Censure

La grève du Camarade Soumah et le gouvernement de notre fameux professeur (Par Ibrahima Kandja Doukouré, New York)

Notre professeur du Droit International Économique nous a dit : « Les rapports de forces ont toujours caractérisé les relations internationales ».

En d’autres termes, les rapports de forces, les moyens de pression, caractérisent même les négociations ou les dialogues entre les politiciens, entre les acteurs d’un même pays ou entre l’Etat et une partie du peuple, comme les syndicalistes.

Ainsi, chaque partie fait toujours en sorte d’être en position de force ou avoir le maximum de pression sur l’autre partie, dans le but de lui imposer ses vues ou la pousser à faire le maximum de compromis dans un dialogue ou une négociation.

D’ailleurs, c’est l’une des raisons qui poussent notre infatigable opposition à être têtue dans ses marches stupides, pour être dans une position de force ou avoir le maximum de pression sur la mouvance présidentielle, même si l’histoire risque de lui donner tort. Un politicien peut utiliser un moyen de pression jusqu’à ce que cela ne crée pas plus de problèmes à ses compatriotes, car dans le cas contraire, il peut dire adieu aux électeurs ; sans les électeurs, il ne remporterait aucune élection. C’est pourquoi, elle n’a gagné aucune élection depuis huit (8) ans, et risque de ne rien gagner dans les circonstances actuelles.

Par ailleurs, il y a quelques mois que notre syndicaliste Soumah et son groupe avaient mis le gouvernement dos au mur, car ils étaient en vraie position de force et avaient le maximum de moyens sociaux de pression sur lui. On était dans une grève illégale, nous disait le gouvernement, qui ne voulait absolument pas entamer les négociations avec ce monsieur ; mais les élèves dans la rue, les destructions et les violences qui les accompagnent ont poussé notre fameux professeur à inviter même Camarade Soumah à la présidence. Le calme était donc revenu dans la cité et les affaires avaient repris leur cours normal.

Malheureusement, notre Camarade qui n’avait pas très bien compris les raisons qui ont poussé le gouvernement et le chef de l’Etat à l’inviter à la présidence, vient de lancer une nouvelle grève avec les revendications qui n’ont aucune chance d’être écoutées, car elles sont fantaisistes, n’a apparemment aucun moyen de pression, n’est dans aucune position de force, et ainsi, ne pourrait guère rien imposer à l’autre partie.

Une autre raison qui a fait que notre Camarade et son groupe ont probablement perdu leurs moyens sociaux de pression sur le gouvernement et que les forces sociales ont estimé sans doute qu’elles avaient été trahies par les syndicalistes qui les avaient, à un moment donné de leur lutte commune après l’augmentation du prix de l’essence à la pompe par le gouvernement, laissé tomber en faisant cavalier seul. Ils avaient abandonné les forces sociales à l’époque, pour continuer les négociations avec le gouvernement sans tenir compte de revendications sociales, et sans savoir que les deux groupes de revendications étaient inséparables.

Aujourd’hui, la grève est en cours, mais certaines écoles privées et publiques ignorent Camarade Soumah et ses amis et le gouvernement ne les écoute guère, allant même jusqu’à suspendre les salaires des grévistes. On ne sait trop combien de temps nos grévistes tiendraient-ils le coup, sans salaires et sans aucun moyen de pression ? On dirait que les rapports de forces et les moyens de pression ont déjà changé de camp.

Cependant, il y a un détail que notre fameux professeur et son gouvernement ignorent très certainement. Les syndicalistes risquent de ne jamais suspendre leur grève, même sans salaires et avec certaines reprises partielles des cours, car ce serait probablement la fin du syndicalisme, ne serait-ce que dans l’éducation. Nos camarades syndicalistes préféreraient continuer toute l’année scolaire dans cette situation, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, et cette année scolaire serait malheureusement partiellement troublée. Ils ne doivent pas aussi oublier que nos camarades syndicalistes peuvent retrouver rapidement leurs moyens sociaux de pression à tout moment et on assisterait ainsi au chaos.

En conclusion, tout laisse croire que notre fameux professeur et son gouvernement sont en position de force avec nos syndicalistes, mais il leur revient d’arrêter cette situation dans laquelle des milliers d’élèves en paieraient les conséquences. On doit aider la partie en face à sauver la face. Le gouvernement a ainsi le devoir patriotique d’entamer le dialogue avec Camarade Soumah et son équipe, quelles soient leurs revendications. Les deux finiraient naturellement par trouver un compromis, les syndicalistes sauveront la face et leurs relations avec leur base continueraient à être intactes et les cours seront complètement repris. C’est la Guinée qui en sortirait naturellement gagnante.

Nos camarades syndicalistes auraient ainsi appris la leçon. La grève est un moyen légitime d’aider les travailleurs à améliorer leurs conditions de vie. Elle doit donc obéir aux lois en vigueur et doit mettre sur la table des revendications qui ne sont pas fantaisistes et qui ont pour objectif d’aider vraiment les salariés. Ce n’est pas parce qu’on a dans le pays les gens qui nous aident à manifester et à détruire qu’on doit se lever du mauvais pied le matin en appelant à une grève, avec les revendications qui n’ont pour objectif que de semer la pagaille dans le pays.

Certes, les enseignants et chercheurs souffrent en Guinée et le gouvernement, par le biais de syndicalistes patriotes et responsables, doit les aider, mais toutes les parties doivent savoir que ces améliorations ne se feront pas en un seul jour. Elles demandent de temps, des esprits patriotiques et de patiences, dans la paix qui accompagne le développement socio-économique.

On finit par dire, et on le croit de toutes nos forces : « Jamais deux parties patriotes ne peuvent s’asseoir autour d’une même table de négociation, toutes ces parties ne pensent qu’à leur pays, sans finir par faire des concessions et de compromis, en trouvant un accord dans l’intérêt général. Si elles discutent et ne trouvent pas un accord, l’une n’est point aussi patriotique, comme elle le prétend, ou les deux ne le sont guère ».

 

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