Censure

Le grand oral de Gassama Diaby

Au lancement de l’atelier sur la prévision et la gestion des conflits (du 19 au 20 Juillet), le ministre de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté, Khalifa Gassama Diaby, a tenu un discours que voici.

Nous voici ici réunis pour trois jours de réflexion et de concertation autour de l’analyse des conflits en Guinée, dans la perspective de la mise en place des infrastructures sociales de paix, de renforcement du civisme et de cohésion nationale.

Je tiens tout d’abord à saluer la présence des Ministres, des représentants de la Présidence, de la Primature, de nombreux représentants des différents ministères, des gouverneurs et préfets ou leurs représentants venus de l’intérieur de notre pays, les 4 Coordinations régionales, les associations de presse, les chefs de quartiers, des acteurs les plus engagés pour la paix au sein de la société civile, et à me réjouir du soutien régulier des partenaires historiques du Ministère de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté : nos partenaires bilatéraux, l’Union Européenne, le Système des Nations-Unies avec un remerciement particulier au PNUD et à l’équipe du Peace Building Fund (PBF) qui ont permis la tenue de cet important et prometteur atelier pour la paix et la cohésion nationale démocratique dans notre pays.

la Guinée n’a pas été un pays en guerre, mais elle fut constamment confrontée aux conflits

Avant de partager avec vous ma compréhension de la situation actuelle en matière de paix, de cohésion nationale, à travers la gestion pacifique des conflits, et d’une mise en perspective des activités à mener dans le futur, je souhaite vous partager mon sentiment.
Au cours des décennies passées, la Guinée n’a pas été un pays en guerre, mais elle fut constamment confrontée aux conflits en tout genre et aux défis de la paix démocratique et de la cohésion nationale.

Sans jamais basculer complètement dans l’irréparable, elle frôla et frôle souvent les violences destructrices de ses fondements sociaux.

Occasionnant parfois des drames humains, des tristesses sociales et familiales qui ont sans conteste souvent ébranlé notre quiétude et notre sérénité communes.

Malgré tout nous gardons pour de multiples raisons une stabilité que nous nous devons de préserver, de protéger, de pérenniser, de défendre et de répandre.

Cette stabilité précieuse à besoin de nos énergies positives patriotiques pour lui garantir une expansion et une pérennité structurelle démocratique.

Et quand on écoute ce que nous font entendre nos concitoyens, ils expriment au delà des vicissitudes du quotidien et de nos futiles crises, une réelle volonté de rester en paix, de faire une communauté de destin et de vivre en cohésion.

Pour y arriver durablement , nous devons ensemble surveiller les conflits latents, de se doter des moyens et des mécanismes fonctionnels et structurels efficients de préservation de la paix et de gestion efficace des conflits d’une part et nous assurer d’autre part que les pays voisins restent dans cette volonté de stabilité et de paix.

C’est pourquoi, le travail d’analyse des conflits qui sera conduit devrait nous conduire au-delà d’une réflexion sur une « Stratégie de prévention et de gestion des conflits ». nous souhaitons plus, nous voulons une véritable « Stratégie pour la paix et la cohésion nationale » Ceci n’est pas une simple question de mots, cela change la philosophie, l’approche et la dynamique de mise en œuvre des activités.

Depuis janvier 2016, la création d’un ministère de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté confirme la volonté de l’Etat guinéen de prendre à bras le corps la question du parachèvement de la construction d’une nation guinéenne débarrassée des obsessions et des peurs de l’ethnicisme et du communautarisme, et des menaces de conflit en tout genre. Chargé notamment de « concevoir, promouvoir et suivre les politiques
de préservation et de consolidation de la paix ». Et de veiller sur « la mise en place d’un dispositif de prévention et de gestion des crises et conflits susceptibles de porter atteinte à
l’unité nationale et à la cohésion sociale ».

