C’est avec beaucoup d’interrogations et de frustrations que le Bureau exécutif de l’Urtelgui a appris, dans la matinée du lundi 19 août 2019, le placement sous contrôle judiciaire du journaliste et fondateur de la radio Lynx Fm Souleymane Diallo et la convocation pour le lundi prochain de Abou Bakr, Directeur général de la radio du même nom.
Il convient de rappeler d’emblée que depuis un certain temps, beaucoup de journalistes font l’objet d’arrestations arbitraires sur fond de menaces des commis de l’Etat, pour la plupart des cas. Et ce, sans aucun respect de leur droit et en violation flagrante de la loi L002/22/ 06/2010, qui encadre la presse guinéenne et l’exercice du métier de journaliste dans notre pays.
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui exprime ses vives préoccupations face à toutes ces situations difficiles auxquelles les journalistes sont confrontés.
Le plus préoccupant à ce jour, est le nouveau procédé adopté par certains juges qui franchissent le Rubicon, en écartant simplement la loi L002/22/06/2010 sur la liberté de la presse au profit de celle sur la cybercriminalité. Cela est inacceptable !
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui considère que tous ces évènements ne permettent pas à une presse privée responsable de s’épanouir et de faire dignement son travail pour le bénéfice exclusif des populations. Un tel acharnement au 21ème siècle de surcroit, contre une entité aussi importante que la presse, est une offense contre toutes nos valeurs et un véritable recul pour notre démocratie. Il faut que ça cesse !
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui à la lumière de ce qui précède, prend très au sérieux cette situation et appelle tous les médias audiovisuels à resserrer les rangs pour soutenir fortement tous ces journalistes et médias ayant des démêlés avec la justice, afin d’exiger le respect strict de la loi et de la procédure en la matière.
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui avec l’approbation sans condition de tous ses membres, soutient totalement et entièrement la radio Lynx fm et les deux confrères mis en cause. Il appelle, en outre, à une mobilisation unanime de taille pour exiger le respect strict des droits de la presse en toutes procédures et matière.
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui rappelle à la Haute Autorité de la Communication, l’opportunité de se saisir de tous ces cas d’interpellation sans base légale, avec toutes les irrégularités constatées dans les procédures enclenchées contre les journalistes, pour rappeler aux commis de l’Etat, leur devoir et surtout leur limite dans les cas d’espèce.
Il convient d’ailleurs de citer expressément la loi L003/22/06/2010, qui en donne le plein droit à la HAC, à travers son rôle de régulation et de protection de la presse.
Il convient également de mentionner que l’on n’a plus besoin de trimballer un journaliste entre les postes de gendarmerie, la Direction de la police judiciaire et les tribunaux, car, la loi est très claire en la matière. En cas de commission de délit par le journaliste et par voie de presse, la citation directe à comparaitre devant un juge reste et demeure l’unique voie empruntable.
Nul besoin donc de dire, qu’en matière de droit, la spécificité prime sur la généralité. Et, la loi organique L002/22/06/2010 est la plus spécifique à ce jour, régissant la pratique du métier de journaliste en particulier et la presse en général.
Qu’on respecte les lois de la république. C’est aussi simple que cela !
Le Bureau exécutif de l’Urtelgui attire en fin, l’attention officiellement de l’opinion nationale et internationale sur ce qu’il qualifie d’exactions perpétrées contre les journalistes dans l’exercice de leur métier, et invite les autres associations de presse à une action commune et concertée, en vue d’opposer leur refus catégorique à tout musellement de la presse, par quelque entité que ce soit.
La presse ne peut pas se taire!
Conakry, le 20 août 2019
Le Bureau Exécutif