L’indemnisation, l’expropriation et la réinstallation des communautés par les sociétés minières sont souvent cause de conflits à l’intérieur du pays. A propos, une étude a été réalisée par le cabinet d’étude INSUCO en partenariat avec le ministère des Mines et financée par la coopération allemande (GIZ). Les résultats de cette étude ont été présentés vendredi 23 mars.
Après avoir procédé à l’ouverture de l’atelier de présentation, M. Sadou Nimaga, Secretaire général du ministère des Mines et de la Géologie, remercie et encourage les initiateurs de l’étude et les participants, parce qu’« il était important qu’à un moment donné qu’on procède à l’harmonisation des méthodes de compensations dans les différentes régions», a-t-il fait savoir.
Avant de constater qu’ : « il y a un plancher, en deçà duquel on ne peut pas descendre, mais au-dessus de ce seuil sensible, il y a beaucoup de niveaux disparates entre les différents intervenants, certains projets miniers ont des standards plus élevés que d’autres, même s’ils respectent ce plancher là, mais souvent il y a des frustrations qui naissent entre les différentes régions qui reçoivent pourtant des projets similaires. Nous attendons de cela qu’il y ait des recommandations précises, qui nous permettent d’aller sur le terrain, parce que tant qu’il n’y a pas de justice sur le terrain, il y aura toujours des réactions qui ne sont pas appropriées. Ces frustrations seront comblées lorsque nous aurons mis en place les formules qui pourront satisfaire tous ceux qui subissent les effets néfastes des projets miniers sur le terrain. »
Effectuée durant deux semaines, dans les préfectures de Boké et Boffa auprès de 6 projets, cette étude a réuni plusieurs experts, dont certains de la société civile, du ministère des Mines, de l’Environnement et du cabinet d’étude INSUCO.
Elle a traité des questions de compensation entre communautés et les sociétés minières ; fait des recommandations aux différentes parties prenantes. Il s’agissait aussi de sensibiliser les personnes affectées par les projets (PAP) ; faire cas de l’importance de la restauration des moyens de subsistance et de l’utilisation plus rationnelle des indemnisations reçues ; mais aussi, renforcer les capacités des ONG.
Ayant dirigé cette étude au compte du bureau d’étude INSUCO, Dr Marie Mazzalto, résume sa présentation : « Nous en sommes arrivés à dire qu’il y a besoin d’une grille nationale qui fixe les prix d’abord, pour que quand il y a des bien qui sont perdus par les populations, que toutes les sociétés minières aient un document de référence sur lequel se baser pour indemniser les populations ; puisqu’actuellement, chaque société minière fonctionne en fonction de ses propres critères, ce qui crée des tensions au niveau local… Donc il y a tout un travail à faire actuellement, de toutes les parties prenantes, pour améliorer le cadre légal en conséquence les suivis pour accompagner ces populations pour éviter leur appauvrissement. »
Après cette présentation, de riches débats ont eu lieu entre les experts et les participants. Chose qui a amené les uns et les autres à une meilleure appropriation de ces études et des recommandations.
Présent en qualité d’acteur de la société civile, Golota Raphael Lama, directeur exécutif de l’ONG, Médias ressources naturelles et droit des communautés, souhaite que « cette étude apporte un soulagement pour l’Etat, les prometteurs miniers ainsi que pour les communautés. Il reste à savoir si l’Etat va la prendre au sérieux et essayer de vulgariser ou de l’intégrer au texte d’application du code minier. Vulgariser auprès des communautés pour que chaque acteur soit informé, sinon on risque d’être confronté à des matrices nationales, et régionales comme celui qu’avait élaboré les autorités de Boké, ce qui n’est pas normal ».
Par ailleurs lors de la dernière phase qui consistait à apporter des recommandations, M. Nènè Moussa Camara, directeur des Relations communautaires et du développement du contenu local au ministère des Mines, après avoir souhaité que cette étude « influence la paix et la stabilité dans le pays profond », ajoute que « si nous arrivons à faire une bonne indemnisation, compensation, relocalisation, les conflits seront réduits au moins de moitié. »
A rappeler que l’atelier qui s’est déroulé dans les locaux du ministère des Mines et de la géologie, a connu la participation de nombreux acteurs du secteur minier notamment les représentants d’ONG, des sociétés minières, du ministère de l’administration du territoire, etc.
Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com