Une Direction Nationale de la Prévention des Conflits et de la Préservation de la Paix a d’ailleurs spécifiquement été créée à cet effet.

C’est ainsi que le Ministère de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté a initié, avec l’appui du gouvernement et des partenaires techniques et financiers (Système des Nations Unies, Union européenne, partenaires bilatéraux), un travail d’évaluation des dispositifs et des mécanismes existants et de réflexion sur leur efficacité et leur rendement.

Depuis une année, mes équipes ont pris connaissance des différents rapports rédigés sur le sujet, et se sont rendues sur le terrain afin d’échanger avec les populations et les différents acteurs sur la problématique de l’unité de la nation guinéenne, sur le civisme et le respect de la culture des droits humains indispensable pour la construction d’une société démocratique.

Vous allez ensemble prendre connaissance au cours de cette première journée d’atelier des deux derniers rapports de synthèse réalisés dans le cadre de la mise en place d’une infrastructure sociale de paix,de civisme et de cohésion nationale.

La première étape déjà réalisée sur succès concernait une «Evaluation des initiatives mises en œuvre par les structures sociales de paix existant dans les différentes localités du pays».

Les équipes du Ministère se sont rendues au mois de mai et juin 2017 dans les quatre régions naturelles de notre pays pour collecter les informations et les recommandations des populations quant à ces infrastructures de paix.

A cette même occasion un travail complet détaillé relatif à la « Revue documentaire des études sur les facteurs des conflits en Guinée » fut réalisé.

Ces tensions interethniques semblent encore plus fortes depuis l’avènement
du régime multipartiste ouvert (2010-2017)

Les premiers constats que nous avons fait, et je suis sûr que vous serez en mesure d’en dégager d’autres ou de préciser ceux-ci, peuvent se résumer ainsi :
– La Guinée n’échappe pas au constat qui prévaut pour d’autres pays en Afrique. Les conflits que nous avons connu dans le passé étaient principalement des conflits de dysfonctionnement, de déficience, de manque de normes, de faillite morale et faillite étatique.
– Ces conflits que nous pourrions connaître de nouveau ont été alimentés, entretenus par une ethnicité organisée, par la concurrence pour le pouvoir et les ressources, les inégalités, l’injustice, l’arbitraire, l’exclusion, la persistance de l’impunité, une gouvernance difficile et complexe tant du côté des gouvernants que des gouvernés, des institutions fragiles et des divisions sectaires et entretenues.
– Dans le passé, et encore de nos jours de façon ponctuelle, les citoyens guinéens ou les communautés s’opposent et parfois s’affrontent dans le cadre de conflits identitaires organisés, entretenus, de mauvaises foies, des conflits fonciers, agro-pastoraux ou politiques insensés. Ceux-ci sont récurrents dans toutes les zones du pays, notamment dans nos villes, dans les zones agricoles et dans les zones où les pressions deviennent de plus en plus fortes pour l’accès à la terre agricole et à l’habitat (conflit pour les domaines
d’exploitation, pour les terrains d’habitation, conflit entre agriculteurs et éleveurs, entre autochtones et les autres….)
– Notre cohésion sociale est fragilisée à l’approche des élections où les partis politiques, acteurs politiques et leurs armées de fidèles embrigadés utilisent la manipulation
politique et ethnique à coloration pour s’attirer les faveurs des citoyens.

La notion d’appartenance ethnique se confond alors avec celle politique, sur le cadavre fumant d’un idéal national hypothéqué à vil prix.

Ces tensions interethniques semblent encore plus fortes depuis l’avènement du régime multipartiste ouvert (2010-2017), où la compétition électorale ouverte, première pour le pays, est devenue féroce et émaillée de manœuvres identitaires sans lendemain.
Cette éthno stratégie utilisée par la plupart des acteurs politiques affecte notre désir vital de Nation, de cohésion, de paix sociale et de devenir commun.

