Censure

Le RPG, un géant terrassé par le PADES ? ‘‘Je crois que vous allez trop vite en besogne’’, répond Ousmane Kaba

Dr Ousmane Kaba  président du parti (PADES) a été reçu récemment dans l’émission les Grandes Gueules, de la radio espace, où il s’est indigné du retard accusé dans la tenue des élections locales. Le leader du PADES a aussi abordé plusieurs questions relatives à l’actualité nationale, dont l’accord des 20 milliards us passé avec la Chine, et les violences enregistrées à Boké.

Parlant de l’an 59 de l’Indépendance guinéenne, rapidement sur l’adresse du président de la de la République et l’appréciation globale que vous faites de la célébration et les festivités décembre qui sont prévues à Kankan. Quelle lecture vous faite ?

Moi, je pense qu’à ce jour, il serait bon d’être reconnaissant vis-à-vis des premiers guinéens qui se sont battus pour arracher notre indépendance. Je pense au président Ahmed Sékou Touré, je pense à Saifoulaye Diallo, je pense à M. Béavogui. Vraiment, c’est une génération qui a fait son travail. On ne pouvait pas demander plus. Aujourd’hui, la nouvelle génération des politiciens est en train de faillir  à son devoir qui est d’apporter un peu de prospérité à notre peuple, c’est ce que je peux dire.

La faute aux politiques  Dr Ousmane Kaba ?

Oui, ce sont les hommes politiques  par définition qui prennent les décisions publiques.

Vous trouvez qu’en 59 ans après,  la Guinée a trouvé son pari ?

Non ! 59 ans après, d’abord, nous avons réussi quand même a arraché l’indépendance. Et je rappelle que la Guinée a été le levier de l’indépendance de toute l’Afrique de l’Ouest et le reste de l’Afrique. Je crois que la Guinée a joué un rôle pionnier que nous avons d’ailleurs payé très cher à l’époque puisqu’elle a été isolée sur le plan diplomatique, sur le plan financier, sur le plan politique. Nous avons été sous embargo, pendant très longtemps. Cela a influencé le destin de notre pays. Malheureusement, le premier régime sous cette pression énorme était orienté vers le communisme. Ça a été un choix malheureux. Certains diraient un choix imposé bien sûr mais le communisme n’a réussi nulle part, quand vous regardez l’histoire de votre 20ème  Siècle. C’est une tragédie, le communisme.

Je crois que cela a joué sur le destin de la Guinée. En plus de cela, nous avons eu des présidents qui sont restés très longtemps et qui n’ont pas apporté ce qu’ils auraient dû apporter à mon avis, qui n’étaient pas très, très qualifiés pour diriger la Guinée.

A votre avis, est-ce qu’ils ont tiré les leçons des autres fêtes organisées à Boké, Mamou, Nzérékoré? On a remarqué que dans ces zones-là, ça s’est souvent terminé auprès des entreprises et autres par l’échec total ?

Non ! Pour être franc, il n’y a pas de préparatifs puisque personne ne connaissait la date. Je crois que même, je l’ai appris hier, c’est en décembre, c’est maintenant que  ça a été dit. Je crois que c’est maintenant qu’ils vont commencer mais pour le moment, il y a rien du tout. Et l’autre problème que vous posez notamment les différences, les problèmes des entreprises qui ont travaillé avec l’Etat dans le cas des fêtes tournantes, ce n’est pas seulement  Kankan. Malheureusement, c’est un constat général, lorsque les entreprises sont en relation avec le trésor guinéen. C’est l’entreprise qui meurt.

On a vu qu’il n’y a pas de motivation pour ces entreprises là pour se relancer dans la course, vu qu’il y avait là des difficultés à régler les anciennes notes?

Mais justement, l’accumulation des arriérés, c’est vraiment l’assassin des entreprises privées en Guinée et ailleurs.

Vous venez de faire une tournée en Haute Guinée. Qu’est-ce que vous avez constaté sur le terrain, en même temps, on nous apprend qu’il y a des démissions du côté de PADES ?

C’est la première fois que  je l’apprends. C’est juste une opération de com des adversaires qui se sentent menacés sur le terrain.

Y a pas eu de démissions au PADES ?

Je ne suis vraiment pas au courant. Je ne sais pas qui a démissionné et où.

C’est à Siguiri.

