Pour avoir continué à prier dans sa langue maternelle, le Maninka, le prédicateur islamologue et imam, Nanfo Ismaël Diaby et plusieurs de ses compagnons ont été arrêtés et ils sont détenus au Commissariat de la ville de Kankan. Les ennuis de l’imam lui sont causés par le clergé musulman avec la complicité des responsables administratifs de la ville du grand érudit Cheikh Fanta-Madi Chérif.
Cet imam depuis qu’il a officialisé, il y a un an, sa prière dans sa langue, celle qu’il comprend le mieux dans son âme quel que soit sa vaste connaissance de l’Arabe dans laquelle est écrite le Saint Coran, Nanfo Diaby est persécuté ; il lui a été interdit de prêcher et de diriger la prière dans toutes les mosquées du pays alors que la Constitution guinéenne dans son article 9, alinéa 2 proclame « Nul ne peut faire l’objet de discrimination du fait notamment de sa naissance, de sa race, de son ethnie, de son sexe, de sa langue, de sa situation sociale, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ».
Aucune organisation des droits de l’homme encore moins une entité quelconque n’a levé le petit doigt pour rétablir l’imam trublion dans ses droits. Mêmes nos hommes de robe les plus prompts « à défendre les causes justes » n’ont pas réajusté leurs manches pour le défendre. Quel que soit le sort que va lui réserver notre système judiciaire qui a du mal à équilibrer la balance, Nanfo Diaby sera célébré un jour comme un libérateur de nos peuples qui, malheureusement, se sont toujours fait assujettir devant leurs valeurs culturelles. Car à notre humble avis, entre l’Islam, – une croyance universelle- et l’Arabe, la langue dans laquelle le Coran a été révélé et consigné, il existe un discernement à faire sans aller à l’encontre des principes dogmatiques de la Religion et encore non altérer le fondement de la foi du pratiquant au sens propre du terme. Prier Dieu dans la langue que nous comprenons mieux nous rapproche davantage de Lui, ce principe est connu des initiés. Mais nous laissons ce débat aux spécialistes les plus avisés.
En attendant espérons que dans cette affaire la Justice dira le droit. Et osons réclamer la libération de Nanfo Diaby pour une question d’éthique et de liberté. Au nom de la laïcité de notre République !