La cohabitation, et les tensions se ravivent à l’approche des élections, enlevant à celles ci tout son sens démocratique et toute sa dimension réparatrice.

Alors qu’en temps normal, les populations vivent en harmonie et en coexistence pacifique et harmonieuse.

Faisant ainsi des facteurs ethniques les éléments conflictuels et aggravant de nos conflictualités existentielles.

– Notre pays a démontré malgré tous les périls qui l’ont guetté et qui le guettent encore, une réelle capacité à assurer une résistance au désastre irréversible.

Il nous faut tout d’abord ne pas abuser de ces acquis parfois providentiels, ensuite analyser les raisons profondes de cette réalité et enfin consolider structurellement et politiquement les fondements de ces paradigmes.

Il nous faut également renforcer les alternatives pour les populations confrontées
à des défis urgents (pauvreté, pandémies, offre d’emploi insuffisant pour les jeunes, insuffisance des prestations de service en matière d’eau potable, d’électricité, d’assainissement, et autres structures éducatives et médicales). Et il est tenu de le faire rapidement et équitablement au risque d’alimenter les conflits, sous‐développement, les oppositions conjoncturelles de routes sortes.
– Une mauvaise gestion des ressources humaines et naturelles dans un secteur minier en pleine expansion, et une répartition inéquitable de ses revenus sont susceptibles également de créer des zones de tension et de générer des conflits interminables.

– La fragilité des systèmes en cours de réforme (réforme du système judiciaire et de la sécurité – forces armées, police, gestion des frontières, douanes) les exposent à ne pas être en mesure de remplir leur mission de prévention et de gestion des conflits, et notamment : élimination des diverses menaces qui pèsent sur la sécurité (y compris
le terrorisme et les activités illégales) ; contrôle du territoire notamment dans les régions les plus éloignées ; gestion des frontières, sécurité humaine garantie lors des manifestations ; application des lois (enquêtes, procès, etc…) dans le respect des
droits de l’homme. Dans ce contexte, la montée des frustrations liées à la persistance des injustices et de l’impunité est un facteur de conflit ;
– Notre pays ne vit pas coupé du monde. Bien au contraire, il partage ses frontières avec six Etats et dispose d’une longue façade maritime.

Cette situation géographique exceptionnelle peut aussi devenir une source potentielle de difficultés géopolitiques, avec des risques importants de transmission de conflits et de tensions.

Dans le passé, la Guinée a subi les contrecoups des guerres civiles et conflits dans les pays frères voisins…,les effets importants et contrecoups manifestes de ces violences y demeurent encore, aussi bien sur la vie politique, économique que sociale du pays.

il y a aujourd’hui un désarroi universel et une crise des valeurs qui n’épargne pas la Guinée

Des menaces pèsent aujourd’hui sur notre avenir avec la montée de la radicalisation et des extrémismes, et la perturbation des communautés liée à l’augmentation des flux migratoires, mais aussi d’un mouvement notable des populations à l’intérieur du territoire national, notamment l’exode des populations jeunes vers des centres urbains déjà surpeuplés et en proie à de violences multidimensionnelles.

– Enfin, il y a aujourd’hui un désarroi universel et une crise des valeurs qui n’épargne pas la Guinée. L’idée d’Etat-Nation est devenue une incantation des mauvais au lieu d’être l’espoir lucide de tous les instants.

Ceci m’amène à une somme d’interrogations : Comment renforcer la connaissance et l’influence de certaines de nos valeurs qui permettent une coexistence harmonieuse, juste, libre et épanouissante pour tous ?

Comment enrichir la citoyenneté en intégrant notre riche diversité ethnique, les minorités et les communautés dans la construction de notre démocratie citoyenne fondée sur la prééminence du droit, de l’égalité de tous devant les droits et les devoirs, devant la liberté et la liberté ?

Comment permettre au citoyen guinéen de connaître ses droits mais aussi de jouer son rôle dans l’édification d’une démocratie au service des peuples, au service de la liberté et de la justice ?

