Censure

Différend autour de la Mosquée sénégalaise : En quoi la dénomination « Mosquée Sénégalaise » dérange-t-elle ?

C’est la question qu’il faut se poser. La dénomination « Mosquée sénégalaise » ne dérange que ceux qui veulent créer des problèmes là où il n’y en a pas. Mais eux-mêmes savent que cette appellation consacrée tire sa légitimité de l’origine même de cette maison de Dieu. Nul n’ignore qu’elle est, après la mosquée d’Almamya, la plus vieille mosquée de Kaloum, pour ne pas dire de Conakry. Construite en 1919 par les nombreux Sénégalais installés à Conakry à la faveur de l’arrivée du gouverneur Noël Ballay (1890 -1900), ce lieu de prière a dès l’origine été appelée « Mosquée sénégalaise ». C’est-à-dire bien avant beaucoup de personnes qui se croient aujourd’hui permises de contester toute légitimité à ces immigrants arrivés en Guinée avec d’autres Africains (Dahoméens, Sierra-Léonais, entre autres), en ces années. Leurs familles sont aujourd’hui bien intégrées en Guinée et sont devenues guinéennes. Ceux qui prétendent que le décret d’attribution de la parcelle mentionne « Mosquée du Centre » ne trompent qu’eux-mêmes. Car cela est une grossière contre-vérité. En effet, l’actuelle Ecole du Centre située en face de la mosquée et qui selon eux, explique le nom de ladite mosquée, ne s’est appelée ainsi qu’après l’indépendance. Les anciens habitants de Kaloum qui vivent encore peuvent témoigner que cet établissement scolaire portait la dénomination « Ecole Urbaine », et avant cela c’était le « Cours Normal ». C’est là-bas que les premiers instituteurs guinéens ont été formés, dans les années 1920. Pour rappel, il faut savoir que cet établissement est devenu une école primaire à la création de l’Ecole primaire supérieure (EPS) Camille Guy (l’actuel lycée 2 Octobre), dans les années 1930. Donc l’appellation Cours normal a été remplacée par celle d’Ecole Urbaine et cela a duré jusqu’à l’indépendance. Longtemps après d’ailleurs, les gens ont continué à l’appeler Ecole urbaine.

Rapport de la commissionLes falsificateurs de l’histoire de la Guinée veulent passer par des incidents mineurs pour créer des troubles là où il n’en faut pas. Ainsi, ils essaient de faire croire que c’est le nom de l’Ecole qui a dérivé sur celui de la mosquée. La vérité est qu’avec le nouveau nom « Ecole du Centre », certains agitateurs de l’époque en ont profité pour essayer de changer le nom de la mosquée et imposer le nom « Mosquée du Centre ». La situation s’y prêtait dans la mesure où les relations entre la Guinée et le Sénégal (ou plutôt entre les deux présidents) n’étaient pas des meilleures. Pas besoin d’entrer dans les détails. Mais ces agitateurs profitent encore de la situation quelque peu difficile des relations actuelles entre les deux Etats, surtout avec cette affaire d’Ebola, pour attiser un sentiment anti-sénégalais par rapport à cette mosquée qui ne mérite pas ce sort. C’est une maison de Dieu, qui appartient à tous les musulmans, quelle que soit leur nationalité ou leur origine. Tenter de faire des amalgames dans cette affaire est une malhonnêteté intellectuelle qui n’honore nullement ceux qui s’y prêtent. La vérité triomphe partout, surtout s’il s’agit d’un lieu de culte. Dire que le deuxième imam, Elhadj Mamadou Sao (de la partie sénégalaise), ne fait pas ses prêches en langue nationale soussou et que cela le disqualifie pour l’imamat n’est pas vrai. Ses sermons sont traduits chaque fois qu’il officie. Comme cela se passe dans de nombreuses mosquées de Guinée où deux langues voire trois sont utilisées pour les prêches du vendredi. Tout porte à croire qu’il s’agit ici de tentatives de dépossession voire d’exclusion d’une communauté de cette mosquée à laquelle elle a toujours été associée. Ces imposteurs de l’histoire veulent communautariser le différend ; faire en sorte que Guinéens et Sénégalais s’opposent. C’est par cette voie qu’ils pensent arriver à leurs fins. Il n’y a aucun problème quant à la nationalité de la mosquée puisqu’elle est située en République de Guinée. Pourquoi parler d’extra-territorialité et de réciprocité ? A Conakry, il existe bien une « Mosquée libanaise ». Qui conteste cette appellation ou son appartenance ? Pourtant c’est une maison de Dieu qui appartient en principe à tous les musulmans. Mais ce sont les ressortissants libanais (qui sont parfois Guinéens également) qui gèrent la mosquée, même si tout musulman peut venir y prier. Dans le cas de la Mosquée sénégalaise, la gestion est du ressort de la communauté sénégalaise qui est à l’origine de sa construction et de sa rénovation. Cela est incontestable. Malgré que l’imamat soit partagé, avec deux imams sénégalais sur cinq (le deuxième et le quatrième), il a été reconnu par la commission qui avait eu à statuer sur ce différend que « se référant à l’historique de l’édifice dont l’appellation s’est imposée d’elle-même, prend la dénomination de ‘’Mosquée Sénégalaise’’ » (voir documents annexes).

Acte de mariage datant de 1947La Mosquée Sénégalaise doit rouvrir ses portes le plus tôt que possible, afin que les musulmans y accomplissent leurs obligations religieuses. Et cela doit se faire dans le strict respect des résolutions contenues dans le rapport de la commission qui avait statué sur le différend autour de cette mosquée. Pour le triomphe de l’islam et la concorde entre les communautés guinéennes et sénégalaises.

Daouda Tamsir Niane

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