Censure

De l’éducation à la citoyenneté, quels enjeux pour les Guinéens (Par Abdoulaye Barry)

L’école a pour fonction de transmettre et d’enseigner le savoir, mais elle a également pour mission de préparer l’adulte de demain à vivre en société. En outre, l’éducation à la citoyenneté recouvre des domaines divers, mettant en relief un pôle politique et un pôle moral. Elle peut œuvrer à un changement qualitatif de l’individu, à une participation active à la vie démocratique, à apprendre à pérenniser des règles, à adopter des codes de comportement selon le pays dans lequel on se trouve. A titre d’exemple, Thomas Jefferson s’interrogeait sur la manière d’acquérir des talents civiques nécessaires à l’édification de la république. Par la suite, il démontra avec conviction que : « la démocratie ne peut fonctionner sans citoyen. Mais on ne naît pas citoyen, on le devient à l’école. Et comme l’exercice de la citoyenneté est un droit pour tous ; alors chaque citoyen doit avoir accès à l’école. En plus, cette école doit être publique, gratuite et obligatoire ».

Paradoxalement, en Guinée dans les années 70, très malheureusement, l’enseignement scolaire avait été bafoué pour laisser la place à l’enseignent de masses et à des langues du terroir. Ensuite, dès après 1984, les reformes et le retour vers l’enseignement à l’image de la France avaient commencé a porté fruit. Mais en raison du népotisme, du laxisme, de l’amateurisme, de la corruption et du clientélisme, aujourd’hui le constat est très peu reluisant.

Cependant, il faudrait incorporer par l’école une habitude à la discipline qui est la base de la réussite de toute éducation morale, intellectuelle et spirituelle de chaque individu dans son milieu. C’est d’ailleurs, cette discipline qui fait entre autres que le Japon possède le plus haut niveau d’éducation au monde. A titre d’exemple, l’absentéisme est quasi-nul, les enfants travaillent aussi les dimanches et pendant les vacances, pour une durée moyenne de six à huit heures par jour. Selon les statistiques, il n’y ait quasiment pas de redoublement au Japon. En effet, notre analyse voudrait tout simple mettre en exergue, l’importance et la nécessité pour la Guinée de créer toutes les conditions pour donner une éducation scolaire de qualité, durable et soutenue par une discipline durant tout le long du cursus scolaire. Il est évident que, d’autres croient que c’est trop rêver de vouloir se comparer aux meilleurs, alors pourquoi pas se comparer à nos voisins africains…Pour le justifier, d’après Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus redoutable pour changer le monde. » En revanche, l’ignorance est la clé de l’échec et le savoir ouvre toutes les portes.

Une conscience collective nécessaire pour se hisser parmi les pays émergents

En 1960, la Malaisie, le Viet Name, le Singapore et certains pays d’Asie du sud avaient le même niveau de développement que notre pays. En Afrique, le Botswana, le Rwanda, le Ghana et l’Angola sont encore d’autres exemples très illustratifs. Tous ces pays ont par exemple traversé les mêmes péripéties que les nôtres. À la différence, ils ont misé sur les ressources humaines, la volonté dans la discipline et la transparence pour transcender avec une vision futuriste, participative et inclusive de tous leurs compatriotes pour bâtir un développement durable pour leurs populations sur le long terme.

D’une part, Il serait utile qu’on accepte de faire une introspection collective. L’objectif de cet exercice, est de se faire une profonde autocritique sur la manière dont la société guinéenne en général se comporte au quotidien face à ses activités socioprofessionnelles. Avoir la volonté de comprendre en faisant une prise de conscience individuelle. Ce service bien rendu à la société, sera un déclic pour chacun d’entre nous afin d’apporter sa contribution dans la gestion de nos problèmes dans notre milieu social.

« L’introspection est une observation de la conscience individuelle par elle-même. Plus loin, c’est une autocritique, une psychologie, un bilan, un examen de soi »

Etant donné que, chaque individu est un acteur important de la société qu’il soit forgeron, ministre, étudiant, ménagère ; nous sommes tous tenus aux mêmes règles et obligations pour rendre notre milieu, notre espace environnemental plus vivable et mieux organisé. C’est pourquoi, à titre d’exemple, nous (tous les citoyens sans exception) sommes obligés de nous acquitter à temps de toutes nos taxes et impositions, nos factures d’eau et d’électricité, de balayer devant nos portes etc. Sans doute, les citoyens guinéens en l’occurrence qui ne s’acquittent pas correctement de leurs factures de consommation, ils seront exposés à sanctions devant la loi. Et de l’autre côté les structures qui sont en charge de la gestion de l’eau, du courant, de nos ressources collectives pour ne citer que celles-ci en font mauvais usage des maigres ressources, le service sera négativement affecté. Par conséquent, c’est ce qui est à l’origine de la pagaille, le désordre la frustration et la base de tous les problèmes dans notre pays. Ils doivent forcement assumer leurs responsabilités devant la loi.

 Le monde nous regarde et nous observe, promouvoir une bonne image serait un atout pour les investisseurs dans le bled

Un pays est une désignation géographique, une nation désigne le peuple tandis qu’un Etat désigne les institutions fonctionnant sur un territoire.