Comment tous parler une seule langue tout en gardant l’ensemble de toutes nos langues qui fait notre richesse et notre diversité ?

Comment faire en sorte que nos conflits inhérents à la vie sociale deviennent des occasions d’apprentissage démocratique et citoyen?

Comment donner à la société civile dans son engagement citoyen, les moyens d’une régulation et d’une pacification sociale, en jouant pleinement et rigoureusement son rôle d’actrice responsable de notre vie sociopolitique?

Comment donner à l’état les moyens de sa responsabilité et lui garantir des mécanismes efficients de régulation normative?

Vous constaterez probablement, comme j’ai pu le faire, que les rapports et les études ne manquent pas afin de nous permettre de mieux comprendre ce qui peut troubler la paix dans nos communautés et dans notre pays. Il est ainsi possible de considérer que nous disposons maintenant d’une typologie des conflits conséquente. L’analyse des conflits que vous conduirez au cours de la seconde journée doit cependant accorder une importance particulière à la connaissance et à l’encouragement des stratégies de paix inspirées par nos valeurs endogènes ( à condition bien entendu que celles ci soient conformes aux idéaux démocratiques et aux principes universels des droits .

Ainsi les méthodes de médiation y gagneront en efficacité et seront mieux adaptées.

Nous savons que certains savoir-faire et savoir-être et certaines expériences ont fait leur preuve. Nous devrions nous en inspirer, les structurer, les pérenniser.

Dans le règlement des conflits communautaires, certaines « vieilles recettes » ont fait et continuent de faire leur preuve

La culture de concertation, de médiation, de négociation et de prise de décision consensuelle devrait nous guider et guider structurer nos mécanismes de résolution des conflits , avec le principe de justice, d’équité et de dignité, comme perspective immuable.
Nos systèmes de gouvernance doivent viser la cohésion sociale, la stabilité, la gestion de la pluralité comme facteurs essentiels de notre démocratie.

Dans le règlement des conflits communautaires, certaines « vieilles recettes » ont fait et continuent de faire leur preuve : des jeux, des parentés à plaisanterie, le recours aux anciens et aux sages pour rétablir le dialogue, la « palabre ». Nous pourrions ainsi nous
appuyer sur ces traditions participatives, les dispositions culturelles des différentes populations mais aussi sur le respect des droits citoyens, promus par les institutions étatiques, afin de renforcer une démocratie réellement fonctionnelle et décentralisée.

Ceci certainement contribuerait à combler le fossé qui se creuse entre de plus en plus et chaque jour entre l’Etat et les citoyens.

Seule la mobilisation de chacun, à son niveau de responsabilité et d’implication pour l’édification d’une communauté nationale démocratique. Une mention particulière doit être faite aux femmes qui ont contribué de manière déterminante à la résolution de nombreux
conflits dans notre pays, sans oublier bien entendu cette société civile, qui malgré tout, demeure soucieuse pour la paix et la cohésion nationale.

L’implication des jeunes dans les réseaux éducatifs formels et non formels doit être encouragée afin qu’ils s’approprient les valeurs favorisant la paix, la culture du civisme, des droits de l’homme, de la solidarité, le respect des différences et la participation à l’effort collectif de développement et de démocratie.

Ce dialogue doit bien sûr être intergénérationnel pour ne pas contribuer à créer de nouveaux fossés.

La troisième journée d’atelier devrait vous conduire à déterminer, sur la base de l’exercice participatif d’analyse des conflits rigoureuse et sans concession que vous aurez conduit la veille, les axes d’intervention stratégique prioritaire en vue de l’élaboration d’une véritable Stratégie nationale pour la paix,la citoyenneté démocratie et la cohésion nationale.