C’est vous qui me l’apprenez. Pour parler plus sérieusement, j’ai commencé par la Haute Guinée. Et c’est vrai parce que la Haute Guinée était réputée être la zone imprenable qui appartenait à un certain parti politique. Il était important pour assoir la crédibilité du nouveau parti, de commencer par cette zone réputée difficile. Ce que j’ai constaté, c’est que les populations sont déchues parce qu’elles n’ont pas eu accès aux infrastructures de base comme cela a été promis depuis 7 ans. Les routes, les accès sont extrêmement difficiles pas seulement la Haute Guinée. C’est toute la Guinée, et comme je viens de cette région, je l’ai constaté de visu. Les populations manquent franchement d’eau, d’électricité et de routes.

Et le deuxième élément qui me semble encore plus important, c’est que tous les jeunes sont au chômage.  C’est extraordinaire ! C’est un pays qui est arrêté. Tous les jeunes sont pratiquement au chômage. Je l’ai constaté, je l’avais déjà vu ici à Conakry mais à l’intérieur du pays, c’est encore pire. Il y a une absence totale de l’Etat.

Aujourd’hui vous avez un programme, une nouvelle vision. Dans la tête de vos militants,  ce n’est plus au Pr Alpha Condé qu’ils doivent faire confiance mais à vous désormais. Est-ce que vous vous posez quelques fois la question  de savoir  qu’est-ce qui s’est passé? Pourquoi vous en êtes là aujourd’hui ?

Oui ! Et non ! Oui ! Pour certains mais en réalité beaucoup d’entre eux savaient déjà tout ce qui se passe ici. Moi, j’étais impressionné par la capacité d’analyse dans les villages. Vous savez, nous les intellectuels, nous avons tendance à sous-estimer les illettrés qui se trouvent dans les  villages, les vieux etc. Et je vous assure qu’ils ont une très grande capacité d’analyse. Beaucoup de gens se posent  cette question et sont informés et ensuite, ils font un raisonnement juste. Beaucoup disent, voilà nous avons accordé notre suffrage au professeur Alpha Condé pendant deux mandats, et bientôt c’est la fin du  deuxième mandat, il faut bien qu’on regarde ailleurs.

L’affaire troisième mandant. La Haute Guinée, selon certains observateurs, pouvait être un peu le levier de cela. Vous pensez qu’une telle conception n’est pas de mise dans la mentalité des gens en Haute Guinée ?

Ce n’est pas ce que moi j’ai entendu.

Le RPG, un géant terrassé par le PADES ?

Je crois que vous allez  trop vite en besogne, ce que je dis, c’est que   le PADES est en train de s’installer très bien en Haute Guinée et que beaucoup des gens commencent à regarder ailleurs.

C’est clair que la date des élections communales est annoncée. Comment le PADES  se prépare-t-il déjà ?

Tout parti politique a vocation de conquérir le pouvoir. La vocation, c’est de participer à toutes les élections: les élections communales, les élections législatives et les élections présidentielles. Donc c’est normal déjà à l’intérieur du pays dans beaucoup de zones, ce n’est pas seulement en Haute Guinée même au Fouta. Il y a beaucoup de gens qui commencent à me dire : écoutez nous, nous serons intéressés à être candidats dans notre commune. Et le rôle d’un parti politique, c’est d’appuyer ses militants lorsqu’ils ont des ambitions légitimes.

Ce que je dois dire,  je reviens sur un problème de fond en Guinée. Vous savez la démocratie se repose sur un certain nombre de valeurs. L’une des premières valeurs: les dirigeants doivent être élus par les citoyens et ce libre choix passe par des élections régulières, des élections à des dates constitutionnelles. L’un des gros problèmes que nous avons avec notre démocratie, c’est que nous avons des dates mouvantes. A partir de là, il y a un gros problème sur la conquête démocratique de la Guinée.

On nous dit toujours que c’est la CENI mais la CENI ne dispose  pas d’un budget. C’est l’Etat qui donne le budget  à la CENI. Il suffit que l’Etat traine les pieds et le tour est joué. Depuis 7 ans, il n’y a pas d’élections communales en Guinée. C’est un scandale démocratique et c’est un déni de démocratie. C’est très important de le dire ici.

Avec cette nouvelle date qui est annoncée, est-ce que vous Dr Ousmane Kaba vous y croyez? Est-ce que vous pensez que cette date sera tenue bien que le président de la CENI nous rassure ?

