Censure

Opposition : les premières fissures avant l’implosion ?

Le ton est monté encore d’un cran entre les principaux partis de l’opposition que sont l »Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré. L’autre semaine, dans une émission de grande écoute d’une radio de la place, le patron de l’UFR a jeté le pavé dans la mare : au cas où le parti au pouvoir, le RPG, se retrouverait au second tour en face de l’UFDG, il soutiendra le premier ou préférera s’abstenir. Pour de nombreux observateurs, cette sortie sonne le glas de l’unité que semblait afficher l’opposition dite républicaine, et devrait ainsi faire le bonheur du président Alpha Condé qui compte briguer un second mandat. Il était prévisible que l’idée d’une candidature unique de l’opposition face au président sortant suscite des malentendus, voire des affrontements au sein de cette dernière. Parce que ses ressorts, dans le premier cas, sont difficilement défendables même s’ils épousent les contours d’une triste réalité ; également parce que, dans l’autre, l’on est justement mû par la volonté de lutter contre une injustice, une exclusion dont on serait victime à cause de son identité.

De part et d’autre on décoche des flèches, à un moment où d’aucuns estiment que l’opposition a besoin de parler d’une voix et d’agir ensemble pour fléchir la position du pouvoir et contraindre la CENI à se soumettre à ses exigences : organiser les élections locales avant la Présidentielle prévue le 11 octobre prochain. Maintenant que les partisans de Cellou et de Sidya sont à couteaux tirés, pourrait-on assister les jours à venir aux manifs que redoute tant le pouvoir ? Rien de moins sûr. Parce que s’il est vrai que c’est l’UFDG qui fournit le gros de la troupe lors desdites manifs, Cellou Dalein a besoin de l’onction d’autres formations politiques de l’opposition pour donner plus d’éclat aux revendications, et surtout leur ôter tout caractère régional et communautaire. Si l’opposition perd l’arme que constitue sa capacité à perturber les activités à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays, elle ne pèsera pas lourd dans le rapport de forces avec le pouvoir.

Pourtant, il est fort à parier que plus les échéances approcheront plus les positions de l’UFDG et de l’UFR seront inconciliables. Un deal entre l’ancien directeur de cabinet d’Alhassane Ouattara et le candidat Alpha Condé n’est même plus à exclure. Tout dépendra de l’offre de ce dernier et surtout des gages qu’il pourrait mettre sur la table. Et de la crainte du second de devoir attendre dix ans (au lieu de cinq) pour pouvoir accéder à Sékoutouréya si d’aventure Cellou Dalein obtenait deux mandats.

Mohamed Camara

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