Certains points nous intéresseront aussi lors de cet atelier, dans le cadre d’une analyse holistique de notre situation nationale en matière de paix, de développement harmonieux et équitable et participation citoyenne démocratique aux enjeux nationaux :
• La Guinée a dû affronter une épidémie majeure au virus Ebola.
Celle-ci a entraîné de nombreuses morts , des consequences diverses et notables. Elle aurait pu déboucher sur des situations conflictuelles et dramatiques majeures, mais le pays a su s’organiser et stopper l’épidémie ; avec l’engagement de tous et le soutien de la communauté internationale.
• Un Dialogue politique inter-guinéen a abouti à l’Accord du 12
octobre 2016 qu’il convient d’accompagner et de soutenir au mieux pour sa pleine
réalisation et son aboutissement heureux, dans l’intérêt de notre pays et de notre idéal démocratique.
• Plusieurs échéances électorales nous attendent dans les cinq années qui viennent. Il conviendra de réduire au maximum le risque d’instrumentalisation de celles-ci, de violences, pour qu’elles soient en mesure de refléter les principes démocratiques dans toute son expression libre et souveraine, de chaque guinéen;
• La Commission Provisoire de Réconciliation Nationale (CPRN) a remis officiellement son rapport au Président de la République en juin 2016, il est important voire vital de donner sens à ce rapport et d’entamer réellement la mise en oeuvre de ce processus de réconciliation nécessaire,voire impérative.
• La Guinée a engagé d’importantes réformes structurelles dans le cadre de la mise en œuvre de Lettres de politique nationale (Lettre de Politique nationale de décentralisation et de développement local, 2011 ; Lettre de Politique nationale Genre, 2011 ; Lettre de Politique de réforme du secteur de sécurité, 2012-2021 ; Lettre de Politique nationale de réforme de la justice, 2012-2024 ; la mise en place du Conseil national des jeunes, suivi de l’obsevatoire national des jeunes et le programme national d’insertion socioeconomique des jeunes, Lettre de Politique Nationale de Développement Economique et Social – PNDES 2016-2020). Il ne s’agit pas ici de les « recopier » mais certainement de voir comment les accompagner et les faire connaître au mieux à nos concitoyens afin qu’elles soient pleinement des instruments de paix et de cohésion nationale
• Un plaidoyer s’est engagé au niveau international, régional et national pour une aide extérieure renforcée et impartiale ;
• La Semaine Nationale de la Citoyenneté et de la Paix (SENACIP) a eu lieu pour sa première édition du 1er au 7 novembre 2016. En faisant l’objet d’une loi, elle est devenue un évènement institutionnel. Les équipes du Ministère de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté travaillent actuellement à la préparation de la seconde édition de la SENACIP qui aura lieu du 1er au 7 novembre 2017 ;
• Le Médiateur de la République est installé en application de la Loi organique LO n°004/CNT/2013 qui définit le fonctionnement, les modalités de saisine et d’intervention du Médiateur de la République ;
• Une réflexion est en cours, qui associerait l’institution du Médiateur de la République et le MUNC, sur un mécanisme d’échanges pérenne entre les gouvernants et les gouvernés : l’Espace d’Interpellation Démocratique. Cet exercice de participation à la vie du pays renforcerait la culture citoyenne si fondamentale pour notre pays . Chaque citoyen pourrait choisir de participer ou non. Pour le citoyen décidant de participer, il apporterait ainsi sa contribution majeure à la construction et au fonctionnement de notre democratie républicaine ;
• L’Institution Nationale Indépendante des Droits de l’Homme fonctionne depuis courant avril 2015. Elle a certainement une partition à jouer dans le cadre de la prévention et de la gestion des conflits ;
• Le gouvernement a redynamisé ou renforcé des infrastructures de paix sur l’ensemble du pays. Comme vous le savez, ces infrastructures ont pour vocation de renforcer la cohésion sociale et de prévenir les conflits qui pourraient mettre à mal la paix et l’unité nationale a construire durablement dans notre pays.