Cependant, c’est à l’Etat qu’incombe l’obligation d’assurer la bonne marche de toutes les institutions dans le pays en mettant tous les citoyens au même pied d’égalité de respecter les règles et fonctionnements de ses institutions. En le faisant, selon les règles de l’art, il permettra à restaurer son autorité et c’est avant tout la meilleure méthode ou approche pour améliorer l’image de l’Etat et créer une relation de confiance auprès de la population. Comme le monde entier observe et regarde notre pays de près, nos habitudes, nos mœurs sont étudiées et analysées objectivement sans complaisance. Car chaque guinéen (d’en haut jusqu’en bas, de l’intérieur ou ailleurs) est un leader en soi et un échantillon important pour l’évaluation de notre pays à la face du monde.

Il est évident que, chaque guinéen individuellement pris aimerait voir notre pays sortir la tête de l’eau. Sans exception aucune tous les pays du monde sont passés par cette méthode d’approche participative de tous ses citoyens pour se développer. C’est pour cette raison, que nous déplorons à ce jour à tous les niveaux des services publics, l’amateurisme, la corruption, une bureaucratie encombrante et contre-productive. En d’autres termes, c’est toutes ces raisons qui font que notre pays n’est pas attractif. Le plus souvent, certains nous diront que : « l’argent n’aime pas le bruit » ou encore il faut restaurer l’autorité de l’Etat en empêchant les marches et protestations publiques qui découragent les investisseurs à venir chez nous. Autrement dit, chacun devrait se comporter en bon citoyen, leader, voire un bon rôle model pour les générations futures et bon exemple pour notre pays. En effet, il serait plus utile de toujours sensibiliser les gens à adopter des comportements plus décents.

Le rôle de l’Etat dans un pays normal

Dans un pays normal, l’Etat doit assurer la sante, l’éducation, des logements décents, et l’emploi tout en veillant à l’épanouissement collectif de sa propre population. Le président de la république est le garant de l’harmonie du corps social de la nation. Il est l’arbitre de tous les citoyens. Il veuille à l’unité et à la cohésion sociale dans le pays. Les leaders d’opinion, sont à l’écoute du peuple au quotidien, avec respect et humilité. L’intérêt supérieur du peuple prime sur l’individu. La transparence, l’honnêteté morale et intellectuelle sont des vertus. Le respect des règles de bonnes conduites en société sont leurs credo. Un ministre, un député, un fonctionnaire, un commerçant, un éleveur, anticipent et prennent leurs responsabilités chacun dans son rôle. Quand ils font des erreurs ou commettent des crimes, Ils sont tenus obligés de rendre le tablier en se remettant à la disposition de la justice. L’argent du contribuable et du trésor public est NON touchable, sinon c’est une condamnation, suivie de la prison, la saisie des biens, l’humiliation, Tolérance Zéro contre la corruption…

C’est quoi être un bon citoyen dans un pays normal !

Un bon citoyen est tout individu qui se dévoue corps et âme pour son pays. C’est celui qui n’hésite pas à tout sacrifier pour que son Etat aille de l’avant. C’est quelqu’un qui n’hésite pas une sonde d’oublier ses propres intérêts au profit de l’intérêt commun et sa patrie avant toute chose.

C’est aussi ce père qui n’hésite pas à renoncer à la corruption, qui paie les impôts, qui remplit tous ses devoirs civiques juste pour être l’exemple parfait pour son fils. C’est ce petit enfant démuni qui vendant des sachets d’eau aux passants et malgré la faim lui tenaillant les trippes, ne se fatigue pas de dire à ses clients « monsieur, madame, quand vous aurez fini de boire l’eau, jetez le sachet dans une poubelle, une façon de prouver votre amour à votre ville en la maintenant propre.

Tout compte fait, pour être ce bon citoyen, il suffit de prendre notre responsabilité en main. N’ayons pas peur de prendre des initiatives, d’avoir aussi le courage et la probité morale de combattre par tous les moyens toutes les formes de corruption. Assumer nos devoirs civiques, bien connaître et comprendre nos droits. Avec la volonté, la motivation, chacun peut être un bon citoyen pour rendre service à notre pays.

La mauvaise utilisation des ressources accentue le retard économique de notre pays

Malgré toutes les ressources du sol, du sous-sol dont dispose notre pays on a toujours du mal à sortir du trou. Simplement, le principal obstacle se trouve au niveau des hommes et des femmes ; bref au niveau des ressources humaines dont dispose notre pays. Depuis très longtemps, le laxisme avec lequel les compétences du pays sont reparties est très déplorable. De ce fait, à cause du népotisme, du manque de patriotisme, du clientélisme, du copinage, l’amateurisme, on préfère les amis, les parents, l’intérêt personnel aux compétences. C’est pourquoi, ce handicap a toujours été contre-productif et a d’ailleurs accentué le retard économique de notre pays. En somme, dans notre prochaine analyse, la problématique des ressources humaine sera bien explicitée objectivement pour enclencher la formule d’après l’autre : « un guinéen COMPETENT, INTEGRE, HONNETE et PATRIOTE à la place qu’il faut, au service de la Guinée et des populations ».

A bon entendeur, salut !

Abdoulaye Barry

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