Censure

Migration : ne plus prendre le retour comme un échec

« Les migrants qui retournent chez eux ne doivent pas penser que c’est un échec« . C’est le message lancé par la cheffe de mission de l’Organisation des migrations (OIM) en Guinée. Fatou Ndiaye déplore le fait que des familles refusent de laisser rentrer leurs enfants mineurs. « Quand on part, on part pour chercher quelque-chose, d’autres opportunités qu’on ne trouve pas chez soit« , explique-t-elle. « Retourner, c’est avoir beaucoup de courage« , insiste-t-elle. Rencontre.

DW : La décision de migrer, souvent prise par des jeunes, est souvent influencée par les familles qui veulent que leurs enfants partent en Europe. Est-ce que vous avez, avec l’OIM, des campagnes de sensibilisation par rapport à ça ?
Fatou Ndiaye : Oui, parce que la Guinée est actuellememt le pays d’Afrique subsaharienne où nous avons le plus de migrants mineurs qui échouent. Ils sont très vulnérables et les familles sont les premières responsables de ces départs. Nous avons donc actuellement une campagne de sensibilisation à Mamou dans le cadre de ces enfants mineurs migrants. Nous disons, il faut « un visa pour l’école et pas un visa illégal pour les routes migratoires qui tuent ». C’est une campagne destinée aussi aux mamans, car ce sont elles aussi qu’il faut interpeller. Souvent, elles sont au courant du départ et investissent dans ces projets pas du tout recommandables. Elles ignorent souvent que ces pauvres enfants ont un droit, qu’il faut assurer leur protection et que leur avenir est ici.

DW : Vous demandez en fait aux familles d’investir cet argent – qui peut se retrouver dans les poches des passeurs – plutôt dans l’éducation pour les enfants ?
Fatou Ndiaye : Oui, ces richesses peuvent être redirigées dans l’éducation et dans la stabiité des enfants au lieu de renforcer les réseaux de passeurs. Il ne faut pas rendre les enfants plus vulnérables. Il faut faire en sorte qu’ils grandissents chez eux, dans de bonnes conditions. Il faut éviter d’avoir à vivre une situation déplorable.

DW : Vous dites que des familles refusent parfois de laisser revenir leurs enfants mineurs de Lybie ?
Fatou Ndiaye : Oui. Et ça c’est la démission d’une société. Si une famille se cotise et laisse son enfant aux mains de passeurs, pour moi c’est déjà une première démission. D’autre part, si après avoir échoué l’enfant doit revenir mais qu’après un référencement et une recherche de sa famille on soit face à des situations difficilles telles que l’impossiblité de le prendre en charge, il y a une question à se poser. Quel est le niveau de responsabilité de ces familles ? Je pense que la sensibilisation peut faire beaucoup d’effets.

DW : Ce que vous dites fait penser, aussi, aux migrants irréguliers qui arrivent en Europe et postent des photos sur les réseaux sociaux où on les voit devant une maison chic, une belle voiture, la tour Eiffel … Pourquoi ces images font autant fureur en Afrique ?
Fatou Ndiaye : Les réseaux sociaux ont un côté positif et un coté négatif. Les migrants, même s’ils sont à 60% analphabètes, sont sur les réseaux sociaux, savent comment manipuler ces nouvelles technologies. Il faut donc essayer de retourner la situation, et essayer, par exemple, de les retourner vers une agriculture moderne. Il faut trouver d’autres solutions pour pouvoir les stabiliser. Mais ceux qui partent et font ça, c’est dommage. Il faut que ces migrants qui sont partis sensibilisent sur ce vécu terrible. Parfois certains ont failli mourir et ils doivent être en mesure de faire passer l’information eux-même aux autres candidats à la migration et aux mamans qui ignorent les effets néfastes de cette migration.

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