Des mécanismes d’alerte précoce ont été initiés. De nouveaux cadres d’échanges communautaires inclusifs et participatifs ont également vu le jour. Comment appuyer ces initiatives pour assurer leur pérennité et maintenir un espace de dialogue ouvert dans chaque communauté pour favoriser la construction d’un ensemble national homogène et démocratique ? Comment les fédérer dans la souplesse afin de préserver la spécificité
de chacune de ces infrastructures de paix ?

Nous avons encore à apprendre de nos propres expériences et de celles d’autres pays. Ainsi en est-il de quelques pistes supplémentaires d’activités pour l’avenir :
– Apprendre à connaître et s’inspirer de nos exemples locaux et des exemples nationaux du Ghana et du Nigeria en ce qui concerne l’implication des autorités traditionnelles dans la gestion de conflits ;
– Faire mieux connaître notre histoire et notre richesse aux citoyens, à nos enfants et à nos jeunes (enseignement scolaire, éducation civique) ;
– Eduquer nos enfants à communiquer tranquillement et sereinement dès le plus jeune âge;
– Renforcer l’apprentissage d’une seule langue nationale tout en soutenant l’apprentissage des langues vernaculaires ;
– Faire connaître et vulgariser les principaux textes qui organisent notre démocratie et la vie des communautés : la Constitution ; les différents codes définissant le cadre de notre justice (code civil, code pénal et codes de procédure pénal et civil) ; les principaux
textes organisant la sécurité et la défense de notre pays et de ses habitants ; les principaux textes qui nous permettent de choisir nos dirigeants nationaux et locaux ; les codes agropastoral et foncier qui influencent la vie de chacun, les relations, et l’organisation du territoire ; etc…
– Encourager l’éducation à la citoyenneté et la culture de la paix qui
nous est chère.

Il est difficile de gouverner, convenons en , critiquer est essentiel, proposer est fondamental, agir est majeur

Notre pays, la Guinée, est riche de sa pluralité ethnique, de sa diversité culturelle et linguistique. Ses terroirs sont un mélange inextricable de groupes et de communautés différentes, et de fusion entre langues et pratiques coutumières. Nous pouvons être fiers
d’avoir surmonté à plusieurs reprises les risques d’embrasement du pays alors que les guerres faisaient rage dans certains Etats voisins.

Nous avons en nous les capacités de surmonter les risques et les menaces pour la paix. Nous avons en nous l’énergie et la tempérance pour impulser une synergie d’action entre les initiatives locales et nationales, tout en participant ou en favorisant des concertations
régionales en faveur de la paix.

Vous avez la possibilité de tracer le chemin au cours de cet atelier. Les axes que vous recommanderez devraient permettre de répondre à cette question : Que voulons-nous pour la paix de notre pays ? Comment valoriser ce qui fait notre cohésion et nous permet de surmonter les crises et les risques de conflit majeur ?

Il est difficile de gouverner, convenons en , critiquer est essentiel, proposer est fondamental, agir est majeur. Au regard de l’ensemble de la situation de notre pays, en matière de cohésion nationale, de paix juste et durable, de civisme démocratique, la tâche est dure, très dure, mais nous pouvons y arriver.

Pour cela il faut avoir à l’esprit quelques évidences: La violence n’est et ne sera jamais la solution, d’où qu’elle vienne et quelque soit le motif. Il nous faut, user de nos esprits et de nos coeurs pour parvenir à construire une nation guinéenne fondée sur les valeurs de paix, de justice, de libertés , d’égalité, de dignité, de respect mutuel et de prospérité partagée.

Je compte sur votre travail rigoureux, responsable et objectif, dans l’intérêt de la paix, de la cohésion nationale et de l’enracinement de la culture citoyenne.

Je vous remercie.

Le Ministre de L’unité Nationale et de la Citoyenneté
Khalifa Gassama Diaby

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