Censure

Constitution guinéenne/Aucune loi ne saurait être statique (Constant Klonon Kamano)

Exit les grognes sur les occupations illégales de Kaporo-rails et de Kipé II, il est peut-être temps, de revenir aux vrais sujets, ceux qui intéressent ce pays, son présent, son avenir. Concernant l’adoption d’une nouvelle constitution, ça vole dans tous les sens et çà s’exprime sur tous les tons (une dame député de l’UFDG a même traité ‘’d’imbéciles’’ ses sœurs qui voulaient une autre constitution), chacun y allant de ses petites phrases et de ses démonstrations « scientifiques » apportant encore une fois de plus la preuve que dans ce pays aucun sujet n’est tabou. Surtout pas celui-ci et toutes ses implications, contrairement à ce qu’on voulait nous faire croire. En effet, si sa seule évocation donnait de l’urticaire à tous, il semble que ce n’est plus le cas et c’est tant mieux car notre Constitution a vraisemblablement besoin d’un coup de lifting pour répondre au mieux aux aspirations actuelles de notre peuple, de ses principaux acteurs politiques et de sa société civile. Il faut néanmoins noter que le débat se situe pour le moment, au niveau des deux derniers, chacun n’hésitant pas à se faire le porte-parole du premier comme s’il avait besoin de cette caution pour se convaincre de ses propres arguments.

Ceux-là parlent du peuple. Au nom de qui on s’époumone à longueur de journée : le peuple ne veut pas d’une autre constitution ; le peuple ne veut pas d’une révision de l’article qui limite le nombre de mandats présidentiels. Marionnettes, orgueil de pauvres clowns, toupies tournant dans le vide jusqu’à l’épuisement, voilà ce qu’ils sont et ne cesseraient jamais d’être.

En fait, ce qui gêne ce n’est pas la vision que chacun pourrait avoir, mais l’incapacité à écouter les autres et à examiner leurs arguments sans à priori, ni condescendance. C’est un préalable important et qu’il faut résoudre sinon le débat risque de tourner en des joutes oratoires entre des camps opposés œuvrant à s’exclure mutuellement. La démocratie, c’est aussi accepter le choix des autres, même si ce n’est pas le vôtre.

Il y en a qui souhaitent aujourd’hui, une nouvelle constitution, d’autres ne veulent même pas en entendre parler. Dans un tel contexte, il est impératif de parvenir à un consensus national indispensable qui prendrait en compte les aspirations de tous les segments de la société. Ce consensus là, c’est appeler le peuple de Guinée à exprimer sa souveraineté à travers un référendum. Tant il est vrai qu’aucune loi ne saurait être statique.

Comparaison n’est certes pas raison, mais ce qui se passe chez les autres devrait nous enseigner. En effet, le maire de New York, M. Bloomberg, 66 ans, vient d’être réélu pour un troisième mandat de quatre ans. Pour y arriver, il a fallu changer la loi puisque les dispositions municipales en vigueur interdisaient un troisième mandat. Ce même maire, qui a pourtant longtemps été en faveur de ces restrictions, a lancé un appel au Conseil municipal pour lui demander de modifier les dispositions actuelles. Ce qui fut fait. Comme pour dire qu’aucune loi ne saurait être statique.

https://www.france24.com/fr/20081002-bloomberg-veut-briguer-troisieme-mandat-a-mairie-new-york-%C3%A9tats-unis

 

https://www.france24.com/fr/20091104-michael-bloomberg-r-lu-maire-new-york-troisi-me-mandat

Pour suivre les autres, cela implique l’éducation de chacun, et l’on devrait pouvoir arriver à minimiser les nuisances de ceux-là qui ont de réels progrès à faire à ce niveau au vu de leur propension à tancer les autres et à les déconsidérer pour le seul fait qu’ils ne partagent pas leurs opinions. Il ne faudra pas donc tomber dans le jeu de tels individus qui, manifestement ont d’autres agendas à mettre en œuvre que ceux qui intéressent les populations qu’ils ne se gênent d’ailleurs pas de traiter de tous les noms d’oiseaux, oubliant le temps de leurs anathèmes qu’ils prétendent défendre les intérêts de ces mêmes populations. Et ça se dit intellectuels. C’est à croire qu’ils ont traversé la cour de l’université en courant !

C’est dire que le ridicule ne tue pas lorsqu’à un certain niveau d’intelligence pour ne pas dire d’intelligence certaine, on croit pouvoir se passer du bon sens populaire. A tout le moins, ils sont beaucoup plus à plaindre qu’à condamner car l’histoire se fait toujours sans eux puisqu’ils se retrouvent presque toujours à aboyer pendant que la caravane passe. Certains de ces personnages feraient mieux de redescendre de leur piédestal. Ils s’apercevront qu’ils ne sont qu’eux-mêmes et tout eux-mêmes. Ni plus, ni moins ! Et ici comme ailleurs.

Constant Klonon Kamano 

Amiens. France

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