Censure

Guinée. Le scandale des insertions publicitaires dans « Le Point »

Les ordres de virement de 67 mille 800 euros [un peu plus de 600 millions GNF] de la Caisse nationale de la sécurité sociale [CNSS]en faveur de Universal Communications Country Reporters dont le compte est logé à Morabank Grup SA, installée à Andorre, ont fuité très tôt ce mercredi dans la presse. Il n’en fallut pas plus pour que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright, ne maitrisant apparemment pas le sujet, s’engouffre dedans et ordonne au procureur général de poursuivre Bakary Sylla, DG de la CNSS, et l’ex agent comptable de la boite, Hassimiou Sall, pour « détournements de derniers publics et complicité ».

En réalité, ce montant constitue le paiement d’une facture relative à une insertion publicitaire d’une ½ page dans le journal Le Point, émise en juin dernier par Universal Communications Country Reporters. Selon nos investigations, un certain Jean Michel Metthey, patron de cette structure et son équipe ont été notamment recommandés par Dansa Kourouma, président du CNT à plusieurs sociétés publiques et parapubliques. Avec pour arguments qu’un « reportage sera publié dans le célèbre hebdomadaire français, Le Point. Il mettra en avant les actions menées par notre président Mamadi Doumbouya et les potentialités économiques de notre pays, et aussi le rôle essentiel que joue le Conseil national de la Transition dans l’avenir du pays » ; « il présentera les ambitions de la Guinée et du chef de l’Etat, ainsi que ses ambitions pour le développement économique de notre pays durant cette transition politique si importante pour la Guinée » ;  « les bonnes relations entre la Guinée et la France seront également mises en valeur, tant sur le plan économique que diplomatique ».

La lettre finit par une recommandation « de recevoir cette équipe dans les moindres délais, afin de soutenir ce reportage aussi bien dans ses deux aspects essentiels, éditorial et surtout publicitaire, indispensable et essentiel à un fort impact médiatique de ce reportage ».

Le sieur Metthey devant certains de ses interlocuteurs brandissait le miroir aux alouettes : « quand l’article sortira, la CEDEAO lèvera la sanction contre la Guinée ! » La méthode dans un régime basé sur le trafic d’influence marche comme sur des roulettes. Et l’homme qui semble maitriser les méthodes des républiques bancales africaines ne se prend pas pour une m…Il fixe son prix sans sourciller : A une structure parapublique il a demandé 96 mille euros [près de 850 millions GNF] pour deux pages de publicité avec en pole position, la photo du patron des lieux. A rappeler que cette année que cette année toute la presse guinéenne n’a bénéficié que de 3 milliards et quelques GNF.  Soit 4 ou 5 insertions publicitaires proposées par Universal Communications Country Reporters.

C’est quoi le scandale ?

Au regard des ordres de virement qui ont fuité, la société de M. Metthey a au moins été payé intégralement par une des entreprises contactées. Sans qu’on ne voit le moindre article publié. D’ailleurs, ironie du sort, le seul article publié par Le Point ces jours-ci et après paiement de la facture, parle du « désenchantement de la population guinéenne » un an après la prise du pouvoir par l’armée. C’est pourquoi le lien entre Universal Communications Country Reporters et Le Point est à interroger. Le doute devient systématique dès lors qu’on remarque que le virement en faveur de la société a été fait à Andorre, pays considéré comme un paradis fiscal.

Guinee7.com a pu entrer en contact avec le service commercial du journal Le Point et sa rédaction pour savoir si effectivement  Universal Communications Country Reporters est l’une de ses régies. En attendant la (ou les) réponse (s), nous n’avons vu nulle part dans le calendrier rédactionnel, un « spécial Guinée ». Pire, les tarifs officiels accessibles au public, sont nettement différents de ceux proposés par M. Metthey. Officiellement, ½ page dans le journal ne coute que 24 500 euros et la même dimension en « premium exclusive » est à 28 100 euros. Tout ça loin des 67 mille 800 euros payés par la CNSS sans avoir le moindre article. En tout cas pour le moment.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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