils ne voudraient pas que le citoyen lambda prête la moindre attention aux passages traitant des chantiers géants de la construction nationale, notamment : le développement agro-industriel, l’extraction minière, la réforme du système éducatif, la cohésion nationale, l’avenir du parti, le rôle des femmes comme celui des jeunes, et j’en passe. Ces satrapes de la savane, à l’instar de leurs consorts des montagnes et d’ailleurs, ont affamé et abruti le peuple de Guinée, hier. Aujourd’hui, ils se présentent comme ses sauveurs, juste de par leur appartenance ethnique.

L’imposture ne passera que si les honnêtes guinéens y ferment les yeux.

Jusqu’à preuve du contraire et pour le bonheur de la nation, le bâtisseur Alpha est à prendre ou à laisser en paix.

Le 6 juin 2016

Le Témoin de Bafing

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