Mais les précédentes dates aussi,  on avait exactement les mêmes types de discours. Je crois qu’on a un problème de crédibilité et c’est très important. La crédibilité, c’est lorsque vous parlez que les gens vous croient, c’est ce qu’on appelle la crédibilité et si vous avez un passé de déni, la crédibilité est difficile à faire asseoir, voilà ce que nous avons.

On sait qu’aujourd’hui l’opposition a pas mal de revendications. Est-ce que vous vous retrouvez à l’intérieur de ces revendications portées par l’opposition républicaine. Un des éléments de cette revendication, c’était qu’un budget soit mis à la disposition de la CENI pour l’organisation de la communale. Est-ce que tout est parti pour vous rassurer ?

Moi, je ne sais pas si la totalité du budget est donné à la CENI. Moi, je suis un économiste, je ne crois qu’aux projets qui sont financés. J’ai de bons rapports et avec l’opposition et avec  certains éléments de la mouvance mais dès le départ, j’ai dit que je ne fais pas partie de cette opposition républicaine pour les deux raisons.  Je les signale tout le temps,  la première raison, c’est parce qu’elle est intolérante tout comme le pouvoir. J’ai assisté à des expulsions à des parts et d’autres.

La deuxième raison, c’est que c’est un nouveau parti. Moi, je n’ai pas le droit de décider tout seul. Je vais me retrouver avec mes militants à un moment donné, nous allons discuter et nous allons prendre une décision collégiale. J’ai toujours dit que  le positionnement sur l’échiquier politique en Guinée ne doit être confondu avec un positionnement idéologique. Sur le plan idéologique, nous sommes un parti libéral, libéral et social parce que je ne crois pas au communisme. Je crois à la solidarité africaine.

Vous n’aimez pas le communisme mais vous avez accompagné le Pr Alpha Condé ?

Oui ! Mais sur quelle plateforme ? Sur une plateforme libérale. Je vous préviens.  Regardez le projet de société du PRG arc en ciel, c’est un projet de société libérale. C’est sur ça que nous nous sommes entendus.

Beaucoup de personnes se disent que ce n’est pas la première fois que vous créez un parti politique. On se rappelle du parti PLUS. D’aucuns disent c’est juste pour amuser la galerie, demain le professeur va l’appeler, il va revenir encore fondre son parti ?

Je vais vous donner une réponse nette et sans langue de bois. Ça ne se passera pas. Je suis catégorique, je ne pourrai fondre mon parti avec aucun autre parti parce que la situation ne s’y prête pas du tout. Je l’ai fait à l’époque  parce que je croyais. Le PADES ne sera plus fusionné avec aucun autre parti. C’est aussi clair que ça.

Vous savez, on a entendu des politiques dans ce studio, on a entendu Kassory ici.

Moi, je ne ferai jamais parce que les conditions sont complètement différentes, les perspectives sont différentes et la situation est complètement différente. J’ai envie de dire comme pour parler avec mon ami, qu’on ne se lave jamais deux fois dans le même fleuve. Le monde est un monde dynamique, c’est un monde changeant. La vie change, le pays change.

Vous avez votre Premier ministre qui est dans la course, à la conquête, M Sydia Touré. Il a ses arguments en tant qu’économiste, vous pouvez avoir un dialogue chiffré et ça peut vous amener à fondre votre parti dans le sien.

Pas du tout. On doit faire des alliances, mais ne pas fondre notre parti dans un autre. Les partis doivent se retrouver, lorsque vous partagez les mêmes points de vue.

Votre point de vue sur la réforme de la CENI ?

Vous savez, au départ nous avons fait le mauvais choix parce qu’il était question d’avoir la CENI technique qui devait être notre formule de  technocrates qui ne sont pas liés à un parti politique. La Guinée a malheureusement une CENI où c’est le représentant des différents partis politiques qui se retrouvent là-dans. C’est ce qui fait que la CENI devient partisane et très difficile parce que c’est le lieu d’intersection de différents partisans. Et c’est la raison pour laquelle, on est obligé de prendre un représentant de la société civile pour présider la CENI.

Aujourd’hui, je pense qu’il y a du progrès, mais personne ne peut mettre la main au feu. Moi, je voudrais lorsque la CENI donne un chronogramme, que ce chronogramme soit appuyé par de financement conséquent. Tant que le financement n’est pas là, on ne peut pas faire foi à un chronogramme.

