Censure

Les comptes et mécomptes de Hamana

Mohamed Kourouma, PDG de Hamana

L’Inspection générale d’Etat réclame à la société Hamana 1 712 600 000 GNF à la société Hamana. Celle-ci à travers son PDG, Mohamed Kourouma, crie à l’acharnement et estime qu’elle ne doit à l’Etat guinéen qu’un milliard de GNF. Pour Mohamed Kourouma c’est l’Etat guinéen qui doit à la société Hamana une somme de 218 milliards GNF ! L’affaire est donc carabinée. Et mérite qu’on s’y attarde.

Hamana criblée de dettes

Tenez-vous bien. La société, selon nos enquêtes, est criblée de dettes et doit environ huit millions de dollars et cinq milliards de GNF à Ecobank. A NSIA elle doit 2,300 milliards et 3000 dollars.  L’affaire est si sérieuse que le 18 juin dernier, Ecobank a écrit au Premier ministre pour lui transmettre ‘‘le courrier concernant le dossier Hamana, que nous avons adressé à son excellence monsieur le ministre du Plan’’.

En fait dans ce courrier, Ecobank dit avoir été informée par son client ‘‘Hamana de l’existence d’une créance sur l’Etat estimée à 185,3 milliards. Cette créance serait née dans le cadre du marché de fourniture de 21 700 tonnes de sucre en faveur de la population guinéenne pour l’année 2011-2012’’.

Ecobank dans cette lettre a souhaité que l’Etat règle ses créances avec Hamana qui a ‘‘des engagements impayés dans nos livres. En réponse à toutes nos relances de remboursement, la société Hamana nous oppose les difficultés qu’elle a à recouvrer sa créance sur l’Etat ; le recouvrement de cette créance devait lui permettre de couvrir ses engagements dans nos livres’’. En clair, la démarche de la banque panafricaine s’inscrit dans le cadre du recouvrement des impayés de Hamana.

La lettre de Ecobank reçue par le cabinet du Premier ministre a été transmise au ministre du commerce pour ‘‘dispositions, examen et avis’’. Au grand dam de la banque, le ministre Marc Yombouno, en réponse écrit : ‘‘Nous sommes nullement au courant d’une quelconque créance concernant la société Hamana, étant donné que le contrat de fourniture de sucre le liant au département fut récusé par monsieur le ministre notre prédécesseur, et donc n’a pas été exécuté.’’

En un mot ou en mille, Hamana jusqu’à preuve du contraire aurait monté de toutes pièces les créances sur le dos de l’Etat.

Des conteneurs dans le vent ?

Le patron de Hamana, Mohamed Kourouma, dit avoir importé des ‘‘containers de marchandises, après avoir rempli toutes les formalités douanières, je me suis rendu au dépôt pour leur enlèvement. Mais à notre grande surprise, les containers n’y étaient pas, à la réclamation, les agents du dépôt des douanes ont reconnu les avoir enlevés  par erreur. La valeur de ces marchandises se chiffrait à 2 000 000 000 GN’’. Dans cette autre affaire il a été difficile pour ne pas dire impossible pour le sieur Kourouma de fournir aux enquêteurs de l’inspection générale d’Etat les documents justifiant la perte des conteneurs.

600 millions GNF non traçables

L’inspection générale d’Etat réclame à Hamana  1 712 600 000 GNF. La société Hamana ramène ce chiffre au milliard en tenant certainement compte de 600 millions qu’elle aurait versé dans un compte appartenant à l’Etat mais dont seule elle semble localiser. Le hic est qu’il n’a pas été possible pour les enquêteurs de trouver les traces de ce versement.  C’est pourquoi l’Inspection générale d’Etat s’en tient au montant de départ. Cependant question : pourrait-elle récupérer la somme même amputée des 600 millions de gnf ? Pas évident. Parce que Hamana semble avoir fait banqueroute. C’est le moins qu’on puisse dire.

Ibrahima S. Traoré

 

 

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