Censure

L’histoire ne se fiche pas mal que vous vous rongiez les ongles (Par Ibrahima S. Traoré)

Il est évident que le président Alpha Condé voudrait proposer une nouvelle constitution à la Guinée. Il se donne les moyens de le faire et voudrait que la demande ‘‘vienne du peuple’’. Une vieille méthode ressassée par tous chefs d’Etat qui voudraient faire avaler par leurs oppositions ce que celles-ci répugnent.

S’il est vrai que notre constitution doit évoluer, s’adapter à de nouvelles exigences, comme toute œuvre humaine, il n’en demeure pas moins que ceci n’est pas le seul objectif du président Condé à vouloir nous en donner une nouvelle plus moderne, à la fin de ses deux mandats. Parce que le compteur sera mis à zéro, et Alpha Condé pourrait briguer de nouveaux mandats. Et son opposition se bat justement contre ça.

Mais cette opposition menée par Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, tous anciens ministres du Général Lansana Conté, est-elle bien qualifiée pour diriger la contestation ? Kiridi Bangoura estime dans JA que non : ‘‘Qu’ils sont mal placés pour parler ainsi. Qui a piloté la révision de la Constitution sous la IIe République ? Avec le Premier ministre Sidya Touré, les Guinéens ont découvert le slogan : « Ton pied, mon pied. » En 2001, Cellou Dalein Diallo, à l’époque ministre des Travaux publics, a dirigé la campagne en Moyenne-Guinée pour le oui au référendum, et d’autres ont contribué à faire passer cette révision de la Constitution, qui a fait passer le mandat de cinq à sept ans, sans limitation, c’est-à-dire l’instauration d’une présidence à vie !’’

Un rappel pas très glamour à l’égard de Sidya et Cellou. D’ailleurs celui-ci aurait dit hier (mardi) sur Africa no1 avoir regretté d’avoir participé à la campagne pour une nouvelle constitution en 2001 en faveur du Général Conté. L’excuse qu’il aurait trouvée serait qu’il n’était pas trop politique à l’époque, il était un technocrate ; et qu’il aurait agi par solidarité gouvernementale.

Autant dire que Cellou aurait bien, s’il en avait la possibilité, telle une bande magnétique, couper cette partie de l’histoire pour la remplacer par une autre plus vertueuse. Mais l’histoire ne s’y prête pas. Elle ne se fiche pas mal que vous rongiez les ongles, disait Arthur Koestler.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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