Est-ce que vous craignez un jumelage des communales et les législatives ?

Craindre ? Non ! Je ne crains rien du tout. Moi, ce que je dis, des élections jumelées ou pas valent mieux que pas d’élection du tout. Il faut se rappeler qu’en 2018, normalement, cette assemblée doit finir, il faudrait bien qu’on pense qu’en 2018 à renouveler l’assemblée nationale, pour ne pas trainer comme cela a été le cas par le passé avec l’ancienne assemblée, sans qu’il y ait une nouvelle assemblée.

Quelle est le  regard que vous avez porté sur les derniers évènements de Boké, Kamsar…

C’est un regard très triste. J’ai eu mal à Boké à Kamsar, Sangarédji parce que toute cette zone de notre pays est en train de vivre le calvaire. Pourquoi ? Parce que le gouvernement s’est spécialisé dans l’exportation de la Bauxite brute au lieu d’aller vers l’alumine et l’aluminium. C’est une situation que nous avons dénoncée par le passé, que nous continuerons à dénoncer. Je rappelle d’autres pays qui étaient dans la même situation que la Guinée ont interdit l’exportation de la Bauxite. C’est l’Indonésie et la Malaisie. Et la Guinée s’est engouffrée dans la niche. Nous, on nous a présenté ça comme une grande victoire minière sans voir les conséquences écologiques énormes. Encore une fois, lorsque nous prenons des décisions, nous sommes solidaires vis-à-vis de nos contemporains. Nous sommes aussi solidaires vis-à-vis des générations futures.

Nous n’avons pas le droit de dévaster notre pays et donner en héritage une Guinée démembrée, une Guinée désarticulée aux générations futures avec tous ce que nous avons comme changement climatique et tout ce que nous avons comme conditions de vie. Ceci dit, lorsqu’on étudie un projet, il faut en même temps faire l’impact environnemental et cet impact environnemental nous dicte des conduites, des actions, des mesures qui sont à prendre.

Je vous donne un exemple terre à terre. Il est inadmissible de faire passer des centaines de camions et de la poussière dans une ville. Lorsqu’on parle, on dit non ! On peut faire une route en dehors de la ville. On aurait dû commencer par la contournante qui, normalement, devrait faire partie de l’étude d’impact environnemental de deux choses l’une. Ou, on fait de projet sans études ou alors quand on fait des études, on n’applique pas les conclusions de ces études. On passe outre. Deux approches sont tout à fait condamnables et je suis très triste que Boké ait été martyrisé. Des populations qui voient des richesses partir, des richesses énormes qui n’ont ni eau ni électricité dont les conditions de vie sont encore détériorées. Je pense que c’est inacceptable.

Le président de la république a déclaré Boké « zone économique spéciale. » Vous, en tant qu’économiste, pour le Guinéen moyen qui est à Boké, qui a envie de comprendre, c’est quoi le contenu du terme « zone économique spéciale », qu’est-ce que ça veut dire réellement ?

Je n’en sais absolument rien ! D’habitude, on peut créer des zones économiques, des zones spéciales sur lesquelles on fait des investissements majeurs. Ce que je  ne vois pas, on peut créer une zone dans laquelle on défiscalise pour encourager l’activité économique. Ce sont les zones franches. Alors moi, je ne vois pas quel est le contenu. Je pense qu’il faut demander aux différents auteurs de la notion, quels sont les contenus qui sont dedans. Qu’on me dise voilà cette zone économique, voilà le contenu en termes des infrastructures, voilà le contenu en termes de fiscalité allégée, voilà le contenu en termes d’encouragement à la production locale, en termes d’emplois.

Par rapport à la violence…

La violence ne mène nulle part. Que cette violence soit au niveau des autorités ou au niveau de la population, il faut éviter la violence. Moi, je comprends la frustration des uns et des autres. Lorsque vous êtes dans une ville qui est assiégée par la poussière et que vous manquez d’eau, et que vous manquez d’électricité, et que vous êtes jeune et que vous n’avez pas des perspectives d’emploi, je comprends très bien que cela puisse déboucher sur la violence. C’est un cocktail qui peut déboucher sur la violence. Ceci dit, tout  le monde doit apaiser la situation même des politiciens d’un autre bord. Tout le monde doit chercher à apaiser cette situation pour que le gouvernement puisse corriger le tir.

