Censure

Crise à L’Indépendant : La Version de la Direction du Groupe

Nous avons  jugé  opportun de rétablir les faits dans cette affaire relative au départ d’un groupe de journalistes du groupe de presse L’Indépendant-Le Démocrate depuis le 8 mai 2014, pour le retard d’une semaine accusé dans le paiement des salaires du mois d’avril.

Notre démarche s’avère nécessaire vu que le groupe dit  ‘’collectif des grévistes de l’Indépendant’’ a saisi le Tribunal de Travail’’, pour réclamer des arriérés de salaire portant sur toute la période de leur absence. En se fondant sur un Procès-verbal de non ciliation des deux parties établi par l’Inspection générale du Travail. Sans qu’il n’y ait eu aucune confrontation entre le groupe de journalistes et la
direction.

Le lundi dernier nous avons donc répondu à la convocation qui nous a été adressée par le Tribunal de première instance de Mafanco. Mais vu que les plaignants n’étaient pas présents à l’heure indiquée par Monsieur le président, l’affaire a été renvoyée en huitaine. Du coup, nous pensions que pour se conformer au secret de l’instruction judiciaire, il n’était pas loisible de communiquer autour de ce dossier, qui aurait bien pu être classé au chapitre des petits faits anodins. Mais, qui malheureusement s’est retrouvé à la Une de la presse nationale. Déchaînant même des passions les plus folles. En effet, on a entendu ces dernières heures certains travailleurs s’épancher dans la presse. Tous se sont évertués à peindre le patron de l’Indépendant-Le Démocrate en noir, Aboubacar Sylla.

Je dirai que c’est là, une première dans les annales de la presse  privée guinéenne, que la Direction d’un journal de surcroit L’Indépendant est trimballée devant les tribunaux, dans le cadre de la relation de travail avec  l’employeur. Et qu’on aille battre le rappel de certains employés qui ont quitté l’entreprise de leur gré, pour grossir les rangs. Pour clouer le groupe au pilori.
Ce qui fait penser à M. Sylla qu’il s’agit simplement d’un complot destiné à déstabiliser son entreprise de presse, histoire de le museler au sein de l’opposition dont il est le porte-parole. N’ayant pas les vieux réflexes de politicien, qui comme vous savez quand la soupe devient chaude, on se permet d’accuser les adversaires de tous les maux, pour paraphraser un homme politique, j’avais au départ essayé de dédramatiser la situation. En ayant une lecture plus lucide de la chose. Je suis arrivé à la conclusion qu’il ne fallait simplement pas ouvrir la boîte de pandores, comme l’ont fait nos amis.

Car, bien que  le droit de grève soit un droit reconnu à tout salarié. Cependant, une grève doit respecter des conditions pour pouvoir être valable. Ce qui dans ce cas ci  n’a pas été fait, outre mesure. Il reviendra en tout état de cause à la justice  de rétablir la vérité des faits.

Il faut toutefois rappeler qu’après avoir quitté la Rédaction le 8 mai dernier, les membres du comité de rédaction et les stagiaires, ont adressé un mémorandum à la Fondation intitulé ‘’mémorandum à la Fondation et la Direction.’’ Nous étions le 7 juin. Un mois venait de s’écouler. Ce mémo de trois feuillets,  comportait 10 points de revendications, dont le paiement des arriérés des salaires et la responsabilisation effective du Directeur de publication et des rédacteurs en chef.
Au niveau de la direction du journal, le défi était énorme, à savoir comment combler le vide créé par l’absence du personnel, pour ne pas interrompre la parution des deux hebdomadaires. Celui du mardi qui est le Démocrate et celui du jeudi, qui est  l’Indépendant. Des journaux qui ont respectivement 14 ans et 22 ans d’âge. Et qui ont su durant leur parcours se dégager des clivages partisans, en maintenant une ligne éditoriale cohérente.

Jusque là, Dieu merci, nous arrivons à tenir le navire, pour ne pas qu’il sombre. Pendant que l’équipe était au complet, il faut dire que « Les absences injustifiées, les retards répétés et le fait de refuser de se soumettre aux directives de sa hiérarchie », étaient entre autres des comportements qui mettaient à mal le bon fonctionnement du groupe L’Indépendant, déjà confronté aux difficultés inhérentes à la presse papier depuis l’avènement de l’internet et des radios privés en Guinée.

Le phénomène est d’ailleurs universel, il ne faut pas se voiler la face. En France par exemple, où les journaux  accusent un  déficit pour la plupart, sont sur le déclin. La Croix du groupe Bayard, L’Equipe et Les Echos sont quasiment les rares titres  qui restent encore rentables.

Les journaux qui survivent grâce aux maigres  subsides  tirés  de la publicité ont du mal à maintenir le cap. Vu le coût élevé de la production. Avec des intrants non subventionnés. Bref, la presse papier doit se débattre pour sa survie. Et en Guinée, la situation est plus alarmante par le simple fait que les grands groupes d’investisseurs ne mettent pas leur argent dans ce secteur.

Contrairement au Sénégal et en Côte d’Ivoire, tout près, où la presse a été à un moment donné un véritable marché florissant, notamment dans les années 90. Les professionnels des médias ne doivent donc pas perdre de vue cette réalité pour un métier aussi  précaire et instable que celui de journaliste. Mais qui reste tout de même passionnant. Raison de plus pour les journalistes  de savoir  raison gardée. Cela y va  de l’intérêt de la corporation même.

La Direction de publication

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