Censure

Je suis aussi Charlie

 

Des hommes armés ont attaqué, ce mercredi 7 janvier, le siège de l’hebdomadaire « Charlie hebdo », à Paris. Le bilan est effroyable : 12 personnes ont été tuées dont deux policiers et quatre grands noms de l’hebdomadaire, les dessinateurs Charb (également directeur de la publication), Cabu, Wolinski et Tignous. Aussi, l’économiste Bernard Maris, qui signait des chroniques sous le pseudonyme d’Oncle Bernard, dans  le satirique.

En quelques minutes, une rédaction décimée, un jour de réunion de sa rédaction.

Face à une telle barbarie, on ne peut qu’être de tout cœur avec Charlie Hebdo. Et avec tous ceux qui, épris de liberté sont traqués, malmenés, tués par ceux qui se sentent forts mais qui ne sont en réalité que des lâches défendant des causes perdues.

Comme une amie dont je tais volontairement le nom, je suis choqué et reste sans voix par ce qui est arrivé à Charlie Hebdo, bref à tous les hommes qui veulent être libres. Comme mon amie, je n’étais pas un fan de Charlie Hebdo, à présent je vais souvent le lire. Et je me donnerai tous les moyens possibles pour l’avoir ici en Guinée. Car j’ai la ferme conviction que ce journal ne mourra pas.

En Guinée, cette tragédie doit nous ouvrir les yeux. Comme Charlie Hebdo qui était sous menace depuis l’affaire des caricatures du prophète Mohamet, ici aussi, j’ai été particulièrement menacé de mort ainsi que Sega Diallo, un autre journaliste, par des quidams se réclamant d’un certain Kerfalla Person Camara alias KPC.

La police, les associations de presse notamment l’Aguipel (Association guinéenne des éditeurs de la presse en ligne), le CNC (Conseil national de la Communication), le ministère des Droits de l’Homme, etc. ont tous été saisis. Mais cela n’a semblé choquer personne. Tous sont restés dans une complaisance coupable. Ils sont allés ce mercredi à l’Ambassade de France pour montrer leur « indignation » face à ce qui est arrivé à la presse, à la France, au monde des médias. Question : la démarche était-elle sincère ?

J’oubliais de préciser que l’homme pour qui les injures et les menaces ont été proférées est un homme riche, très riche.

Comme quoi si là-bas, l’ennemi de la liberté s’appelle fondamentalisme religieux ; ici, c’est désormais les hommes dont les origines de la richesse ne sont pas exemptes de reproches.

Les injures et les menaces de mort à notre encontre donnent vie à des extrêmes face à la presse en Guinée. Mais elles ne tueront pas notre liberté à faire notre métier convenablement.

Ibrahima S. Traoré

 

 

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