Quelle réponse doit-on apporter à une telle situation ?

Posez la question au gouvernement. Si vous me demandez en tant qu’homme politique ou économiste, je dirais qu’il faut apporter des réponses concrètes. Ces réponses concrètes, qu’est-ce qu’elles sont ? Il faut faire des investissements qui sont nécessaires pour ne pas déjà qu’il y ait trop de poussière dans ces villes. Il faut faire des investissements en eau, il faut faire des investissements en électricité mais mieux que cela, il faut donner des débouchés.

Cet accord cadre, qu’est-ce que vous en pensez?

L’histoire des 20 milliards n’a rien avoir avec la bauxite.  Ça  peut être l’aluminium, ça peut être autre chose. Deux ou trois idées là-dessus. Premièrement.  Il ne s’agit pas d’un financement, il s’agit d’une intention de financement, je crois que c’est très, très important parce que les gens ont l’impression qu’on va avoir 20 milliards, non ! Ce n’est pas de cette façon que ça marche. C’est un accord qui n’est pas contraignant, donc ce n’est pas un accord de prêt. Un accord de prêt qui va dire l’objet, qui va préciser des conditions et qui va obliger les deux parties (….)  C’est un peu ça un accord cadre.

Un accord cadre, c’est simplement une direction que l’on montre. Les Chinois disent, nous sommes prêts à vous assister à hauteur de 20 milliards  USD dans les 20 années à venir. Si nous nous entendons sur des projets spécifiques, voilà. Et rappelez-vous, on avait déjà eu 5 milliards de cette façon d’Abu-Dhabi, cinq milliards de dollars, il n’y a pas eu un seul projet. Donc il faut savoir raison garder, ce n’est qu’une intention de financement. Ensuite  de quoi il s’agit ? Moi, à mon avis, c’est que c’est une bonne approche parce que la Guinée a besoin d’infrastructures. La Guinée a des ressources. Il faut échanger d’une manière ou d’une autre ces ressources contre des infrastructures. Ceci dit, ce n’est pas un troc. Un  troc, c’est l’échange d’un bien contre un autre bien sans la monnaie.

Le troc pour des économistes comme nous, il y a énormément des problèmes notamment ce que nous appelons la double coïncidence des besoins et le problème d’équivalence. Ça  c’est des détails. Je ne rentre pas dans ça. Ça veut dire que si vous voulez échanger votre vache contre mon orange, il faut que vous ayez envie d’orange et que moi, j’ai envie de vache. En même temps, donc, la double coïncidence des besoins est très difficile. Ça  alterne le phénomène de troc. C’est pourquoi avec le troc, il n’y a pas de progrès. Deuxièmement, le problème d’équivalence combien d’oranges vous allez échanger contre une vache. Donc ça pose des problèmes spécifiques. C’est pour cela, les hommes ont inventé la monnaie pour faciliter les échanges. Ce que nous avons là, ce n’est pas un troc.

Maintenant de quoi s’agit-il ? La Guinée a besoin d’infrastructures. Les Chinois disent lorsque des projets d’infrastructures sont bien élaborés, nous allons financer ces infrastructures, vous allez nous rembourser sur des mines que vous allez nous concéder. Par ailleurs, voilà comme ça se passe. Donc première opération, vous nous présentez des projets si nous sommes d’accord comme une route, nous allons financer avec nos banques. Comment vous allez nous rembourser ? Nous, nous allons avoir une concession minière chez vous et les revenus futurs qui vont découler de cette concession minière vont vous permettre de nous rembourser. Voilà comment l’opération est montée.

Maintenant, il y a de problèmes. Le premier problème, c’est la concordance et la priorité. Est-ce qu’on va faire les projets d’infrastructures d’abord; ensuite les projets miniers. Ou bien, on va faire les projets miniers. Ou bien, on va faire les projets miniers qui vont financer les projets d’infrastructures ou on va faire les deux en même temps ? C’est pour cela si je fais l’autopsie de ce que nous avons, nous essayons de faire les deux en même temps. Vous avez d’un côté 1 400 000 000 les premières années, c’est le projet de routes, c’est le projet de parcs, c’est le projet d’universités. Et de l’autre côté, nous avons trois projets bauxitiques: le projet HENAN-chine, le projet de CPI qui se trouve dans la même région à Boké et le troisième projet, c’est le projet de China…

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo

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