Censure

Insalubrité à Conakry/Des citoyens s’expriment, les maires esquivent la question

La capitale guinéenne présente actuellement une image qui n’honore pas ses citoyens. Des tas d’immondices d’ordures sont visibles un peu partout sur les bordures de routes, dans les marchés et autres endroits. Parfois ces déchets dégagent une odeur désagréable, une fumée noire empêchant même des fois la circulation.

Pour trouver une solution urgente à cette situation qui menace la santé des citoyens de la capitale, dès son arrivée aux affaires, le gouvernement Kassory Fofana a initié que chaque dernier samedi du mois, les citoyens acceptent de nettoyer la ville pendant au moins trois heures. Six (6) mois après cette initiative, le résultat laisse toujours à désirer.

Une stratégie que ne partage pas Abdoul Malick Diallo, citoyen de Ratoma. Pour lui, « les samedis ne sont pas efficaces ; une seule journée dans le mois, ce n’est pas suffisant. A Conakry, on parle de 1 200 tonnes d’ordures ménagères par jour ; donc, s’il faut attendre 30 jours pour ramasser, ça fait combien de tonnes ? Si vous calculez, ça va être énorme. On ne peut pas ramasser 30 mille tonnes en une seule journée à Conakry. Et ces ordures, si ce n’est pas collecté, quel que soit ce qu’on va faire, ceux qui ramassent, c’est le long des routes, au niveau des trottoirs, ce n’est pas dans les quartiers… Et les saletés qui dérangent, c’est au niveau des quartiers. Il faut que dans les foyers ça soit propre ; tant que les foyers ne sont pas abonnés aux PME de ramassage d’ordures, on ne peut pas parler de propriété », a-t-il plaidé.

Parlant de ses attentes par rapport aux nouveaux maires, ce citoyen de Conakry souhaite que « les nouveaux élus de la mairie de Ratoma soient beaucoup plus attentifs, soient impliqués dans l’assainissement de notre commune, parce qu’il y a beaucoup de saletés. Si vous regardez au niveau des trottoirs,  au niveau des terres-plains, les marchés, il y a des ordures. Je souhaite que les élus puissent trouver une stratégie pour la collecte des ordures.  Que tous les citoyens soient impliqués, des poubelles soient installées le long de la route, pour que les gens ne puissent pas jeter n’importe comment les déchets dans la circulation ».

Sur les stratégies qui doivent être mises en place, Ibrahima Camara, un citoyen de Matam, propose que « la mairie sensibilise les citoyens, implique les chefs de secteurs et chefs de quartiers dans la collecte des déchets. C’est-à-dire que chaque famille s’abonne à des PME de ramassage d’ordures. Parce que tant que les familles ne s’adonnent pas aux PME, on ne peut parler de propriété. La propriété, d’abord c’est au niveau de la famille… Après ça qu’on installe des poubelles au niveau des carrefours, le long de la route et que des camions bennes puissent passer chaque nuit pour collecter ces déchets et les amener au dépotoir », a-t-il sollicité.

La gestion des ordures est l’une des 32 compétences accordées aux communes urbaines et rurales. A Conakry, sur les cinq communes, quatre connaissent leurs maires maintenant. Pour le moment, aucun changement n’est visible en matière de gestion des ordures depuis leur prise de fonction.

A la commune de Kaloum, dirigée par un femme, symbole de la propreté, Aminata Touré nous déclarait le 1er décembre dernier : « Nous avons commencé pendant la campagne et nous ne comptons pas arrêter, tant que Conakry ne sera pas débarrassée de tous ces immondices (…) Donc, nous continuons la bataille ; la bataille de l’insalubrité, c’est la bataille de tout ce qui est sale dans la capitale. Il faut un environnement sain ; et il faut un changement de comportements. Nous allons dans les jours à venir commencer la sensibilisation ».

Près de deux mois après la tenue de ces propos, la rédaction de Guinee7 a tenté de rentrer en contact avec elle, pour savoir les mesures qui ont été prises pour débarrasser le centre administratif du pays des ordures. Très malheureusement, la mairesse Aminata Touré n’a pas répondu à nos appels, malgré notre l’instance.

Mohamed Mara, fonctionnaire de son état, rencontré au quartier Bellevue, estime que pour mieux lutter contre l’insalubrité dans la commune de Dixinn, il conseille au maire de « commencer par faire des démarches auprès du gouvernorat ou de l’Etat, pour débarrasser les différents dépotoirs d’ordures qui sont créés un peu partout par des citoyens. Et ensuite, faire en sorte qu’il y ait des poubelles dans tous les quartiers, ainsi que des grands dépotoirs. Il faut également penser à mettre en place une structure qui s’occupera du nettoyage de toute la commune. Structure qui, pour moi, peut-être financée par une partie des impôts générés par les différents marchés de la commune et autres sources de revenus », a-t-il laissé entendre.

Contacté par notre rédaction, le maire de Dixinn, Mamadou Samba Diallo, n’a pas souhaité commenter la question de l’insalubrité dans sa commune. Vu notre instance, il rétorque : « Pour la circonstance, je ne suis pas dans ces genres de choses » (sic).

Bhoye Barry pour guinee7.com

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