Censure

Bébél était généreux, franc, droit, humain, sincère, et courageux ; mais hélas, incompris (témoignages)

Au terme d’une vie fort agitée mais combien riche, Thierno Sadou Diallo, Thiernodjo, Bébél (sur la photo à l’extrême gauche), a tiré sa révérence. Discrètement. Après avoir été hospitalisé deux mois durant au Maroc par les bons soins du Président Alpha Condé, Bébél est rentré à Conakry le 15 janvier pour trouver la mort le même jour. J’ai perdu un confrère, plus, un ami, un jumeau. Bébel était un homme bon, généreux, humain, capable de grandeur morale, de solidarité et de loyauté au-delà de l’imaginable.

Je voudrais ici louer sa générosité, sa franchise, sa droiture, son humanisme, sa sincérité et son courage qui ne l’ont pas épargné, hélas, l’incompréhension des hommes.

La mort est un miroir grossissant dans lequel nous analysons nos propres actes, nos souvenirs partagés, nos succès, mais aussi nos erreurs et nos omissions. Devant elle, notre vie se dessine et cherche sa propre explication, sa propre justification. La mort de Bébel nous interpelle donc à plusieurs égards. Elle nous secoue, nous attrape à la gorge, nous bouscule, nous brutalise et nous force à faire le point sur nous-mêmes, ne fût-ce qu’un point silencieux. Elle interroge ceux d’entre nous qui se croient immortels parce qu’ils jouissent d’un pouvoir qui les grise et les rend ivres. Elle questionne ceux qui ne veulent rien faire ni prendre aucun risque pour changer la Guinée, qui se contentent de se demander “on va faire comment alors”, et acceptent le masochisme d’une vie au rabais. La mort est implacable, inévitable, et plus forte que n’importe quel pouvoir ou lâcheté. La mort est un créancier fourbe et inexorable.

Je salue la mémoire du grand homme que fut Bébel dans sa profession. Mais demain se posera la question de son héritage intellectuel, et notamment celui de la survie du journal ‘’La Vérité’’ comme institution indépendante de tout pouvoir. De ce point de vue, les défis qu’il nous laisse sont nombreux, car peut-être à cause de la dureté du combat qu’il menait quotidiennement simplement pour survivre, Bébel n’a pas eu le temps de gérer son journal de la façon la plus orthodoxe. Ceux qui prendront le relais devront se surpasser pour maintenir et élever les standards d’excellence que méritent les lecteurs de ‘’La Vérité’’.

Dors en paix, Koto ; dors en paix, cher ami et qu’Allah te place sous sa divine protection.

Abdoulaye Snkara (Maco)

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